La Chambre vote une résolution pour brider l’action militaire de Trump contre l’Iran
Par AlAhed avec AFP
La Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, a adopté jeudi une résolution pour limiter le pouvoir de Donald Trump de lancer des opérations militaires contre l'Iran, un texte largement symbolique mais embarrassant pour le président américain.
Exhortant Donald Trump à «mettre fin» à toute action militaire contre l'Iran faute d'accord du Congrès, la résolution a été adoptée par 224 voix pour, et 194 contre.
Il semble plus difficile qu'un tel texte soit voté à son tour au Sénat, contrôlé par des républicains soutenant largement Donald Trump.
Mais, fait marquant, trois républicains ont toutefois soutenu la résolution à la Chambre, malgré les appels de Donald Trump à faire bloc contre.
Prenant soin de souligner que la résolution «ne critique pas le président», Matt Gaetz, d'ordinaire grand défenseur de Donald Trump, a expliqué son vote en se disant contre une «nouvelle guerre éternelle au Moyen-Orient».
La présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, a affirmé qu'avec ce vote, le Congrès respectait «son devoir de protéger les Américains».
«Une fraction de seconde»
«Je n'ai pas l'obligation» de solliciter le Congrès avant d'ordonner d'éventuelles nouvelles frappes, s'était plus tôt indigné le milliardaire depuis la Maison Blanche.
Les démocrates ne décolèrent pas depuis la frappe américaine qui a tué le général iranien, Qassem Soleimani, la semaine dernière, suivie de frappes de missiles iraniens mercredi sur des bases utilisées par l'armée américaine en Irak.
Nancy Pelosi accuse Donald Trump d'avoir, pour assassiner Soleimani, mené une opération «disproportionnée et provocatrice» sans «consulter le Congrès», seul habilité à déclarer la guerre selon la Constitution.
En meeting de campagne à Toledo, dans l'Ohio, le milliardaire républicain a longtemps ironisé sur l'initiative démocrate qui souhaite le contraindre à «demander la permission du Congrès».
«Il nous fallait trancher, nous n'avions pas le temps d'appeler Nancy (Pelosi) dont le cerveau fonctionne par intermittence», a-t-il lancé, moqueur, sous les applaudissements et les rires.
Les regards se tournent désormais vers le Sénat, contrôlé par les républicains (53-47), où une résolution similaire pourrait être soumise au vote dès la semaine prochaine.
Si deux républicains ont déjà déclaré qu'ils la soutiendraient, il semble toutefois encore difficile que le texte soit adopté par la chambre haute, où le soutien au milliardaire reste solide.
Et même si la résolution franchissait les deux étapes du Congrès, elle n'aurait pas valeur de loi.
Il ne s'agit que d'un «vote spectacle», a donc taclé le chef de la minorité républicaine, Kevin McCarthy.
Exprimant officiellement l'opinion du puissant Congrès, son adoption définitive n'en représenterait pas moins un revers cinglant pour Donald Trump.
Défendre les Etats-Unis
Présentée par une élue démocrate et ex-analyste de la CIA, Elissa Slotkin, le texte exhorte le président à «mettre fin à l'emploi des forces armées américaines pour mener des hostilités en ou contre l'Iran, ou contre tout membre de son gouvernement ou de son armée», faute d'accord du Congrès.
La résolution reconnaît toutefois le «droit inhérent» du gouvernement à agir pour défendre les Etats-Unis «face à une attaque armée imminente».
Il avance néanmoins que l'assassinat du général puis la riposte iranienne «risquent de mener à une escalade significative des hostilités».
«Le Congrès n'a pas autorisé le président à employer la force militaire contre l'Iran», poursuit la résolution.
C'est ce point qui a provoqué la rupture des deux sénateurs républicains.
Le conservateur Mike Lee est sorti outré mercredi d'un briefing donné par de hauts responsables de l'administration Trump, car certains leur avaient déclaré, selon lui, que les parlementaires ne devraient pas «débattre du bien-fondé» d'opérations militaires contre l'Iran.
«Cela va à l'encontre des valeurs américaines» et «c'est anticonstitutionnel», a-t-il tonné, en annonçant qu'il voterait donc pour la résolution similaire en préparation au Sénat, comme un autre républicain, Rand Paul.