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Bolivie: heurts meurtriers près de La Paz, confrontée à des pénuries

Bolivie: heurts meurtriers près de La Paz, confrontée à des pénuries
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Par RFI

Trois personnes sont mortes mardi lors de heurts entre des manifestants et l'armée bolivienne qui dégageait une raffinerie bloquée par des partisans d'Evo Morales, portant à 27 le nombre de morts dans des violences depuis le début de la crise dans ce pays andin.

Le bilan des violences en Bolivie s'est encore alourdi ce mardi après des heurts à El Alto, dans la banlieue de La Paz. « Il a été constaté la mort de trois personnes, dont deux par balle », a déclaré à l'Agence France-Presse un porte-parole du Défenseur du peuple, un organe public chargé de protéger les droits et libertés des Boliviens. « Nous demandons aux autorités qu'elles ouvrent une enquête », a-t-il ajouté. Trente personnes ont par ailleurs été blessées dans ces heurts, a-t-il également indiqué.

Ces trois décès portent à 27 le nombre de personnes tuées dans les violences qui secouent le pays depuis le début de la crise politique il y a un mois et l'élection contestée d'Evo Morales à un quatrième mandat. Les heurts de ce mardi ont éclaté à Senkata. La police et l'armée sont intervenues pour débloquer l'accès de la raffinerie occupée depuis un peu moins d'une semaine par des manifestants, entraînant une grave pénurie de carburants dans la capitale.

Ceux-ci entendaient exprimer leur rejet de Jeanine Añez, la présidente par intérim de la Bolivie qui a pris les rênes du pays andin 48 heures après la démission d'Evo Morales le 10 novembre. Des images retransmises à la télévision montraient la police utiliser des gaz lacrymogènes pour maintenir à distance des manifestants qui tentaient de s'opposer au déblocage de la raffinerie.

Quelques heures après les affrontements, les citoyens étaient toujours en colère et sous le choc. « On nous tue ici. Nous ne sommes plus libres, nous ne pouvons plus nous exprimer comme nous voulons. Ça ne va pas du tout, nous vivons actuellement en dictature », dénonçait l'un d'eux au micro de notre correspondante Alice Campaignolle. Beaucoup considèrent que l’usage de la force n’a pas été raisonné, comme ce professionnel de santé : « J’étais en train de prodiguer les premiers soins à un blessé et moi aussi on m’a tiré dessus. Vous allez me dire qu’ils ne peuvent pas reconnaître un médecin avec sa blouse en train de s’occuper des blessés ? »

Pénuries

Outre celle du carburant, la distribution des marchandises alimentaires est affectée par les barrages dressés autour de La Paz et d'El Alto, si bien que des pénuries se font ressentir dans la capitale. La municipalité et des producteurs de poulet ont organisé une sorte de pont aérien pour pallier ces blocages. Des camions remplis de poulet, de viande rouge et d’œufs sont désormais placés à plusieurs points de la ville pour ravitailler les habitants. Mais encore faut-il être patient.

Dans plusieurs quartiers, des files d'attente interminables s'étirent ainsi sur les trottoirs. Chaque personne porte sur sa main un numéro, sa place dans la file pour acheter un poulet. «Il doit y avoir environ 900 poulets. Ils viennent de Santa Cruz par avion, indique Pastor Flores, chauffeur du camion qui les a transportés jusque dans le centre-ville. On espère que ça va suffire pour tout le monde. Parce que c’est difficile de descendre de l’aéroport jusqu’ici à cause des blocages de routes. C’est dangereux. Ils nous lancent des pierres, ils bloquent le passage.»

Dans la file, David accuse l’ancien président de mettre de l’huile sur le feu depuis son exil au Mexique et d’encourager ces blocages de routes autour de La Paz. «Il nous a fait nous affronter entre Boliviens. Il manque du poulet, des légumes, il manque presque tout ce qu’il faut pour bien vivre. On doit endurer ça en défendant la démocratie. On n’en veut plus de ce dictateur», s'emporte-t-il auprès de notre envoyée spéciale Marie Normand.

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