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Carnage des migrants en Libye: pas de condamnation unanime du Conseil de sécurité

Carnage des migrants en Libye: pas de condamnation unanime du Conseil de sécurité
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Par AlAhed avec AFP

Au moins 44 migrants ont été tués et une centaine blessés dans un bombardement aérien contre leur centre de détention en Libye, un drame qui a provoqué mercredi un tollé international mais que le Conseil de sécurité de l'ONU n'a pas condamné unanimement.

Les Etats-Unis ont empêché l'adoption par le Conseil de sécurité, réuni en urgence mercredi, d'une condamnation unanime sur cette attaque meurtrière, au terme de plus de deux heures de réunion, selon des diplomates.

La frappe menée mardi tard à Tajoura a été attribuée par le gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli aux forces rivales de Khalifa Haftar engagées dans une offensive pour s'emparer de la capitale d'un pays plongé dans le chaos depuis 2011.

Mais le porte-parole des forces pro-Haftar, Ahmad al-Mesmari, a démenti toute implication dans l'attaque, accusant en retour le GNA de «fomenter un complot» pour leur faire endosser la responsabilité du carnage.

Le centre de détention abritait environ 600 migrants, en majorité érythréens et soudanais, et deux de ses cinq hangars ont été touchés, selon le responsable du centre Noureddine al-Grifi. Quelque 120 migrants se trouvaient dans le hangar n°3 qui a été touché de plein fouet.

Sur les lieux, couvertures maculées de sang, débris et morceaux tordus de la structure métallique du bâtiment entourent un cratère de trois mètres de diamètre, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Il y avait des cadavres, du sang et des morceaux de chair partout», a raconté depuis son lit d'hôpital à l'AFP Al-Mahdi Hafyan, un Marocain de 26 ans dont la cuisse a été transpercée par un morceau métallique du toit.

Lui et son compatriote sorti indemne et assis à côté de lui à l'hôpital de Tripoli étaient venus ensemble en Libye pour tenter la traversée de la Méditerranée vers l'Europe.

Raid contre l'aéroport

L'émissaire de l'ONU, Ghassan Salamé, a condamné un «carnage ignoble et sanglant» dans un communiqué de la Mission de l'ONU en Libye (Manul).

Selon le communiqué, au moins 44 migrants ont péri et plus de 130 ont été grièvement blessés dans le centre à Tajoura, une banlieue est de Tripoli, qui abrite des sites appartenant aux groupes armés pro-GNA et est régulièrement la cible de raids des pro-Haftar.

C'est la deuxième fois que le centre est touché depuis le début de l'offensive des pro-Haftar le 4 avril.

Mardi soir, des médias pro-Haftar ont fait état de raids à Tripoli et Tajoura, après des menaces de ces forces d'intensifier les raids à la suite d'un revers dans la bataille de Tripoli.

Les forces de Haftar ont revendiqué par ailleurs un nouveau raid aérien mercredi soir contre le seul aéroport fonctionnel de la capitale libyenne, provoquant une brève suspension des vols.

Le patron de l'ONU Antonio Guterres a demandé une «enquête indépendante» sur l'attaque contre le centre et réitéré son appel à un «cessez-le-feu immédiat en Libye».

«L'ONU avait fourni la localisation exacte du centre de détention aux parties» en conflit afin d'éviter qu'il ne soit pris pour cible, a expliqué le porte-parole de M. Guterres. Ce drame «souligne l'urgence de fournir des abris sûrs à tous les réfugiés et migrants jusqu'à ce que leurs demandes d'asile soient satisfaites ou qu'ils soient rapatriés en sécurité» dans leur pays d'origine.

«Effroi»

L'ONU a maintes fois exprimé son inquiétude sur le sort d'environ 3.500 migrants et réfugiés «en danger dans des centres de détention situés près de zones d'affrontements».

Mettant à profit l'indécision internationale, les deux camps rivaux libyens restent persuadés de pouvoir l'emporter grâce à leurs soutiens et s'approvisionnent en conséquence en armes en violation de l'embargo imposé onusien pour la Libye depuis 2011.

Le maréchal Haftar, homme fort de l'est libyen, est soutenu par les Emirats arabes unis et l'Egypte, tandis que le GNA, seul exécutif reconnu par la communauté internationale, bénéficie de l'appui de la Turquie.

Après le carnage, des ONG ont fait part de leur «effroi» et appelé à une enquête. L'Union européenne a condamné une «horrible attaque» et réclamé aussi une enquête. L'Union africaine, la France, l'Italie, le Qatar, le Nigeria et la Turquie ont également condamné la frappe.

Le chef du Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a lui porté «trois messages clés: les migrants et réfugiés ne doivent PAS être en détention, les civils ne doivent PAS être des cibles, la Libye n'est PAS un lieu sûr pour un renvoi» des migrants.

Les agences de l'ONU et organisations humanitaires rappellent régulièrement leur opposition à ce que les migrants arrêtés en mer soient ramenés en Libye.

La Libye est en proie à des luttes de pouvoir et à l'insécurité avec de multiples milices qui font la loi depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi après une révolte en 2011.

Malgré une insécurité persistante, ce pays reste un important point de transit pour les migrants fuyant les conflits et l'instabilité dans d'autres régions d'Afrique et du Moyen-Orient.

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