Sayed Khamenei rejette l’offre de négociations de Trump
Par AlAhed avec Press TV
Le Leader de la Révolution islamique l'Ayatollah sayed Ali Khamenei a reçu le Premier ministre japonais Abe Shinzo en visite officielle à Téhéran depuis mercredi 12 juin.
«L'Iran n'a guère confiance aux États-Uni ; il n'ira pas reconduire l'amère expérience que fut celle de négocier l'accord nucléaire (PGAC, NDLR) car aucune nation indépendante et souveraine ne négocie sous pression», a affirmé l'Ayatollah Khamenei en présence du Premier ministre Abe.
Ce dernier a affirmé au début de l'audience qu'il était porteur du message du président américain. «Nous n'avons aucun doute sur votre bonne foi et votre sérieux, mais je ne vois guère en la personne de Trump une partie qui mériterait recevoir mon message. Je ne lui adresse et je ne lui adresserais aucune réponse. Ainsi les propos que je tiendrai aujourd'hui s'inscrivent dans le stricte cadre de nos relations avec le Japon, pays ami à qui nous avons aussi quelques reproches à faire.»
Dans son message au Leader de la Révolution islamique, le président américain affirme que «les États-Unis n'ont pas l'intention de changer le régime en Iran».
L'Ayatollah Khamenei a répondu à cette partie du message en ces termes : «Ce qui pose problème entre l'Iran et les États-Unis est moins la question d'un changement de notre régime par les États-Unis. Tout le monde sait que les États-Unis, mêmes s'ils en avaient l'intention, en seraient totalement incapables. Cela fait quarante ans que les Américains ont cherché à renverser la RII sans jamais y parvenir. Quand Trump affirme ne pas chercher à changer notre régime politique, il ment. Il le ferait, si seulement il le pouvait.»
Plus loin dans ses propos, le Leader de la Révolution islamique a répondu à une autre partie du message du président américain qui prône «de nouvelles négociations nucléaires avec l'Iran»:
«L'accord dont se sont retirés les États-Unis, l'Iran l'a négocié 5 ou 6 ans et ce, en présence des Européens et dans le cadre de 5+1. Les Américains ont fini par renverser la table et se soustraire à un accord internationalement reconnu. Peut-on négocier, à nouveau, avec un pays qui enfreint régulièrement les lois et les accords et les traités internationaux?».
L'Ayatollah Khamenei est revenu ensuite sur cette autre partie des propos du Premier ministre Abe lequel, citant Trump, a affirmé que «les États-Unis ne permettraient pas à l'Iran de se doter d'arme nucléaire»:
«L'Iran s'oppose à l'usage et à la fabrication de la bombe atomique et j'ai émis une fatwa rendant même sa fabrication illicite. Mais sachez-le, si nous avions eu l'intention de concevoir la bombe atomique, les États-Unis n'auraient pas pu nous en empêcher. Leur feu vert ou leur opposition n'auraient rien changé à nos projets.»
Pour le Leader de la Révolution islamique, «les États-Unis ne sont pas en droit de décider qui a ou n'a pas le droit d'avoir un arsenal nucléaire car ils possèdent en stock des milliers de bombes atomiques».
Selon sayed Khamenei, l'offre de dialogue de Trump est dénuée de toute sincérité : «Nous ne croyons point que cette offre du dialogue soit sincère. Loin s'en faut. De la part d'un homme comme Trump, la sincérité n'a aucun sens. Et d'ailleurs sont peu nombreux les dirigeants américains qui pourront être qualifiés de sincères. Il y a quelques jours, le président américain s'est entretenu avec vous de l'Iran mais aussitôt entré aux États-Unis, il a décrété des sanctions contre le secteur pétrochimique iranien. Alors son offre de dialogue peut-elle être sincère?».
«L'Iran ne reconduira à aucun prix l'amère expérience que fut son dialogue nucléaire avec les États-Unis. C'est notre vécu et il ne se répétera plus jamais. Juste après la signature du PGAC, Obama a été la première partie à avoir violé l'accord. Il nous a aussi envoyé des messagers et demandé à dialoguer avec nous.»
Le message de Trump contenait aussi «des promesses de progrès pour l'Iran» si «le dialogue avec les États-Unis était noué». Le Leader de la Révolution islamique y est allé de sa réponse : «Grâce à Dieu et même en dépit des sanctions, l'Iran ira de l'avant sans avoir besoin de l'appui des Américains.»
L'Ayatollah Khamenei s'est par ailleurs félicité de la perspective d'un approfondissement des relations de l'Iran avec le Japon, «pays pivot en Asie»: «Mais l'élargissement de nos liens avec le Japon demande à ce que la partie japonaise fasse preuve de détermination, comme l'ont fait plusieurs autres grands pays.»
Le Leader s'est dit content de voir le Premier ministre japonais reconnaître le penchant des Américains à imposer leurs points de vue aux autres : «C'est réconfortant de vous voir partager notre vision sur ce point. Mais sachez aussi que ce penchant maximaliste ne connaît aucune limite chez les Américains.»