La France devrait faire pression sur Manama sur la question des droits humains, appelle HRW
Par AlAhed avec HRW
Le président français Emmanuel Macron ne devrait pas s’abstenir de critiquer le terrible bilan de Bahreïn en matière de droits lors de la visite du roi Hamad al-Khalifa à Paris, le 30 avril.
Bahreïn est pratiquement entièrement fermé à la liberté d'expression, les autorités ayant dissous, mis hors la loi tous les partis d'opposition et fermé les médias indépendants. Des dissidents pacifiques, y compris des opposants politiques et des défenseurs des droits humains, sont harcelés, arrêtés et poursuivis pour de fausses accusations. De nombreuses personnes détenues rapportent avoir subi de graves sévices et des actes de torture en détention.
En juin dernier, dans un rare geste qui a déclenché une crise diplomatique entre la France et Bahreïn, l'ambassadrice de France à Manama, Cécile Longé a, dans un tweet, eu l’audace de dénoncer Bahreïn pour ses abus. Elle a exprimé sa préoccupation quant au «traitement des défenseurs des droits humains et des opposants politiques dans le pays» et critiqué en particulier le maintien de la peine de cinq ans de prison de Nabil Rajab par la Cour d'appel de Manama. La Cour de cassation - le tribunal de dernier ressort de Bahreïn - a confirmé sa condamnation en décembre.
Nabil Rajab fait partie des dizaines de défenseurs des droits humains injustement emprisonnés pour avoir refusé de se taire sur les violations des droits humains commises par son gouvernement. Sa peine de cinq ans a été prononcée à la suite de tweets dénonçant des actes de torture dans une prison de Bahreïn - que Human Rights Watch a documentés - et critiquant la campagne militaire menée par l’Arabie Saoudite au Yémen, à laquelle Bahreïn participe en tant que membre de la coalition qu’elle dirige. L’été dernier, le Conseil de Paris a décerné le statut de citoyen d'honneur à Rajab pour son combat courageux en faveur des droits humains.
Le roi Hamad al-Khalifa peut, d'un trait de plume, annuler les charges retenues contre Nabil Rajab et les autres prisonniers politiques et ordonner leur libération immédiate. Plus tôt ce mois-ci, le roi a rendu une ordonnance rétablissant la citoyenneté de 551 personnes injustement déchues de leur nationalité à la suite d’ordonnances judiciaires.
Macron devrait tenir la ligne sur les abus de Bahreïn et demander au roi d'user de nouveau de ses pouvoirs pour corriger ces injustices et libérer Nabil Rajab.