La patronne du FMI craint l’avènement d’un «âge de la colère»
La patronne du FMI Christine Lagarde a lancé mardi un vigoureux appel à un renouvellement de la coopération internationale, craignant l’avènement d’un «âge de la colère» où les inégalités pourraient bientôt surpasser celles de l'«âge d’or» du capitalisme au XIXe siècle.
Dans un discours à la prestigieuse bibliothèque du Congrès à Washington, la directrice générale du Fonds monétaire international a plaidé pour un «nouveau multilatéralisme» qui assurerait que «les bienfaits économiques de la mondialisation soient partagés par tous et non plus seulement par quelques-uns».
Le commerce mondial doit selon elle être «réparé»: «Nous devons poursuivre la désescalade» des tensions commerciales et améliorer le système des échanges, en «éliminant les subventions qui causent des distorsions» et en protégeant les droits de propriété intellectuelle.
Interrogée sur la trêve commerciale conclue pour 90 jours entre Pékin et Washington, Mme Lagarde a estimé n’être «pas sûre» que cela débouche sur un accord commercial en trois mois, mais elle a salué «les progrès significatifs».
«Ce qui est important, c’est qu’ils se comprennent des deux côtés, de s’accorder sur des principes clés», a-t-elle ajouté.
Evoquant la Grande-Bretagne lors de cet entretien, la directrice du FMI a assuré que plus en plus de Britanniques regrettaient le Brexit: «Je pense qu’il y a des regrets dans bien des coins d’Europe. Je pense qu’il y a plus de regrets au Royaume-Uni qu’il n’y en avait il y a six mois».
«Il y a désormais une réalisation qu’il va y avoir davantage de pertes à cause du Brexit que cela n’avait été décrit et escompté par ceux qui ont fait campagne» pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, a-t-elle insisté.
Dans son discours, Mme Lagarde a par ailleurs préconisé un nouveau système de taxation internationale. «Les entreprises ont maintenant une présence planétaire, mais les gouvernements n’ont pas trouvé la bonne réponse fiscale», a-t-elle affirmé, dénonçant les stratégies d’optimisation fiscale qui laissent «trop de recettes d’impôts sur la table».
Sans cette «coopération internationale ré-imaginée», la responsable du FMI craint que dans 20 ans, d’ici 2040, «les inégalités ne surpassent ce qu’elles étaient pendant l’âge d’or du capitalisme».
Cet «âge de la colère» verrait des géants monopolistiques de la technologie face à des Etats faibles, des catégories favorisées de la population «pouvant vivre jusqu’à 120 ans quand des millions d’autres souffriront de pauvreté».
«Le fossé entre aspirations et réalités» risquerait de «nourrir colère et amertume», a-t-elle averti.
S’affirmant «une optimiste», Mme Lagarde assure qu’un «âge de l’inventivité» est possible, où les économies profiteront des énergies renouvelables, d’une plus forte intégration des femmes dans le monde du travail et où les grandes entreprises feraient montre de responsabilité sociale.
Source: agences et rédaction