Meurtre de Khashoggi: La photo du prince héritier et du fils du journaliste suscite l’indignation
Le roi Salmane d'Arabie saoudite et le prince héritier Mohammed ben Salmane ont reçu mardi au palais royal à Ryad deux membres de la famille du journaliste tué Jamal Khashoggi.
Il s'agit d'un fils, appelé Salah, et d'un frère, appelé Sahel, du journaliste saoudien tué au consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre. Au cours de cette rencontre, la poignée de main entre le prince et le fils de Khashoggi a été plutôt froide, comme en attestent les images de la rencontre. Cette mise en scène a suscité l'indignation.
«Salah, le fils de Jamal Khashoggi, n'a pas le droit de quitter le territoire. Ils l'ont convoqué à la cour pour accepter les condoléances [de la famille royale]. Ce regard. Cette photo me donner envie de hurler et de vomir», écrit l'activiste saoudienne Manal al-Sharif.
Selon l'agence AP, Salah Khashoggi est en effet sous le coup d'une interdiction de quitter l'Arabie saoudite, et il n'a vraisemblablement pas eu la liberté de refuser l'invitation, alors que les caméras de l'agence officielle saoudienne étaient là pour l'occasion.
«Répugnant»
«Ils ont tué son père, démembré son corps, orchestré une mise en scène, menti... Et maintenant ils forcent le fils de Khashoggi, qui est prisonnier dans son propre pays, à serrer la main du prince qui a tué son père», s'indigne l'universitaire américain Brian Klaas.
Comme de nombreux internautes, le journaliste britannique Piers Morgan juge également cette mise en scène «répugnante».
«Apportez-moi la tête de ce chien»
Après avoir affirmé pendant deux semaines que le journaliste était ressorti du consulat, Ryad a reconnu vendredi que Jamal Khashoggi avait été tué, officiellement «dans une rixe» qui a suivi une altercation. Mais le royaume saoudien affirme que cette opération, «non autorisée», a été menée par des hauts responsables du renseignement, sans que le prince héritier soit au courant. Ryad a arrêté 18 Saoudiens et deux fusibles ont sauté.
Toutes les capitales occidentales ont demandé des explications à l'Arabie saoudite et peinent à croire la version officielle. Le commando semble en effet avoir minutieusement préparé son opération, notamment avec la présence d'un médecin légiste et d'un sosie de Khashoggi pour camoufler le meurtre. Surtout, celui qui porte le chapeau, Saud al-Qahtani, était jusqu'à son limogeage l'un des conseillers les plus proches du prince héritier. Selon Reuters, Qahtani a suivi l'interrogatoire du journaliste par Skype depuis Ryad, lançant au commando: «Apportez-moi la tête de ce chien».
Source : sites web et rédaction