Yémen : les conséquences bien réelles d’une guerre sous-médiatisée
Au Yémen, avant la guerre, 40% de la population n’avait pas accès à l’eau potable. On parle de 70% aujourd’hui.
Miné par 3 années de guerre passée sous silence, le Yémen, dont les ressources en eau étaient déjà très faibles avant le conflit, voit une grande partie de sa population privée d’accès à une eau potable et sans risque. Cela a des conséquences dramatiques sur la santé et confronte le pays à une des plus graves épidémies de choléra dans le monde.
«Le choléra est endémique au Yémen et réapparaît paradoxalement à la faveur des rares pluies. Il prospère dans l’eau insalubre, se transmet rapidement et se propage surtout à cause des mauvaises pratiques d’hygiène (pas de lavage des mains : transmission oro-fécale, défécation à l’air libre : pollution des eaux souterraines…), précise Yann Julou, coordinateur programme de l’équipe d’urgence de retour du Yémen. Ajouter à cela le manque d’entretien des infrastructures sanitaires comme les toilettes, et les bactéries comme le choléra se propagent rapidement. Il suffit alors d’une seule personne malade pour contaminer des dizaines d’autres. Le manque d’hygiène fait le reste. Et on arrive ainsi au Yémen à plus d’un million de cas suspect dont les enfants de moins de 5 ans représenteraient près de 300 000 cas».
Au Yémen, la population dispose de moins de 200 m3 d’eau par an et par habitant. Or, en dessous de 500 m3, toute logique de développement économique et social d’un pays est sérieusement compromise et les conflits, les guerres de clans, sont exacerbés. (Franck Galland, expert des questions sécuritaires liées à l’eau)
Face à cette situation, manque d’eau potable et choléra, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a ouvert une mission au Yémen dans le sud du pays, dans le gouvernorat de Lahj. «Il n’y a que très peu d’acteurs humanitaires dans cette région, indique Cyril Blin, responsable géographique pour le Moyen Orient. Or, les besoins sont immenses dans cette zone minée par l’insécurité alimentaire. Il était indispensable de se déployer en urgence afin de venir en aide à une population affaiblie et sans ressources. Si la rareté de l’eau potable (non chlorée) n’arrange rien, bien au contraire, en cas d’épidémie de choléra, les facteurs de risques sont clairement plus à chercher du côté des pratiques d’hygiènes et des conditions sanitaires, surtout en termes d’assainissement.
C’est pour cette raison que nos équipes interviennent dans 6 centres de santé en fournissant de l’eau saine aux malades et aux équipes soignantes et tentent de mettre fin à la maladie des mains sales».
Si la vague de contagion semble se réduire en ce début d’année, le choléra est endémique au Yémen et il y a de fortes chances que de nouvelles flambées resurgissent en 2018. «Nos équipes se tiennent prêtes à intervenir en urgence pour endiguer une nouvelle épidémie», conclut Yann Julou.
Source : www.solidarites.org