Discours de sayed Nasrallah à l’occasion de l’anniversaire du martyre des leaders de la Résistance
Je voudrais commencer par rendre hommage aux chefs martyrs, qui ont brandi la bannière de la résistance et qui ont donné à celle-ci ses réalisations et ses victoires. Je commence par le sayed de la résistance, sayed Abbas Moussawi, par le cheikh de la résistance cheikh Ragheb Harb et j'en arrive au chef martyr, hajj Imad Moghnié. Je pense aussi à tous les martyrs, ceux de la résistance, ceux de l'armée, des forces de sécurité et les civils, ceux de la résistance dans toutes ses factions, aux martyrs libanais, palestiniens, syriens et arabes dont le sang a abreuvé la terre du Liban et donné toutes ces victoires.
Je rends aussi hommage aux martyrs tombés dans les dernières explosions qui ont frappé plus d'une région libanaise, ces enfants, ces femmes, ces vieux, ces grands, ainsi que leurs familles et je leur transmets mes condoléances et ma compassion, tout en les invitant à la patience. Je souhaite aussi le rétablissement aux blessés et à tous ceux qui ont subi les conséquences de ces explosions, dans leurs biens, leur dignité et dans leur avenir et je leur demande d'être ce qu'ils ont toujours été, des visionnaires prêts aux sacrifices, généreux et sages, dévoués à leur cause et à leur patrie.
Chers frères et sœurs, j'ai besoin aujourd'hui d'un peu plus de temps que d'habitude, car je voudrais évoquer de nombreux sujets, surtout que je n'ai pas pris la parole en public depuis quelque temps. Je voudrais donc développer trois sujets principaux : d'abord, le dossier israélien et le lien avec la résistance et les résistances. Je n'évoquerai pas beaucoup le passé mais j'essaierai de parler du présent. Le second sujet est lié à la confrontation actuelle au Liban et en Syrie, ainsi que dans la région. Je parlerai de la menace actuelle et des défis politiques et sécuritaires. Enfin, le troisième sujet porte sur le nouveau gouvernement. S'il reste du temps, j'aurai encore un mot de conclusion.
Au sujet des chefs martyrs, je commence par une constante élémentaire, pourtant oubliée hélas par beaucoup de gens, «Israël». Lorsque nous parlons de sayed Abbas, de cheikh Ragheb, de hajj Imad et de tous les martyrs, nous devons évoquer le projet qu'ils ont combattu et affronté, et donc nous devons parler de l'ennemi, «Israël», ses ambitions, ses menaces et le danger qu'il représente pour tous les pays de la région et pour toutes les populations arabo-musulmanes.
Nous devons aussi évoquer l'exploitation maximale qu'il fait de la situation actuelle, avec l'aide et l'appui de l'administration américaine. Je vais limiter mes propos sur les dangers que cela représente pour la Palestine et le Liban, car le temps manque pour évoquer les dangers que représente le projet sioniste pour toute la région. C'est vrai que j'en ai déjà beaucoup parlé, mais nous avons parfois besoin de rappeler certaines choses...
Est-il besoin de rappeler la menace israélienne sur la Palestine, en tant que terre, sur son passé, sur son avenir, sur son existence et son entité, sur ses symboles religieux chrétiens et musulmans, sur tout le peuple palestinien, en Palestine et dans la diaspora. Ce sont des choses élémentaires dont les gens parlent depuis des années, mais qui ont disparu aujourd'hui des débats.
Aujourd'hui, chaque peuple est occupé par les problèmes de son propre pays. Certains pays sont même le théâtre d'affrontements sanglants et de combats militaires féroces. Nous sommes malheureusement arrivés à une étape où personne ne parle plus de la Palestine et où personne ne veut plus parler de l'ennemi israélien.
Je m'attends même à ce que certains disent : «Sayed, vous êtes encore là et les gens sont ailleurs. De quoi parlez-vous donc ?». C'est justement l'expression de la situation dans laquelle nous nous trouvons. C'est aussi ce qu'ont exactement voulu les américains et les Israéliens pour les peuples de la région, leurs gouvernements et leurs Etats après les victoires enregistrées par l'axe de la résistance Palestine, au Liban, en Syrie et en Iran.
Il est donc demandé que nous oubliions la Palestine et que nous la sortions de nos priorités, ainsi que la lutte contre l'ennemi israélien. Les Américains et les Israéliens ne veulent pas que la Palestine soit en bas dans la liste des priorités. Ils veulent la sortir des esprits, des cœurs et des émotions des arabes et des musulmans. Je vais parler en toute franchise : ils veulent que nous arrivions à un stade où lorsque je parle de la Palestine, on me dise : «Fichez-nous la paix avec votre Palestine». C'est à ce stade qu'ils veulent que les populations arabes et musulmanes au Liban, en Syrie, en Egypte, en Irak ; en Jordanie et dans tous les pays de la région, arrivent. Ils veulent que nous arrivions à un degré, où, même sur le plan des émotions, la Palestine soit pour nous sur une autre planète. Ceci engage aussi une responsabilité palestinienne, soit dit entre parenthèses. S'il reste du temps, je pourrais en parler.
Il faut reconnaître qu'ils ont réussi en grande partie, dans ce plan. Mais il n'est pas trop tard. Il est encore possible de prendre des options différentes et de faire les bons choix. Comment en effet expliquer les efforts exceptionnels déployés par le Département d'Etat américain et par M. John Kerry en personne pour aboutir rapidement dans les prochains mois à un accord entre les Palestiniens et les Israéliens ? Pourquoi maintenant ? La question ne doit-elle pas être posée ?
Que certains responsables israéliens critiquent John Kerry n'est qu'une manœuvre à laquelle nous sommes habitués pour faire croire que Kerry est un médiateur honnête puisqu'il est critiqué par toutes les parties. L'administration américaine cherche aujourd'hui, avec l'administration sioniste à liquider la cause palestinienne. Elles estiment que c'est le moment. Pourquoi ? En toute simplicité parce qu'il n'y a pas actuellement de monde arabe. Avant cela, il y avait un peu de monde arabe. Dans le sens où certains disaient qu'il y a une initiative arabe, des conditions arabes, des gardes fous, des limites. Aujourd'hui, il n'y a pas de monde arabe ni de monde musulman, car chaque Etat est occupé par ses problèmes internes et il n'y a pas de temps pour s'occuper de la Palestine et nul n'a le temps de faire des pressions sur les Etats-Unis ou sur les Israéliens en faveur de la Palestine.
Au contraire. Aujourd'hui la situation arabe pèse sur les Palestiniens eux-mêmes. Car chacun veut désormais faire en sorte de régler ses problèmes personnels aux dépens de la cause palestinienne. Il cherche à présenter des concessions aux américains sur le dossier palestinien pour maintenir son pouvoir ou pour arriver au pouvoir. Malheureusement, même les populations sont désormais ailleurs. Les Palestiniens eux-mêmes sont dans une situation difficile à cause de leurs divisions, le gouvernement de Ramallah et celui de Gaza. Ils sont soumis à toutes sortes de pressions internationales, arabes et sur le terrain. Ils sont tués, emprisonnés et encerclés. C'est la réalité qu'«Israël» considère comme une chance. Les Israéliens parlent avec les Américains en disant que c'est une chance pour liquider la cause palestinienne. Ils veulent en profiter et imposer aux Palestiniens des conditions qui servent les intérêts américains et israéliens. Il est quand même encore possible d'arrêter ce processus.
Sur le plan national libanais, il faut rappeler qu'«Israël» est un ennemi et un danger pour le pays, pour la terre, la population, les ressources en eau et pétrole et pour la souveraineté. Il faut toujours se rappeler cela. D'autant que dans le passé et aujourd'hui, il y a des tentatives pour minimiser cette menace et pour la banaliser.
Dans les années précédentes, l'imam Moussa Sadr - que Dieu le ramène sain et sauf avec ses compagnons- et d'autres leaders politiques et nationaux de toutes les confessions, mettaient l'accent sur ce danger. Depuis les années 50, ils élevaient la voix contre ce danger et appelaient à se préparer pour l'affronter. Ce fut l'invasion de 1982. Cheikh Ragheb, sayed Abbas et d'autres ont élevé la voix pour alerter les gens et les pousser à assumer leurs responsabilités, les inciter à la résistance. Le Liban était alors plongé dans la guerre civile et ils appelaient les gens à comprendre qu'«Israël» est l'ennemi et que c'est contre lui que doivent être pointés les fusils. Cela n'a malheureusement pas eu seulement lieu dans le passé. Nous vivons actuellement la même situation mais sous un autre titre. Malheureusement en 1982, certains Libanais considéraient qu'«Israël» n'avait pas de problème avec le Liban et avec les Libanais mais avec les Palestiniens, avec l'OLP et avec la résistance palestinienne. Les Israéliens ont donc envahi le Liban pour en chasser les Palestiniens. Ils n'ont donc pas d'ambitions au Liban. Ils respectent notre souveraineté et ne veulent pas s'emparer de nos richesses. Ils ne veulent pas intervenir dans notre situation politique. En d'autres termes, pour ceux-là, «Israël» ne représente pas une menace pour le Liban. Je rappelle cela parce que les jeunes Libanais et arabes n'ont pas vécu cette période.
Que s'est-il passé par la suite ? L'OLP et les différentes organisations palestiniennes ont quitté le Liban. Les pires massacres ont été accomplis dans certains camps, notamment ceux de Sabra et Chatila, mais «Israël» est resté au Liban. L'armée israélienne a continué à occuper la terre libanaise et elle a voulu imposer son hégémonie, des choix et des accords politiques au Liban. Elle a tué, arrêté, construit des prisons dans lesquelles des milliers de Libanais et de Palestiniens des camps ont été enfermés et elle se préparait, si cela la situation s'était stabilisée, à construire des colonies de peuplement dans le Sud du Liban. Ce sont les Israéliens eux-mêmes qui l'ont dit par la suite.
Sans le déclenchement de la résistance, dans toutes ses factions et ses couleurs, et sans le camp sanglant que les résistants libanais ont mené contre les forces d'occupation, nous savons tous que les Israéliens ne seraient pas partis de Beyrouth, de la montagne, de Saïda, de Tyr, de Nabatiyé et de la bande frontalière. A cette époque, la résistance ne représentait pas une menace stratégique ou existentielle pour l'entité israélienne. Dans ce cas, pourquoi les Israéliens voulaient-ils rester dans la bande frontalière ? Tout simplement pour consacrer un état de fait et parce qu'ils ont des visées sur le Liban. Cela aurait donc été possible sans la résistance menée après 1985.
Donc, sans la résistance, les forces israéliennes seraient restées au Liban et ceux qui ont encore des illusions auraient eu la certitude qu'elles ont des ambitions au Liban, qu'elles souhaitent imposer leur hégémonie et qu'elles ne veulent aucun bien pour toutes les communautés libanaises sans distinction.
Les Libanais doivent toujours revenir aux expériences du passé, les maronites, les druzes, les chiites, les sunnites, tous ont leur propre expérience avec les Israéliens, dans la montagne, à Beyrouth, à l'est de Saïda, à Saïda, dans la bande frontalière et enfin avec l'armée d'Antoine Lahad. Toutes ces expériences doivent rester présentes à l'esprit car les Israéliens restent toujours les ennemis et ils restent le projet et la menace dont il faut tenir compte.
Au cours des dernières semaines, les Israéliens ont tenté de saisir les chances offertes pour mener une guerre psychologique dure sur la résistance et son environnement au Liban. C'est pourquoi nous avons entendu récemment des menaces et des promesses dans le genre nous allons bombarder, détruire, effacer... Au Liban nombreux sont ceux qui n'écoutent pas ces menaces parce qu'elles ne s'inscrivent pas dans le cadre de leur intérêt. Mais les Israéliens ont considéré que la profonde division entre les Libanais est une chance à saisir, ainsi que les combats en Syrie. L'ennemi israélien a donc pensé que c'était le bon moment pour attaquer la résistance au Liban, croyant qu'elle est isolée et seule. Il a cru pouvoir en profiter pour exercer des pressions sur elle, tout en menant des agressions çà et là. Il est certain que les Israéliens continuent à avoir des visées sur nos ressources, notre eau et notre pétrole et ils continuent à considérer le Hezbollah comme la plus importante menace dirigée contre eux dans la région. Ils l'ont répété par la voix de leurs responsables dans des congrès qui se sont tenus récemment chez eux. Bien entendu, la Syrie et l'Iran sont aussi des menaces, mais la résistance au Liban est une menace directe pour leurs ambitions, leurs visées et leurs projets.
Aujourd'hui, dans le cadre de cet hommage à nos chefs martyrs, je dis à l'ennemi et à l'ami que l'ennemi sait qu'il ne nous fait pas peur, et qu'il ne peut pas affaiblir notre détermination, notre conscience des faits et notre volonté après cette longue expérience avec lui et les grandes réalisations de la résistance qui a réussi à infliger de sérieuses défaites à l'ennemi. Il sait aussi que la résistance reste en état d'alerte, en dépit de tout ce qui se passe au Liban et en Syrie. Il sait encore que tout ce qu'il craint chez la résistance est en train de se développer et de se renforcer. Si celle-ci a des martyrs qui tombent en Syrie- et dont elle est fière-, cela ne la rend que plus forte en lui donnant encore plus d'expérience, de connaissance et de compétence. Elle est donc plus habilitée à mener des confrontations plus importantes que celles menées dans le passé contre l'ennemi.
Concernant le Liban, celui qui doit être inquiet, c'est donc l'ennemi. La population de l'entité israélienne doit être inquiète et l'ennemi doit continuer à craindre la résistance, sa capacité et sa vigilance et surtout ne pas faire de faux calculs basés sur une mauvaise lecture des développements libanais et régionaux.
J'appelle les Libanais à rester en état d'alerte au sujet de la menace que représente «Israël» pour toutes les composantes libanaises et à assumer leurs responsabilités dans ce domaine.
Dans mon discours à l'occasion de la victoire divine, le 22 septembre 2006, j'avais dit, entre autres choses, que nous attendons le jour où nous aurons un Etat fort, capable de protéger et de défendre le pays face à l'ennemi israélien, pour que nous puissions enfin nous reposer, revenir à nos maisons, à nos travaux, à nos écoles et à nos universités.
Je répète aujourd'hui ce que j'avais dit alors : nous attendons, et nous espérons que le jour où l'armée libanaise, cette force nationale, soit suffisamment forte pour être en mesure de protéger et de défendre seule le Liban. A ce moment-là, nous rentrerons chez nous, à nos occupations. Nous sommes avec tout ce qui renforce l'armée, en équipement, en moyens, en effectifs. Nous voulons qu'elle soit dotée d'armes sophistiquées capable de lui permettre de défendre le Liban face aux menaces israéliennes.
Les prochains jours et les expériences montreront s'il y a quelqu'un, quelque part dans le monde, qui souhaite donner à l'armée des armes sophistiquées. Si cela arrive et si les armes arrivent réellement à destination, nous remercierons tous ceux qui donneront au Liban cet élément de force. Tout notre souci et notre objectif, au cours des trente dernières années, c'est que le Liban puisse se défendre et se protéger, protéger sa population, sa dignité, sa souveraineté et son prestige, ses biens et ses ressources. Dans le passé, le Liban a été livré à son sort et il l'est encore aujourd'hui. Nous souhaitons qu'il y ait une volonté nationale générale et un Etat véritable, fort qui se soucie de chaque pousse de notre territoire, de chaque Libanais aussi, de chaque région et du sort de tout le Liban, qui formera une armée capable d'assumer toutes les responsabilités nationales.
Je passe maintenant au second point. Mais auparavant et pour faire la transition, je développerai le point suivant qui devrait aider à comprendre la confrontation dans la période actuelle:
Juste pour la mémoire, et pour que nos jeunes générations l'apprennent, il faut se rappeler qu'en 1982, en 200 et en 2006, une partie des Libanais a toujours fait assumer à la résistance la responsabilité des agressions de l'ennemi. Autrement dit, lorsque l'ennemi israélien bombardait les villages, arrêtait les gens et lançait des attaques contre des localités sans distinction, avant de se retirer de la bande frontalière, certains s'empressaient d'accuser la résistance d'être responsable de ces agressions car elle menait des opérations contre les occupants israéliens. Ces gens estimaient qu'il ne fallait rien faire contre les Israéliens car si on les laisse en paix, ils ne feraient rien. Même en 2000, certains n'ont jamais utilisé le terme de martyr pour évoquer les morts de la résistance, ni qualifié «Israël» d'ennemi. Ceux-là préféraient parler de cycle de violence et ils ne voulaient pas donner à ceux qui luttaient en toute noblesse contre l'occupant le nom de résistants.
Si, à cette époque, nous avions écouté cette logique, qui aboutit à «une politique d'enlever les prétextes», comment aurions-nous protégé le Liban. Nous enlevons les prétextes et le Liban reste sous occupation. Voilà ce qu'aurait été le résultat. Si nous avions écouté cette logique, «Israël» serait encore à Beyrouth et dans la montagne et il aurait continué jusqu'à Tripoli, Baalbeck et le Hermel. «Israël» serait en train de construire des colonies au Liban, nommerait les membres du gouvernement, dirigerait le pays et y imposerait ses choix politiques, en volant l'eau que nous ne savons pas, nous, Libanais, comment exploiter. Aujourd'hui, même nos ressources pétrolières seraient entre les mains des Israéliens. C'est à cela que nous aurait menés la logique qui veut que toutes les agressions israéliennes ne sont qu'une réaction naturelle aux attaques dont leurs forces font l'objet. Cette tendance existait bel et bien au Liban et elle a même été consolidée par des analyses politiques et des pressions culturelles. Mais cette résistance et un grand nombre de Libanais n'ont pas cédé devant ces pressions politiques, médiatiques et intellectuelles. Ils ont continué à défier l'ennemi, ses prisons et sa violence. Ils ont continué à faire des sacrifices jusqu'à réaliser la libération que nous célébrons chaque année et dont tous les Libanais jouissent désormais, ceux qui ont souffert et payé le prix fort pour cela et ceux qui n'ont rien fait. Il faut donc garder cela à l'esprit, avant de passer au second sujet.
La seconde menace qui pèse aujourd'hui sur les Etats et les peuples de la région, exactement à l'instar d'«Israël» qui menace les Etats, les gouvernements et les populations de la région, c'est le terrorisme takfiriste.
En toute franchise, le takfirisime, à lui seul, ne représente pas une grande menace. En d'autres termes, si quelqu'un me dit : vous êtes un kafer, cela m'importe peu car je n'attends pas de lui un certificat de bon musulman. Qu'il pense de moi ce qu'il veut, c'est son problème. Nul ne peut donner des certificats de bon croyant. Au final, la clé du paradis n'est pas entre les mains de celui qui lance de tels jugements et ce n'est pas lui qui choisit qui a le droit d'y entrer ou non.
Le problème n'est donc pas seulement dans le takfirisme. Il est dans le fait que les takfiristes rejettent tous ceux qui ne partagent pas leur vision et vont directement jusqu'à violer leur intégrité. Ils cherchent à les éliminer physiquement et violemment. Je n'ai pas besoin de donner des preuves. Tout cela est connu de tous dans la région.
Or, ce terrorisme takfiriste est présent aujourd'hui dans toute la région. Il est formé de groupes armés présents dans la plupart des pays de la région. Peut-être même dans tous, d'ailleurs. Ces groupes et ces courants utilisent des méthodes violentes d'exclusion et d'élimination à l'égard de tous ceux qui ne sont pas comme eux et ne partagent pas leurs vues. Il ne s'agit donc pas d'une affaire de sunnites, de chrétiens, de druzes, de chiites ou de alaouites. Tous ceux-là sont bien sûr leurs ennemis, mais aussi les sunnites qui ne partagent pas leurs vues. La chose la plus facile pour eux est de lancer l'accusation : vous êtes un kafer hérétique et renégat.
Daech n'a-t-elle pas porté ce jugement contre le front al Nosra il y a quelques semaines ? Ils avaient pourtant la même vision, le même «guide», le même esprit et les mêmes convictions. Ils avaient aussi les mêmes tenues, les mêmes approches, le même langage et la même logique. Lorsqu'ils ont eu un conflit sur des questions politiques ou d'intérêts (peut-être s'agissait-il de l'exploitation d'un puits de pétrole ou du partage du butin), ils se sont lancés des accusations d'être des kouffars, avec tout ce que cela entraîne. Cela est devenu clair aujourd'hui dans toute la région. Donc, même dans le cadre d'une divergence mineure qui ne porte pas sur des questions de fond, ils lancent des accusations qui favorisent l'élimination de l'autre...
Il faut, à cet égard, regarder avec attention les combats féroces qui opposent depuis quelques semaines les hommes de Daech et ceux d'Al Nosra en Syrie. Il faut s'arrêter sur ces images, pour en tirer les leçons qui s'imposent.
L'observatoire syrien proche de l'opposition est en train de parler de plus de 2000 morts causés par les combats entre les deux factions de l'opposition en quelques semaines. Les attaques suicidaires entre eux se comptent par dizaines au cours des deux semaines et elles ne font aucun cas des villages pleins de civils. Ceux-ci deviennent les cibles des attaques aux voitures piégées juste parce qu'ils sont soupçonnés d'être des sympathisants d'Al Nosra ou de Daech. Les femmes et les enfants ne sont pas épargnés. Des massacres collectifs sont perpétrés et les victimes entassées dans des fosses communes. Sur quoi ces deux factions sont-elles en conflit ? Elles ont les mêmes méthodes, la même pensée, la même confession, le même émir et les mêmes objectifs ! Elles sont donc en conflit sur des intérêts propres. Regardez bien ce spectacle. Il vous montrera quel esprit est celui des chefs de ces groupes. Ce n'est certes pas une surprise. Nous avions prévu cela, pas parce que nous sommes plus perspicaces que les autres mais ceux qui ont suivi les expériences passées prévoient forcément cette suite des événements.
L'expérience d'Afghanistan est encore présente dans les mémoires. Les groupes extrémistes afghans ont combattu l'une des plus puissantes armées du monde, celle de l'URSS. Les soldats soviétiques se sont retirés du pays. Dans les groupes extrémistes, certains sont porteurs de l'esprit takfiriste et ils se sont mis à tuer ceux qui ne partagent pas leur avis. Ce qui est contraire à l'islam et à la religion du Prophète. Les groupes sont donc entrés dans une guerre sanglante entre eux. Ces combats ont fait plus de victimes que la guerre contre les soviétiques. Ils ont détruit des villages, fait des blessés et abouti à la mort de grands chefs extrémistes. Et aujourd'hui, où va l'Afghanistan ? Depuis le retrait des troupes soviétiques, ce pays a-t-il connu un seul jour sans morts de façon violente, sans exode, sans destructions et sans difficultés ?
A ceux qui disent que les Afghans sont un peuple des montagnes, dur, je donnerai l'exemple de l'Algérie. Qu'ont donc fait à l'Algérie les groupes armés et à qui ont abouti leurs guerres internes ? Je crois que cela suffit en matière d'exemples, pour avoir le temps d'évoquer d'autres sujets. Voilà donc le paysage et nous devons tirer les leçons qui s'imposent.
J'en arrive au Liban. Nous avons eu des explosions et des attentats dans plus d'une région du pays qui ont visé les citoyens, des femmes, des enfants, des gens ordinaires. Nous disions depuis le début. Pourquoi et qui fait tout cela ?
Certains accusaient le régime syrien, d'autres les services de renseignements syriens, d'autres encore pointaient du doigt le Mossad. Nous autres, nous disions : attendons avant de lancer des accusations. Les coupables apparaîtront. Ils ne sont pas secrets. Non, ils vont vers une guerre ouverte. C'est pourquoi ils mettent des vidéos sur internet et révèlent l'identité des kamikazes, tout en annonçant leurs cibles. Par conséquent, il n'y a plus lieu d'ouvrir un débat sur la question. Ceux qui se tiennent derrière les attentats suicide sont les groupes takfiristes. Si quelqu'un veut encore discuter, nous dirons qu'il est certain que les Israéliens ont infiltré ces groupes et les utilisent. Ils l'ont fait en Irak et ailleurs pendant longtemps. Mais il n'y a pas de débat sur l'identité des auteurs des attentats. Ils sont connus. Untel est Libanais, tel autre est palestinien, Syrien, Saoudien, Maghrébin, Irakien. Ce sont eux qui dirigent ces groupes et les attentats au Liban. Ce qui exprime à la perfection la réalité de cet esprit et de ces méthodes.
Il y a eu un débat au Liban sur la base de ces attentats kamikazes. Comme d'habitude, nous nous sommes divisés sur la question. Certains ont dit que ces attentats n'auraient pas eu lieu si le Hezbollah n'était pas intervenu militairement en Syrie. Et depuis, ceux-là suivent cette logique qui trouve des excuses aux attaques kamikazes. Cette logique continue d'exister et elle continuera de le faire, même si nous nous retrouvons tous au sein d'un même gouvernement. Cette logique restera et c'est une partie du conflit politique dans le pays.
Je voudrais toutefois m'arrêter un peu sur cette logique. Avant l'intervention du Hezbollah en Syrie, ceux-là n'ont-ils pas imposé une guerre au Nord, dans certains camps palestiniens et dans certaines régions ? N'ont-ils pas envoyé des voitures piégées et attaqué des régions chrétiennes et l'armée ? Nous ne voulons pas dresser une liste, mais cela existe. C'est même arrivé avant le déclenchement de la guerre en Syrie. Les médias peuvent le vérifier.
Mettons donc cela de côté. Face à cette logique, il y a deux hypothèses : soit ces attaques sont liées à notre intervention en Syrie, soit elles ne le sont pas. Il n'y en a pas de troisième. Mais dans tous les cas, que ce soit lié à notre intervention en Syrie ou non, ils voulaient ouvrir un front au Liban. Nous pensons bien sûr que la seconde hypothèse est la vraie. Pour nous, le Liban est l'une des cibles des groupes takfiristes. Ils l'ont dit eux-mêmes sur internet et sur les réseaux sociaux en affirmant que pour l'instant, le Liban est une terre de soutien, non de jihad. Ces groupes avaient donc au début pour priorité de contrôler les régions frontalières avec la Syrie au Nord et dans la Békaa. Il s'agit donc d'une simple question de temps. Ils ont décidé de venir au Liban un jour ou l'autre, avant ou après, la décision est prise. Ils l'ont dit et annoncé. Donc, en principe, le Liban est une cible pour les groupes takfiristes. Le Liban est une partie de leur projet. Si, en plus, les Israéliens et les Américains ont infiltré ces groupes, il est certain que le Liban fera partie de leur projet, car les Israéliens et les Américains veulent effriter la région. Et la Syrie et le Liban sont importants dans ce cadre. Au Liban, il y a une résistance qui représente une menace pour le projet israélien dans la région.
C'est pourquoi, à nos yeux, ces groupes allaient certainement venir au Liban. Et ce n'est pas l'intervention du Hezbollah qui les a poussés à venir au Liban. C'est simplement prévu dans leur projet et leurs méthodes. Ils voulaient donc ouvrir un front au Liban. Supposons que ce soit une logique.
Il y en a une autre. Je vais donc supposer qu'effectivement, ceux qui sont morts dans les attentats kamikazes ont payé le prix de l'intervention du Hezbollah en Syrie. Je vais être franc. Si nous acceptons cette logique, nous devons nous poser la question suivante : l'action que nous avons accomplie en nous battant à Qousseiyr et autour de Damas ( puisque c'est dans ces deux régions que nous avons essentiellement participé aux combats) mérite-t-elle ces conséquences ? Nous avons combattu dans ces deux régions parce qu'elles sont limitrophes du Liban et si, à Dieu ne plaise, elles seraient tombées entre les mains des takfiristes, toutes les régions frontalières du Liban seraient sous le contrôle de ces groupes. Cette action mérite-telle des réactions de ce genre ? Je reviens ici à ce que j'avais dit au sujet des Israéliens. On nous avait reproché de provoquer les Israéliens et de susciter ainsi des réactions violentes contre la population et les villages. On justifiait ainsi les agressions israéliennes. Aujourd'hui, on justifie de la même manière les attentats perpétrés par les groupes takfiristes.
Comme je l'ai déjà dit, nous avons longuement expliqué les raisons de notre intervention en Syrie et pourquoi elle continue. Nous avons aussi expliqué pourquoi nous serons là où nous devons être. En d'autres termes, il n'y aucun changement à ce sujet. Au contraire, les données renforcent les convictions des gens sur la justesse de notre décision. Je ne vais donc pas revenir au début, mais parler des nouvelles données régionales et internationales. Aujourd'hui, la plupart des pays qui ont financé, encouragé, envoyé et facilité l'arrivée des combattants étrangers en Syrie, commencent à exprimer leurs craintes face à une éventuelle victoire de ces combattants en Syrie, à cause de leur retour probable chez eux et en particulier dans les pays voisins de la Syrie.
Ces pays craignent le retour des combattants étrangers et la menace qu'un tel retour représente pour eux. Est-ce vrai ou non ? Suis-je en train d'inventer cette crainte ? Tout le monde sait qu'il existe actuellement des réunions entre les services de renseignements occidentaux et non occidentaux pour voir comment traiter cette éventualité. Si ces groupes remportent une victoire en Syrie, ( A Dieu ne plaise), ils auront une large base à partir de laquelle se lancer vers le reste du monde. La Syrie sera dans une situation pire que celle de l'Afghanistan. De même, s'ils sont défaits et ils veulent se retirer de Syrie et rentrer chez eux, c'est aussi un problème. Dans les deux cas, les pays qui les ont aidés se trouvent face à un grave problème qu'ils ont eux-mêmes créé. Ce débat existe-t-il ou non aujourd'hui dans le monde ?
Certains pays sont en train de voter des lois interdisant à leurs citoyens de se rendre en Syrie pour se battre. La Tunisie par exemple l'a fait. Pourquoi l'a-t-elle fait, après avoir appuyé la révolution en Syrie, si le danger n'était pas réel et si elle n'avait pas eu des problèmes avec des combattants tunisiens rentrés de Syrie? Ces Tunisiens ayant participé aux combats en Syrie ont fait subir à leur pays ce que certains pays de la région subissent aujourd'hui. Ils ont accompli chez eux des attentats terroristes, commis des assassinats, des agressions et des mouvements de révolte...Les Tunisiens se sont réveillés et ils ont compris que s'ils ne réagissaient pas, ceux-là parviendraient à semer le désordre dans le pays. Ils ont donc eu le courage de prendre des mesures préventives.
Certains diront que la Tunisie est lointaine. L'Arabie saoudite les intéresse bien plus. Justement, que s'est-il passé en Arabie au cours des dernières semaines ? Quelles mesures ont-elles été prises ? Une campagne médiatique, culturelle et religieuse a été lancée contre les cheikhs saoudiens qui encouragent les jeunes du pays à aller se battre en Syrie. S Une campagne médiatique, culturelle et religieuse a été lancée contre les cheikhs saoudiens qui encouragent les jeunes du pays à aller se battre en Syrie. S'agit-il d'une campagne individuelle ? Non, il s'agit d'une politique officielle. Il y a actuellement une grande campagne contre ceux qui incitent les jeunes saoudiens à se rendre en Syrie. Cela fait pourtant trois ans qu'ils le font. Pourquoi dans ce cas lancer cette campagne maintenant ?
De même, une décision légale a été prise qui prévoit l'emprisonnement de 3 à 20 ans pour les saoudiens civils qui se battent hors du pays et de 5 à 30 ans pour les militaires saoudiens qui se battent hors du pays, donc en Syrie, puisque c'est la scène vers laquelle tous les jihadistes se dirigent. Pourquoi cette décision ? L'Arabie saoudite a-t-elle changé sa position stratégique par rapport à la Syrie ? Non, le royaume continue de fournir l'argent et les armes et continue à mener sa guerre totale contre le régime dans les médias, sur la scène politique et au Conseil de sécurité. Seulement, il y a désormais une décision claire qui empêche les jeunes saoudiens de se rendre en Syrie. En même temps, les ambassades saoudiennes dans les pays voisins de la Syrie, en Turquie, au Liban et en Jordanie ont annoncé qu'elles sont prêtes à accueillir les jeunes saoudiens qui sont en Syrie et à les aider à légaliser leur situation.
Pourquoi ? Pouvons-nous répondre à cette question ? Sachant qu'au cours des trois dernières années, les médias saoudiens, officiels et privés, les cheikhs, les réseaux sociaux et même les renseignements saoudiens finançaient et enrôlaient des jeunes pour aller se battre en Syrie. Que s'est-il donc passé ? Le gouvernement saoudien a tout simplement pris conscience du fait que lorsque ces jeunes reviendront au pays, une catastrophe aura lieu. Exactement comme cela s'est passé après l'Afghanistan. Avons-nous oublié ce qui s'est passé en Arabie saoudite après le retour des moujahidins d'Afghanistan et du Pakistan ? Il y a eu des assassinats, des explosions, des attaques suicides et des affrontements sanglants entre les groupes d'Al Qaëda et l'armée saoudienne. Pouvons-nous oublier cela ? Le gouvernement saoudien s'est rendu compte que s'il continue sur la même lancée, les jeunes qui se battent en Syrie et qui ont acquis une grande expérience et sont dans la mouvance d'Al Qaëda pourraient en revenant au pays y causer de nombreux problèmes, voire une catastrophe. C'est donc pour protéger le pouvoir saoudien que ces décisions ont été prises. Il est donc désormais interdit aux jeunes saoudiens de se battre à l'étranger et cette décision ne vise pas à empêcher la discorde, la guerre et les destructions en Syrie, mais par souci de la situation interne saoudienne. C'est bon. Tout ce qui pousse à éviter de jeter de l'huile sur le feu peut être utile.
Mais c'est une donnée dont il faut tenir compte. Et là, je voudrais demander aux Libanais : pourquoi les Etats-Unis, la France, la Belgique, le Canda, tous les pays du monde y compris l'Arabie, la Tunisie etc ont le droit d'avoir peur de la présence de leurs jeunes en Syrie, alors que nous, les voisins de la Syrie, dont la vie est liée aux événements en Syrie, nous n'avons pas le droit d'avoir ces mêmes craintes ? Pourquoi n'avons-nous pas le droit de prendre des mesures préventives et même de mener une guerre préventive pour nous protéger de l'arrivée de ces jeunes ? Qu'ont donc fait le gouvernement (dont nous faisions partie) et l'Etat libanais face à cette menace ? Ils se sont contentés de «rester à l'abri». Ce qui veut dire qu'ils ont enfoui leur tête dans le sable.
Certains disent aujourd'hui : en quoi cela vous concerne-t-il ? C'est le rôle de l'Etat c'est lui qui doit prendre une décision. Nous avons attendu des années. Il y avait 30 000 Libanais à Qousseyr, des chrétiens et des musulmans. Ils ont été agressés, leurs villages ont été occupés et certains d'entre eux ont été enlevés ou tués. Des femmes libanaises ont été violées. N'est-ce pas honteux ? N'est-ce pas inacceptable ? Voulez-vous que je vous cite des noms ? Qu'ont donc fait le gouvernement libanais et l'Etat libanais ? «Rester à l'abri».
N'avons-nous donc pas le droit d'intervenir pour écarter la menace de tuerie, d'exode, de vol et de viol qui pèse sur 30 000 Libanais à Qousseyr ? L'affaire ne mérite-t-elle pas que l'on intervienne ? N'est-ce pas un droit ? Ces takfiristes ont pourtant tout utilisé contre nous et contre ces Libanais dans leur guerre à la fois sanglante, médiatique et politique. Ils ont aussi envoyé des voitures piégées au Liban, contre nous. Mais à nos yeux, la vie des 30 000 Libanais de Qousseyr en valait la peine. C'est une partie de la bataille. Avez-vous donc oublié, vous, au gouvernement libanais, au sein de l'Etat et tous ceux qui nous critiquent, avez-vous oublié les menaces de certains à partir de la Békaa, dans lesquelles ils disaient qu'en une demie heure ils pourront contrôler toute la région de la Békaa et de Hermel ? Les enregistrements existent. Sur quoi se basaient-ils pour lancer cette menace ? Ils pensaient que les groupes armés allaient contrôler toute la région de l'autre côté de la frontière et allaient donc les appuyer et les aider. Ils entreront ensuite au Liban via la Békaa et occuperont Baalbeck et le Hermel en une demie heure. N'avez-vous pas entendu cela ? Qu'avez-vous donc fait pour protéger ces régions libanaises ? Au contraire, vous avez été vers ces gens, vous les avez accueillis et vous avez salué leurs réalisations et vous continuez d'ailleurs à le faire.
Nous autres, nous avons décidé d'assumer certaines responsabilités pour défendre notre population à Baalbeck et Hermel. Pour nous l'enjeu le mérite.
Avant de passer à un autre point, je voudrais encore poser une question : si -à Dieu ne plaise- les groupes armés avaient réussi à prendre le contrôle de la Syrie, quel serait le paysage aujourd'hui ? Ce serait celui de Raqqa, de Deir el Zor, d'Idlib et du Nord d'Idib, du Nord d'Alep Tout ce paysage sera celui de l'ensemble de la Syrie et ce pays sera comme l'Afghanistan après le départ des Soviétiques ou comme l'Algérie. Si quelqu'un a une autre vision qu'il nous la donne. Mais soyons sérieux. Qui aurait pris le contrôle de la Syrie ? Le président de la coalition, le Conseil national ? Qui ?
Vous le savez. C'était cela l'avenir qui se préparait pour la Syrie. D'ailleurs, cette volteface dans l'opinion publique est une donnée très importante. Les manifestations que vous voyez ne sont pas organisées par les services de renseignements syriens. Non, une grande partie de ces gens qui vont actuellement dans la rue ont des critiques contre le régime et même y étaient hostiles. Mais ils sont désormais convaincus que s'il s'en va, ce ne sera pas la démocratie qui le remplacera mais bien ces groupes armés. Ceux-là qui empêchent toute critique passagère contre eux, qui accusent ceux qui ne sont pas avec eux d'être des takfiristes et les condamnent à mort. C'est cela la relève qui est offerte au peuple syrien. Cette nouvelle réalité chez le peuple syrien pousse les ennemis du régime à craindre les résultats de l'élection présidentielle.
Hier, les Américains ont critiqué Poutine lorsqu'il a déclaré son appui à la candidature à la présidence du général Sissi, sous prétexte que c'est aux Egyptiens de choisir leur président. Mais la question qui se pose est la suivante : pourquoi ce principe ne s'applique-t-il pas aux Syriens ? Parce que les Américains savent très bien vers qui penche la préférence du peuple syrien.
Aujourd'hui, je voudrais demander aux Libanais : si-à Dieu ne plaise- ces groupes armés avaient pris le contrôle de la Syrie, y compris toutes les régions le long de la frontière avec le Liban, si Damas étaient tombée entre leurs mains, ils auraient décidé alors qu'il était temps que le Liban devienne une terre de jihad, au lieu de le garder terre de soutien. S'ils avaient pris cette décision et commenceraient à travailler à partir du Liban, qu'auriez-vous fait ? Les auriez-vous combattus aux frontières ? Comment auriez-vous fait pour arrêter les dizaines de voitures piégées envoyées au Liban ? Toutes les voies de passage entre le Liban et la Syrie sont ouvertes. Ils pourraient envoyer des voitures piégées dans toutes les régions. Quel serait alors l'avenir du Liban ? Pourquoi vous cachez-vous derrière vos petits doigts et trompez-vous les gens ?
Je voudrais poser la question aux chrétiens avant les musulmans. Ne voyez-vous pas ce qui se passe en Syrie ? Je ne cherche certes pas à faire de l'incitation confessionnelle, même si certains vont le prétendre. Je cherche à être réaliste. Aux chrétiens, je demande donc : où sont vos églises ? Ou sont vos religieuses, la statue de la Vierge Marie, vos croix ? Où sont vos symboles sacrés ? Qu'a fait le monde pour les protéger ? Qu'a-t-il fait auparavant pour protéger vos frères en Irak et leurs symboles religieux ? Ne sont-ce pas les mêmes groupes qui détruisent aujourd'hui les églises de Syrie ? On vous dit aujourd'hui c'est le fait de Daech. Mais Daech ou un autre, les groupes se ressemblent. Cela a été prouvé jusqu'à aujourd'hui, qu'ils sont tous semblables. Les noms sont différents, mais l'esprit, l'essence et la pensée sont les mêmes. S'ils ont la possibilité de contrôler toutes ces zones frontalières, ils n'hésiteront pas à entrer au Liban puisqu'ils considèrent ce pays comme une partie intégrante de l'Etat islamique en Irak et à Damas. Que ferez-vous alors ? Qu'avez-vous fait jusqu'à maintenant ? C'est une question qui doit être posée, que cela vous plaise ou non.
Les musulmans sont dans la même situation. Je vous ai promis de parler franchement. C'est aussi la situation des druzes de Soueyda. Ceux qui sont avec l'opposition, sont-ils en mesure de protéger leurs coreligionnaires ? Non pas contre les sunnites mais contre ces groupes takfiristes qui menacent les druzes, les sunnites, les chrétiens, tous, dans la région de Soueyda.
Quelle est donc la différence entre les druzes de Syrie et ceux du Liban ? Pensez-vous réellement que votre appui politique à l'opposition vous sera utile avec ces groupes ? Ne connaissez-vous pas leur façon de penser, leur esprit et leurs méthodes ? C'est clair pour les alaouites et les chiites, mais même les sunnites qui ne partagent pas leurs croyances sont menacés. Si ces groupes takfiristes sortent victorieux, y aura-t-il un avenir pour le Courant du Futur ? Et pour les leaders politiques et nationalistes au Liban ? La pensée sunnite non takfiriste a-t-elle une chance d'être acceptée ? Non bien sûr. Pour ces groupes, nous sommes tous logés à la même enseigne. La preuve en est donnée en Syrie, en Afghanistan, en Irak, au Pakistan, en Somalie... En voulez-vous plus ? Nous pourrions passer des heures à énumérer les preuves.
Cette menace pèse donc sur tous les Libanais qu'ils le veuillent ou pas. C'est un peu comme si on vous dit c'est du poison et d'autres s'empressent de dire que c'est un cocktail. Vous êtes libres de croire les premiers ou les seconds. Mais que vous le vouliez ou non, que vous en soyez convaincus ou non cela restera du poison et si vous le buvez-vous mourrez. Et nous essayons d'éloigner ce poison que certains vous font prendre pour un cocktail.
C'est la même histoire avec Israël. Elle était ainsi dans le passé et elle continue à l'être aujourd'hui. La question des takfiristes est donc une menace pour tous. Le conflit est ouvert depuis des années et la confrontation dans plusieurs pays arabes et musulmans a déjà fait des dizaines de milliers de victimes, Algériens, Afghans, Pakistanais, Somaliens. Que dis-je des dizaines de milliers, il y a plutôt des centaines de milliers de victimes, les Syriens y compris.
Ce mal existe désormais dans toute la région. Il est arrivé chez nous et nous sommes obligés d'y faire face. Dans ce cadre, je souhaite énumérer quelques points :
Il est indispensable pour commencer de rendre hommage en cette commémoration du souvenir des chefs martyrs, à la patience et à l'esprit de sacrifice des gens, surtout les familles des martyrs, les blessés et tous ceux qui ont été directement lésés par les explosions.
Il faut aussi rendre hommage à la discipline de tous ces gens et à leur immense capacité à se contrôler et à ne pas se laisser aller à des réactions impulsives. En réalité, il s'agit d'une aptitude grandiose et qui fait preuve d'un grand esprit civilisé, d'une grande humanité et d'une grande moralité ainsi que d'un engagement national et religieux hors normes. Cela mérite le respect le plus profond.
Nous devons aussi savoir que cette confrontation exige de la patience et un grand esprit de sacrifice. Les innocents qui sont tombés dans le cadre des attentats à la voiture piégée sont des martyrs au même titre que les nôtres qui tombent dans les combats contre «Israël» ou en Syrie. Ils sont des martyrs tombés dans le même combat. Ce sang est le même et ce sacrifice est le même. Il est de la nature de ceux qui ont fait les victoires et qui ont permis à la résistance de gagner ses galons. C'est pourquoi je le répète, cette confrontation mérite tous ces sacrifices. Comme nous le disions pour la résistance contre «Israël» : nous devions nous battre pour que nos villages continuent d'exister et nos maisons de nous abriter, notre terre de nous nourrir et notre peuple d'avoir la tête haute. Nous répétons aujourd'hui que la lutte contre les takfiristes mérite ces sacrifices, pour que nos villages, nos enfants, nos maisons, notre terre continuent à être les nôtres. Il est normal que dans cette confrontation, nous ayons des victimes, que nous ayons des problèmes économiques et que nous soyons contraints de nous serrer la ceinture. Il est aussi normal que nous ayons peur et de l'inquiétude. Je parle des gens ordinaires et je leur dis vos souffrances et vos sacrifices sont une partie de cette confrontation. Ils vous disent : que le Hezbollah cesse de se battre en Syrie et tout ira bien. Nous ne voulons aucun mal. Mais c'est un mensonge. Leur esprit ne tolère pas la différence. S'ils contrôlent les frontières, ils enverront des voitures piégées dans toutes les régions du Liban. Ils sont comme cela et ils considèrent que leur devoir religieux consiste à tuer les gens de toutes les confessions qui ne partagent pas leur point de vue. Ils ont même dit - et cela s'adresse à nos partenaires du 14 Mars au sein du gouvernement, aux ministres de l'Intérieur et de la Justice- qu'ils n'arrêteront pas les voitures piégées que dans deux cas : si le Hezbollah retire ses hommes de Syrie et si leurs prisonniers dans les geôles syriennes et à Roumié sont libérés. Autrement dit, ils veulent la libération de ceux qui ont tué l'armée à Nahr el Bared et ailleurs, ils ont tué des soldats et des officiers de toutes les confessions, car l'armée libanaise est une armée nationale. Autrement dit, il ne s'agit pas seulement de nous pousser à nous retirer de Syrie. Oui, vous le voyez, cette confrontation mérite ces sacrifices.
Il faut que les gens soient convaincus que nous remporterons cette bataille Si Dieu le veut, comme la résistance a remporté la victoire sur l'occupant israélien. C'est une question de temps. Sinon, tout ce qu'exige cette bataille, de volonté, de cerveaux et de détermination existe au niveau de la résistance et à celui de la population. IL faut juste un peu de temps. C'est une bataille existentielle, historique qui a besoin de temps. Mais son issue est une issue de victoire.
Il faut faire en sorte d'empêcher l'agression takfiriste d'atteindre le moindre de ses objectifs. L'un d'eux est de pousser vers une guerre confessionnelle. Croyez-moi, c'est l'un de leurs objectifs. Ils l'ont fait en Irak. Tout leur discours visait à monter les sunnites contre les chiites, pour que les deux communautés s'entretuent. De même, aujourd'hui, leur discours en Syrie est totalement confessionnel et incitateur à la discorde. Même chose au Liban. Ils veulent la discorde et ils veulent que lorsque nos femmes et nos enfants meurent dans les attentats, nous réagissions contre les sunnites. Mais cela n'arrivera pas grâce à votre moralité, votre grand sens des responsabilités et votre engagement religieux.
Il faut donc rester vigilant. Chaque réaction confessionnelle sert les intérêts des takfiristes et de ces groupes armés. Respecter le sang de nos martyrs, c'est faire preuve de patience et d'éviter toute réaction confessionnelle.
Un autre des objectifs des takfiristes est de susciter des affrontements entre les camps palestiniens et leur environnement. C'est aussi un objectif israélien et les takfiristes rendent ainsi service aux Israéliens. Dans leur action, pourquoi insistent-ils toujours pour que parmi les responsables des opérations il y ait des Palestiniens ? Pourquoi disent-ils toujours que telle voiture piégée ou telle autre est venue de tel camp palestinien ? Pour créer un climat de tension émotionnelle entre les camps et leur environnement et pousser à des affrontements entre eux, rééditant ainsi de vieux scénarios. Il faut donc être vigilant, les responsabilités sont partagées.
La confrontation est l'affaire de tous, car nous sommes tous visés. Ils ont commencé chez nous, mais tout le monde est visé. Les preuves sont multiples. C'est pourquoi notre réaction doit être nationale et englober un aspect éducatif et culturel. Une partie de cette éducation relève de la responsabilité des ulémas et des hommes de religion, en particulier -je me permets de le dire- nos frères les ulémas sunnites. Chacun doit assumer ses responsabilités dans ce domaine et les médias doivent aussi être vigilants.
La classe politique a aussi ses responsabilités. Il faut cesser de chercher des excuses et des justifications aux attentats. Il faut aller sérieusement vers le projet de l'Etat et non utiliser cette bataille dans les conflits internes. De même, une partie de notre riposte est sécuritaire. Il faut donc prendre les mesures qui s'imposent. C'est d'ailleurs ce qui est en train d'être fait. Le plus important est d'identifier les criminels, leurs groupes et leurs réseaux pour les arrêter et les démanteler avant qu'ils ne parviennent à piéger les voitures et à les envoyer. A ce sujet, de grandes réalisations ont eu lieu, notamment au cours des derniers jours. Aujourd'hui encore, il y a eu un bon coup de filet. Mais ce qui est sûr, c'est que toutes ces mesures sécuritaires relèvent de la responsabilité de l'Etat et de ses services.
Nous autres, nous n'avons jamais dit que la sécurité était de notre responsabilité. Vous pouvez le vérifier en remontant jusqu'à 1982. Nous avons toujours dit que nous sommes des partenaires dans le cadre de la résistance. Mais lorsque l'Etat sera en mesure de résister, nous nous retirerons. Concernant la sécurité, nous avons toujours déclaré qu'elle relève de la responsabilité de l'Etat, de l'armée et des services de sécurité. Lorsque nous avons des informations, nous les remettons aux services de l'Etat et lorsque nous pouvons aider nous le faisons.
Tous les Libanais doivent aider et coopérer dans ce domaine. Ils doivent aussi appuyer l'armée libanaise dans son action, ainsi que les services de sécurité. Ils ne doivent pas non plus trouver des excuses aux auteurs des attentats. Nous ne sommes ni avec la condamnation hâtive, ni avec les justifications. Nous devons attendre les résultats des enquêtes avec les personnes arrêtées. Si elles sont impliquées dans ces actes terroristes, elles resteront en prison et les autres seront libérées. Faire pression sur l'armée et sur la justice à chaque arrestation est injuste et inapproprié et pourrait avoir des conséquences négatives.
A ce sujet, il faut rendre hommage à l'armée libanaise et à son service de renseignements pour les exploits accomplis et les efforts déployés. Nous nous inclinons devant eux et nous avons exprimé notre respect et notre émotion face au travail qu'ils ont accompli dans un communiqué. Nous espérons à ce sujet que tous les services de l'Etat coopèrent entre eux pour protéger le pays.
Nous avons besoin de la coopération de tous dans cette confrontation et avec l'aide de Dieu et avec patience et sens des responsabilités, nous parviendrons, je l'espère, à surmonter cette période la tête haute. Inchallah nous parviendrons à protéger notre pays, les relations libano-palestiniennes et l'avenir de notre patrie.
La dernière partie de mon discours est consacrée au gouvernement. Ce climat que nous évoquions au début, ces accusations, ces priorités, ces menaces et ces dangers et ces défis peuvent être en partie expliqués par la formation du gouvernement. Je voudrais quand même développer quelques points.
Toute personne a le droit d'évaluer la formation du gouvernement à sa guise et chacun a le droit d'exprimer son opinion. Je vous affirme que nous, au Hezbollah, cela ne nous dérange absolument pas. Au contraire, nous respectons toutes les opinions et toutes les émotions.
Dans le même ordre d'idées, il est normal qu'il y ait des évaluations différentes car chacun voit le gouvernement sous l'angle qui l'intéresse. C'est aussi le cas du regard que l'on porte sur une personne, de côté, de haut, par en bas, chacun la voit d'un œil différent. Autrement dit, l'angle sous lequel on regarde quelque chose ou quelqu'un influe sur notre opinion. C'est donc pour cette raison qu'il est normal que les évaluations soient différentes entre les amis, les alliés et les adversaires. Et parfois, les émotions interviennent dans les évaluations.
De même, dans notre discours, nous ne changeons pas d'opinion. Ce qui signifie que nous avons toujours parlé de partenariat national avec l'Etat et avec les autres composantes de la nation. Même avec nos adversaires et parfois ceux avec lesquels il y a un lourd contentieux, nous tenons le même langage. Nous n'avons ainsi jamais réclamé, même au plus fort de la tension et notamment au cours des dix derniers mois, la formation d'un gouvernement sans le Courant du Futur, les Kataëb et les Forces libanaises ou n'importe quelle composante du 14 Mars. Nous n'avons jamais dit cela et nous n'avons jamais demandé que telle ou telle partie ne participe pas au gouvernement. Nous n'avons jamais dit que nous refusons de nous asseoir à la même table que qui que ce soit du 14 Mars.
Au contraire, nous avons toujours appelé au partenariat national, à un gouvernement de partenariat national, d'union nationale. Nous avons toujours appelé au dialogue et au débat. Certes, cela ne signifie pas qu'une partie va imposer son opinion aux autres. Au contraire, nous essayons de convaincre. Dans ce contexte, nous ne nous sentons nullement coincés par la formation de ce gouvernement, puisque nous n'avons jamais dit : nous refusons de participer à un gouvernement qui regroupe X ou Y. C'est l'autre camp qui a un problème avec cela, puisque c'est lui qui a bloqué la formation du gouvernement pendant plus de dix mois sous prétexte qu'il veut un gouvernement neutre ou formé de technocrates. C'est aussi lui qui a appelé à isoler le Hezbollah et à l'exclure d'un gouvernement politique si finalement c'est ce type de gouvernement qu'il a falloir former. Le temps le plus long a été pris pour régler ce problème. C'est ensuite qu'il y a eu la question de la rotation des portefeuilles et en particulier celui de l'Energie. Ces questions-là ont été réglées rapidement, en deux ou trois semaines.
Malheureusement, la partie qui bloquait accuse l'autre de le faire. Lors des discussions, ils affirment que la décision de blocage vient d'Iran. Nous n'avons aucune honte de nos relations avec l'Iran. Mais, avec tous mes respects pour tout le monde, ceux qui ont ouvert la porte à la formation du gouvernement, à cette réalisation nationale, c'est Amal et le Hezbollah.
Notre position est forte et nous ne sommes ni faibles ni affaiblis, ni au Liban, ni en Syrie, ni même dans la région. Au contraire, les Américains reconnaissent aujourd'hui l'échec de leur politique et leur défaite. Certains pays arabes se sont retirés, des gouvernants ont changé. Si je dois faire une lecture régionale, je dis qu'aujourd'hui notre situation politique interne, régionale et internationale est meilleure qu'elle ne l'était au cours des trois dernières années. Mais il reste peu de temps avant l'échéance présidentielle. Si la situation reste telle quelle, cette échéance sera en danger.
Nous allons aussi vers des problèmes, si un gouvernement neutre est formé ou si un gouvernement du fait accompli est formé. Or, nous ne voulons pas de problèmes dans le pays. Nous ne voulons pas arriver à ce point. C'est pourquoi nous avons vu ce que nous pouvions faire pour ouvrir une porte. Nous nous sommes concertés avec Amal. Nos alliés peuvent nous en vouloir, c'est leur droit, mais avec Amal, nous étions les premiers concernés pour chercher à sortir de cette impasse. De toute façon, lorsque nous parlions de neuf ministres, nous pensions 5 pour les chiites et 4 pour le bloc du Changement et de la Réforme. Nous avons finalement accepté de renoncer à l'un des 5. Nous pensons que les garanties que nous souhaitons avoir nous pouvons les obtenir par d'autres moyens. Nous avons donc informé les parties concernées que nous acceptions de renoncer à l'un des 5.
C'est donc nous qui avons ouvert la porte. Et après dix mois de refus et de critiques, dans un moment politique et régional précis, on nous a répondu en acceptant de s'asseoir avec nous à une même table et en acceptant de participer avec nous au gouvernement.
C'est bien. Nous devons toujours saluer les attitudes positives. Il ne s'agit pas de faire de la dérision ou de l'ironie. Lorsque nous faisons une concession, nous n'attendons pas que l'autre se moque de nous et c'est la même chose dans le cas inverse. Au contraire, il faut apprécier cette situation et saluer le fait que toutes les parties cherchent à ouvrir les portes.
Le principal problème politique a été réglé. Seules sont restées le problème de la rotation et la distribution des portefeuilles. Il y a eu des discussions et des questions de solidarité. Chaque camp a le droit de réclamer le portefeuille de son choix. Nous ne nous arrêtons pas à ce sujet. Nous avons été solidaires de nos alliés jusqu'à ce que ce l'on aboutisse à une solution. Là aussi, c'est nous qui avons ouvert la porte. Si nous avions continué à insister sur la formule de « 9,9,6 » et que nul n'a fait des concessions, y aurait-il eu un gouvernement avant l'échéance présidentielle et où se dirigeait le pays ? Nul ne le sait.
Dans ce contexte, effectivement chaque peut dire qu'il a fait des concessions. Certes parties n'ont en fait rien donné et d'autres ont présenté plus de concessions plus que d'autres. Mais permettez-moi de dire que c'est nous la partie qui a fait le plus de sacrifices. Nous n'avons obtenu aucun acquis personnel. Jusqu'à la dernière minute, nous n'avons pas discuté des portefeuilles. Je sais que cela déplaît à une partie de notre base. Mais nous sommes ainsi faits. Et dans nos priorités, nous ne discutons pas des portefeuilles. A la fin nous avons demandé : quels portefeuilles vous nous avez laissés ? Car notre souci était que le gouvernement soit formé, parce que c'est dans l'intérêt du pays. C'est pourquoi dans l'évaluation, il ne faut pas mettre dans la balance les portefeuilles obtenus par le Hezbollah. C'est une fausse approche. Ce qui compte c'est le résultat, la grande opération politique et nationale que nous voulons pour le pays. Nous avons estimé que le pays se trouvait devant un croisement dangereux : soit la poursuite du vide et cela devenait dangereux. Nous n'avons d'ailleurs jamais voulu le vide. Les accusations en ce sens sont dénuées de tout fondement. C'est de la diffamation qui ne finira sans doute jamais, même si elle peut baisser maintenant que nous nous trouvons dans un même gouvernement. La poursuite du vide était malsaine et dangereuse sur tous les plans, économique, social, financier et sécuritaire. Tout comme la formation d'un gouvernement neutre était aussi un danger pour le pays, ainsi qu'un gouvernement du fait accompli. Il n'y avait donc plus qu'un seul choix, celui du gouvernement de compromis, qui rassemble, qui gère les conflits, appelez-la comme vous le voulez. Je crois d'ailleurs que l'appellation la plus appropriée est celle de gouvernement d'intérêt national. Certes je ne cherche pas à imposer un nom ou un titre, mais il me semble qu'elle est plus adéquate car le fait de dire qu'il s'agit d'un gouvernement rassembleur est inexact car certaines parties politiques sont restées dehors parce que ce n'était pas possible des les inclure dans les discussions. Beaucoup de nos alliés et de nos amis dans les forces nationales et islamiques ne participent pas à ce gouvernement. Nous sommes fiers de nos relations avec eux, mais les circonstances ne permettaient pas leur participation. Il ne s'agit donc pas d'un gouvernement rassembleur ni d'un gouvernement d'union, car certaines parties qui ont leur poids politique n'en font pas partie. C'est donc un gouvernement de compromis et d'intérêt général. Nous voulons en tout cas qu'il soit un gouvernement de rencontre entre ses différentes composantes.
Faites bien attention, nous n'allons pas à ce gouvernement pour y construire des barricades. En cette cérémonie d'hommage aux chefs martyrs, je dis clairement, nous n'allons pas pour construire des barricades, des barrages psychologiques, pour nourrir l'animosité et les rivalités. Au contraire, ce gouvernement peut briser les barrières psychologiques et faciliter le dialogue et les ententes. Il s'agit de transformer la tension dans la rue en dialogue autour d'une table, de faire donc baisser la tension, d'alléger le discours politique. C'est dans l'intérêt de tous et les gens pourront de nouveau se retrouver et les esprits se calmer. Tout cela peut se réaliser sur l'impulsion de ce gouvernement et c'est en tout cas ce que nous espérons. C'est dans cet esprit positif que nous participons à ce gouvernement. Des médias ont fait des évaluations, c'est leur droit. Ils ont dit que des personnalités de défi ont été choisies dans un camp et en réalité chaque peut se sentir défier par telle ou telle personnalité. Mais lorsque nous parlons de partenariat, chaque camp vient avec les personnalités de son choix et il faut l'accepter car cela fait partie du principe même du partenariat. Finalement, ce que nous voulons, c'est que les Libanais se retrouvent et que la tension baisse pour consolider la situation interne face aux menaces de discorde.
Comme l'a dit le Premier ministre, la priorité du gouvernement est d'organiser les échéances constitutionnelles prochaines et à leur tête l'élection présidentielle. Nous devons tous coopérer pour qu'elle ait lieu. Quant à ceux qui sont dérangés par ce gouvernement, ils devraient s'empresser de faciliter l'élection présidentielle pour qu'un nouveau gouvernement soit formé loin de toute pression et non dans l'urgence de l'approche des échéances. Cela devrait donc encourager tout le monde à faciliter l'échéance présidentielle et à ne pas vouloir le vide.
La première mission est donc la préparation de l'élection présidentielle et la seconde, toujours selon le Premier ministre, est la lutte contre toutes les formes de terrorisme. Nous souhaitons que le gouvernement remplisse cette mission. Cela relève essentiellement de la responsabilité de ceux qui ont pris en charge des portefeuilles sensibles, comme la Défense, la Justice, l'Intérieur et les Télécoms. Nous espérons que ce gouvernement avec à sa tête le Premier ministre et au-dessus, le chef de l'Etat assume pleinement la responsabilité de la lutte contre le terrorisme. Tout comme nous espérons qu'il traitera les questions sociales et économiques avec sérieux. Voilà en gros ce qui est attendu de ce gouvernement pendant la courte période qui nous sépare de l'élection présidentielle.
Dans le sujet gouvernemental, il nous reste à dire que certains amis et alliés et même des gens simples ont des appréhensions et des inquiétudes. Je voudrais suivre ces détails car je comprends ces craintes. Certains craignent donc que Omar el Atrache par exemple soit remis en liberté. Mais comment le ministre de la Justice, quel qu'il soit, pourrait-il remettre en liberté un homme qui a avoué conduire des voitures piégées et transporter des kamikazes ? Comment pourrait-on relâcher Naïm Abbas ? Concernant les trois femmes, certains disent que deux d'entre elles n'ont rien à voir et que c'est la troisième qui est coupable. C'est possible, mais si les trois avaient été relâchées, il y aurait eu un grave problème dans le pays. En tout cas, ce sujet n'est pas une question de ministre. Il y a des faits et un processus. De toute façon à ceux qui ont des appréhensions, je voudrais dire que nous sommes là, nos alliés aussi. Nous savons ce que nous faisons et il ne faut pas avoir peur.
Dans cette période, nous voulons rassembler le pays et éviter l'effondrement, nous devons donc nous supporter les uns et les autres, oublier les déclarations provocatrices et chercher ce qui rassemble. C'est pourquoi vous avez constaté que je n'ai pas répondu ce soir aux accusations blessantes qui nous ont été adressées. Mettons cela de côté, nous nous dirigeons vers une nouvelle période. L'intérêt du pays, l'intérêt national et sécuritaire exige de nous que nous sachions arrondir les angles. Nous sommes d'ailleurs connus pour être des gens capables d'endurance, de patience, de sacrifices. C'est notre esprit et notre passé et notre public a toujours supporté avec nous les souffrances.
Il arrive que l'homme n'obtienne pas tout ce qu'il veut et il faut parfois coopérer tous ensemble pour atteindre le principal, le plus important et mettre de côté les choses secondaires.
Avant de conclure, je voudrais rendre un vibrant hommage au peuple de Bahreïn courageux et opprimé, trois ans après le début de son mouvement et de sa révolution noble, pacifique et civilisée. Je salue ce peuple qui continue à protester avec des moyens nobles et sans violence en dépit de l'oppression dont il est victime de la part d'un pouvoir qui lui a été imposé par une réalité régionale précise et par la force.
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En dernier lieu, je voudrais dire à nos frères palestiniens dans les camps de faire des efforts. Je dis aux ulémas et aux responsables des différentes factions palestiniennes, d'aller vers les gens de discuter avec eux, de rester vigilants d'autant que certaines parties insistent pour impliquer les Palestiniens dans les actes que j'ai évoqués plus haut.
Je dis aux palestiniens, aux Libanais, aux Syriens et à tous les peuples arabes, à tous les parties et forces arabes et à toutes les forces nobles dans le monde et dans notre région, à tous ceux qui se sentent concernés par la Palestine, par le Liban et par la Syrie, à tous ceux qui ne veulent pas donner des chances à «Israël», en plongeant la région dans une guerre communautaire qui ne finirait pas avant des décennies ; faites en sorte que s'arrête la guerre en Syrie. Arrêtez la guerre contre la Syrie. Sortez les combattants étrangers de Syrie et permettez aux syriens de se réconcilier, comme ils le font dans certaines régions. Nous devons faire arrêter la guerre en Syrie, pour la Syrie, mais aussi pour la Palestine, pour le Liban et pour l'ensemble de la oumma. Nous espérons que cette chance ne sera pas bradée. En cette journée d'hommage aux chefs martyrs, nous rappelons notre engagement de continuer sur la voie qu'ils ont tracée, de préserver leur volonté, leur pureté, de poursuivre la lutte vers pour que ce pays et cette oumma aillent vers le meilleur.
Traduit par Al-Ahednews
Je rends aussi hommage aux martyrs tombés dans les dernières explosions qui ont frappé plus d'une région libanaise, ces enfants, ces femmes, ces vieux, ces grands, ainsi que leurs familles et je leur transmets mes condoléances et ma compassion, tout en les invitant à la patience. Je souhaite aussi le rétablissement aux blessés et à tous ceux qui ont subi les conséquences de ces explosions, dans leurs biens, leur dignité et dans leur avenir et je leur demande d'être ce qu'ils ont toujours été, des visionnaires prêts aux sacrifices, généreux et sages, dévoués à leur cause et à leur patrie.
Chers frères et sœurs, j'ai besoin aujourd'hui d'un peu plus de temps que d'habitude, car je voudrais évoquer de nombreux sujets, surtout que je n'ai pas pris la parole en public depuis quelque temps. Je voudrais donc développer trois sujets principaux : d'abord, le dossier israélien et le lien avec la résistance et les résistances. Je n'évoquerai pas beaucoup le passé mais j'essaierai de parler du présent. Le second sujet est lié à la confrontation actuelle au Liban et en Syrie, ainsi que dans la région. Je parlerai de la menace actuelle et des défis politiques et sécuritaires. Enfin, le troisième sujet porte sur le nouveau gouvernement. S'il reste du temps, j'aurai encore un mot de conclusion.
Au sujet des chefs martyrs, je commence par une constante élémentaire, pourtant oubliée hélas par beaucoup de gens, «Israël». Lorsque nous parlons de sayed Abbas, de cheikh Ragheb, de hajj Imad et de tous les martyrs, nous devons évoquer le projet qu'ils ont combattu et affronté, et donc nous devons parler de l'ennemi, «Israël», ses ambitions, ses menaces et le danger qu'il représente pour tous les pays de la région et pour toutes les populations arabo-musulmanes.
Nous devons aussi évoquer l'exploitation maximale qu'il fait de la situation actuelle, avec l'aide et l'appui de l'administration américaine. Je vais limiter mes propos sur les dangers que cela représente pour la Palestine et le Liban, car le temps manque pour évoquer les dangers que représente le projet sioniste pour toute la région. C'est vrai que j'en ai déjà beaucoup parlé, mais nous avons parfois besoin de rappeler certaines choses...
Est-il besoin de rappeler la menace israélienne sur la Palestine, en tant que terre, sur son passé, sur son avenir, sur son existence et son entité, sur ses symboles religieux chrétiens et musulmans, sur tout le peuple palestinien, en Palestine et dans la diaspora. Ce sont des choses élémentaires dont les gens parlent depuis des années, mais qui ont disparu aujourd'hui des débats.
Aujourd'hui, chaque peuple est occupé par les problèmes de son propre pays. Certains pays sont même le théâtre d'affrontements sanglants et de combats militaires féroces. Nous sommes malheureusement arrivés à une étape où personne ne parle plus de la Palestine et où personne ne veut plus parler de l'ennemi israélien.
Je m'attends même à ce que certains disent : «Sayed, vous êtes encore là et les gens sont ailleurs. De quoi parlez-vous donc ?». C'est justement l'expression de la situation dans laquelle nous nous trouvons. C'est aussi ce qu'ont exactement voulu les américains et les Israéliens pour les peuples de la région, leurs gouvernements et leurs Etats après les victoires enregistrées par l'axe de la résistance Palestine, au Liban, en Syrie et en Iran.
Il est donc demandé que nous oubliions la Palestine et que nous la sortions de nos priorités, ainsi que la lutte contre l'ennemi israélien. Les Américains et les Israéliens ne veulent pas que la Palestine soit en bas dans la liste des priorités. Ils veulent la sortir des esprits, des cœurs et des émotions des arabes et des musulmans. Je vais parler en toute franchise : ils veulent que nous arrivions à un stade où lorsque je parle de la Palestine, on me dise : «Fichez-nous la paix avec votre Palestine». C'est à ce stade qu'ils veulent que les populations arabes et musulmanes au Liban, en Syrie, en Egypte, en Irak ; en Jordanie et dans tous les pays de la région, arrivent. Ils veulent que nous arrivions à un degré, où, même sur le plan des émotions, la Palestine soit pour nous sur une autre planète. Ceci engage aussi une responsabilité palestinienne, soit dit entre parenthèses. S'il reste du temps, je pourrais en parler.
Il faut reconnaître qu'ils ont réussi en grande partie, dans ce plan. Mais il n'est pas trop tard. Il est encore possible de prendre des options différentes et de faire les bons choix. Comment en effet expliquer les efforts exceptionnels déployés par le Département d'Etat américain et par M. John Kerry en personne pour aboutir rapidement dans les prochains mois à un accord entre les Palestiniens et les Israéliens ? Pourquoi maintenant ? La question ne doit-elle pas être posée ?
Que certains responsables israéliens critiquent John Kerry n'est qu'une manœuvre à laquelle nous sommes habitués pour faire croire que Kerry est un médiateur honnête puisqu'il est critiqué par toutes les parties. L'administration américaine cherche aujourd'hui, avec l'administration sioniste à liquider la cause palestinienne. Elles estiment que c'est le moment. Pourquoi ? En toute simplicité parce qu'il n'y a pas actuellement de monde arabe. Avant cela, il y avait un peu de monde arabe. Dans le sens où certains disaient qu'il y a une initiative arabe, des conditions arabes, des gardes fous, des limites. Aujourd'hui, il n'y a pas de monde arabe ni de monde musulman, car chaque Etat est occupé par ses problèmes internes et il n'y a pas de temps pour s'occuper de la Palestine et nul n'a le temps de faire des pressions sur les Etats-Unis ou sur les Israéliens en faveur de la Palestine.
Au contraire. Aujourd'hui la situation arabe pèse sur les Palestiniens eux-mêmes. Car chacun veut désormais faire en sorte de régler ses problèmes personnels aux dépens de la cause palestinienne. Il cherche à présenter des concessions aux américains sur le dossier palestinien pour maintenir son pouvoir ou pour arriver au pouvoir. Malheureusement, même les populations sont désormais ailleurs. Les Palestiniens eux-mêmes sont dans une situation difficile à cause de leurs divisions, le gouvernement de Ramallah et celui de Gaza. Ils sont soumis à toutes sortes de pressions internationales, arabes et sur le terrain. Ils sont tués, emprisonnés et encerclés. C'est la réalité qu'«Israël» considère comme une chance. Les Israéliens parlent avec les Américains en disant que c'est une chance pour liquider la cause palestinienne. Ils veulent en profiter et imposer aux Palestiniens des conditions qui servent les intérêts américains et israéliens. Il est quand même encore possible d'arrêter ce processus.
Sur le plan national libanais, il faut rappeler qu'«Israël» est un ennemi et un danger pour le pays, pour la terre, la population, les ressources en eau et pétrole et pour la souveraineté. Il faut toujours se rappeler cela. D'autant que dans le passé et aujourd'hui, il y a des tentatives pour minimiser cette menace et pour la banaliser.
Dans les années précédentes, l'imam Moussa Sadr - que Dieu le ramène sain et sauf avec ses compagnons- et d'autres leaders politiques et nationaux de toutes les confessions, mettaient l'accent sur ce danger. Depuis les années 50, ils élevaient la voix contre ce danger et appelaient à se préparer pour l'affronter. Ce fut l'invasion de 1982. Cheikh Ragheb, sayed Abbas et d'autres ont élevé la voix pour alerter les gens et les pousser à assumer leurs responsabilités, les inciter à la résistance. Le Liban était alors plongé dans la guerre civile et ils appelaient les gens à comprendre qu'«Israël» est l'ennemi et que c'est contre lui que doivent être pointés les fusils. Cela n'a malheureusement pas eu seulement lieu dans le passé. Nous vivons actuellement la même situation mais sous un autre titre. Malheureusement en 1982, certains Libanais considéraient qu'«Israël» n'avait pas de problème avec le Liban et avec les Libanais mais avec les Palestiniens, avec l'OLP et avec la résistance palestinienne. Les Israéliens ont donc envahi le Liban pour en chasser les Palestiniens. Ils n'ont donc pas d'ambitions au Liban. Ils respectent notre souveraineté et ne veulent pas s'emparer de nos richesses. Ils ne veulent pas intervenir dans notre situation politique. En d'autres termes, pour ceux-là, «Israël» ne représente pas une menace pour le Liban. Je rappelle cela parce que les jeunes Libanais et arabes n'ont pas vécu cette période.
Que s'est-il passé par la suite ? L'OLP et les différentes organisations palestiniennes ont quitté le Liban. Les pires massacres ont été accomplis dans certains camps, notamment ceux de Sabra et Chatila, mais «Israël» est resté au Liban. L'armée israélienne a continué à occuper la terre libanaise et elle a voulu imposer son hégémonie, des choix et des accords politiques au Liban. Elle a tué, arrêté, construit des prisons dans lesquelles des milliers de Libanais et de Palestiniens des camps ont été enfermés et elle se préparait, si cela la situation s'était stabilisée, à construire des colonies de peuplement dans le Sud du Liban. Ce sont les Israéliens eux-mêmes qui l'ont dit par la suite.
Sans le déclenchement de la résistance, dans toutes ses factions et ses couleurs, et sans le camp sanglant que les résistants libanais ont mené contre les forces d'occupation, nous savons tous que les Israéliens ne seraient pas partis de Beyrouth, de la montagne, de Saïda, de Tyr, de Nabatiyé et de la bande frontalière. A cette époque, la résistance ne représentait pas une menace stratégique ou existentielle pour l'entité israélienne. Dans ce cas, pourquoi les Israéliens voulaient-ils rester dans la bande frontalière ? Tout simplement pour consacrer un état de fait et parce qu'ils ont des visées sur le Liban. Cela aurait donc été possible sans la résistance menée après 1985.
Donc, sans la résistance, les forces israéliennes seraient restées au Liban et ceux qui ont encore des illusions auraient eu la certitude qu'elles ont des ambitions au Liban, qu'elles souhaitent imposer leur hégémonie et qu'elles ne veulent aucun bien pour toutes les communautés libanaises sans distinction.
Les Libanais doivent toujours revenir aux expériences du passé, les maronites, les druzes, les chiites, les sunnites, tous ont leur propre expérience avec les Israéliens, dans la montagne, à Beyrouth, à l'est de Saïda, à Saïda, dans la bande frontalière et enfin avec l'armée d'Antoine Lahad. Toutes ces expériences doivent rester présentes à l'esprit car les Israéliens restent toujours les ennemis et ils restent le projet et la menace dont il faut tenir compte.
Au cours des dernières semaines, les Israéliens ont tenté de saisir les chances offertes pour mener une guerre psychologique dure sur la résistance et son environnement au Liban. C'est pourquoi nous avons entendu récemment des menaces et des promesses dans le genre nous allons bombarder, détruire, effacer... Au Liban nombreux sont ceux qui n'écoutent pas ces menaces parce qu'elles ne s'inscrivent pas dans le cadre de leur intérêt. Mais les Israéliens ont considéré que la profonde division entre les Libanais est une chance à saisir, ainsi que les combats en Syrie. L'ennemi israélien a donc pensé que c'était le bon moment pour attaquer la résistance au Liban, croyant qu'elle est isolée et seule. Il a cru pouvoir en profiter pour exercer des pressions sur elle, tout en menant des agressions çà et là. Il est certain que les Israéliens continuent à avoir des visées sur nos ressources, notre eau et notre pétrole et ils continuent à considérer le Hezbollah comme la plus importante menace dirigée contre eux dans la région. Ils l'ont répété par la voix de leurs responsables dans des congrès qui se sont tenus récemment chez eux. Bien entendu, la Syrie et l'Iran sont aussi des menaces, mais la résistance au Liban est une menace directe pour leurs ambitions, leurs visées et leurs projets.
Aujourd'hui, dans le cadre de cet hommage à nos chefs martyrs, je dis à l'ennemi et à l'ami que l'ennemi sait qu'il ne nous fait pas peur, et qu'il ne peut pas affaiblir notre détermination, notre conscience des faits et notre volonté après cette longue expérience avec lui et les grandes réalisations de la résistance qui a réussi à infliger de sérieuses défaites à l'ennemi. Il sait aussi que la résistance reste en état d'alerte, en dépit de tout ce qui se passe au Liban et en Syrie. Il sait encore que tout ce qu'il craint chez la résistance est en train de se développer et de se renforcer. Si celle-ci a des martyrs qui tombent en Syrie- et dont elle est fière-, cela ne la rend que plus forte en lui donnant encore plus d'expérience, de connaissance et de compétence. Elle est donc plus habilitée à mener des confrontations plus importantes que celles menées dans le passé contre l'ennemi.
Concernant le Liban, celui qui doit être inquiet, c'est donc l'ennemi. La population de l'entité israélienne doit être inquiète et l'ennemi doit continuer à craindre la résistance, sa capacité et sa vigilance et surtout ne pas faire de faux calculs basés sur une mauvaise lecture des développements libanais et régionaux.
J'appelle les Libanais à rester en état d'alerte au sujet de la menace que représente «Israël» pour toutes les composantes libanaises et à assumer leurs responsabilités dans ce domaine.
Dans mon discours à l'occasion de la victoire divine, le 22 septembre 2006, j'avais dit, entre autres choses, que nous attendons le jour où nous aurons un Etat fort, capable de protéger et de défendre le pays face à l'ennemi israélien, pour que nous puissions enfin nous reposer, revenir à nos maisons, à nos travaux, à nos écoles et à nos universités.
Je répète aujourd'hui ce que j'avais dit alors : nous attendons, et nous espérons que le jour où l'armée libanaise, cette force nationale, soit suffisamment forte pour être en mesure de protéger et de défendre seule le Liban. A ce moment-là, nous rentrerons chez nous, à nos occupations. Nous sommes avec tout ce qui renforce l'armée, en équipement, en moyens, en effectifs. Nous voulons qu'elle soit dotée d'armes sophistiquées capable de lui permettre de défendre le Liban face aux menaces israéliennes.
Les prochains jours et les expériences montreront s'il y a quelqu'un, quelque part dans le monde, qui souhaite donner à l'armée des armes sophistiquées. Si cela arrive et si les armes arrivent réellement à destination, nous remercierons tous ceux qui donneront au Liban cet élément de force. Tout notre souci et notre objectif, au cours des trente dernières années, c'est que le Liban puisse se défendre et se protéger, protéger sa population, sa dignité, sa souveraineté et son prestige, ses biens et ses ressources. Dans le passé, le Liban a été livré à son sort et il l'est encore aujourd'hui. Nous souhaitons qu'il y ait une volonté nationale générale et un Etat véritable, fort qui se soucie de chaque pousse de notre territoire, de chaque Libanais aussi, de chaque région et du sort de tout le Liban, qui formera une armée capable d'assumer toutes les responsabilités nationales.
Je passe maintenant au second point. Mais auparavant et pour faire la transition, je développerai le point suivant qui devrait aider à comprendre la confrontation dans la période actuelle:
Juste pour la mémoire, et pour que nos jeunes générations l'apprennent, il faut se rappeler qu'en 1982, en 200 et en 2006, une partie des Libanais a toujours fait assumer à la résistance la responsabilité des agressions de l'ennemi. Autrement dit, lorsque l'ennemi israélien bombardait les villages, arrêtait les gens et lançait des attaques contre des localités sans distinction, avant de se retirer de la bande frontalière, certains s'empressaient d'accuser la résistance d'être responsable de ces agressions car elle menait des opérations contre les occupants israéliens. Ces gens estimaient qu'il ne fallait rien faire contre les Israéliens car si on les laisse en paix, ils ne feraient rien. Même en 2000, certains n'ont jamais utilisé le terme de martyr pour évoquer les morts de la résistance, ni qualifié «Israël» d'ennemi. Ceux-là préféraient parler de cycle de violence et ils ne voulaient pas donner à ceux qui luttaient en toute noblesse contre l'occupant le nom de résistants.
Si, à cette époque, nous avions écouté cette logique, qui aboutit à «une politique d'enlever les prétextes», comment aurions-nous protégé le Liban. Nous enlevons les prétextes et le Liban reste sous occupation. Voilà ce qu'aurait été le résultat. Si nous avions écouté cette logique, «Israël» serait encore à Beyrouth et dans la montagne et il aurait continué jusqu'à Tripoli, Baalbeck et le Hermel. «Israël» serait en train de construire des colonies au Liban, nommerait les membres du gouvernement, dirigerait le pays et y imposerait ses choix politiques, en volant l'eau que nous ne savons pas, nous, Libanais, comment exploiter. Aujourd'hui, même nos ressources pétrolières seraient entre les mains des Israéliens. C'est à cela que nous aurait menés la logique qui veut que toutes les agressions israéliennes ne sont qu'une réaction naturelle aux attaques dont leurs forces font l'objet. Cette tendance existait bel et bien au Liban et elle a même été consolidée par des analyses politiques et des pressions culturelles. Mais cette résistance et un grand nombre de Libanais n'ont pas cédé devant ces pressions politiques, médiatiques et intellectuelles. Ils ont continué à défier l'ennemi, ses prisons et sa violence. Ils ont continué à faire des sacrifices jusqu'à réaliser la libération que nous célébrons chaque année et dont tous les Libanais jouissent désormais, ceux qui ont souffert et payé le prix fort pour cela et ceux qui n'ont rien fait. Il faut donc garder cela à l'esprit, avant de passer au second sujet.
La seconde menace qui pèse aujourd'hui sur les Etats et les peuples de la région, exactement à l'instar d'«Israël» qui menace les Etats, les gouvernements et les populations de la région, c'est le terrorisme takfiriste.
En toute franchise, le takfirisime, à lui seul, ne représente pas une grande menace. En d'autres termes, si quelqu'un me dit : vous êtes un kafer, cela m'importe peu car je n'attends pas de lui un certificat de bon musulman. Qu'il pense de moi ce qu'il veut, c'est son problème. Nul ne peut donner des certificats de bon croyant. Au final, la clé du paradis n'est pas entre les mains de celui qui lance de tels jugements et ce n'est pas lui qui choisit qui a le droit d'y entrer ou non.
Le problème n'est donc pas seulement dans le takfirisme. Il est dans le fait que les takfiristes rejettent tous ceux qui ne partagent pas leur vision et vont directement jusqu'à violer leur intégrité. Ils cherchent à les éliminer physiquement et violemment. Je n'ai pas besoin de donner des preuves. Tout cela est connu de tous dans la région.
Or, ce terrorisme takfiriste est présent aujourd'hui dans toute la région. Il est formé de groupes armés présents dans la plupart des pays de la région. Peut-être même dans tous, d'ailleurs. Ces groupes et ces courants utilisent des méthodes violentes d'exclusion et d'élimination à l'égard de tous ceux qui ne sont pas comme eux et ne partagent pas leurs vues. Il ne s'agit donc pas d'une affaire de sunnites, de chrétiens, de druzes, de chiites ou de alaouites. Tous ceux-là sont bien sûr leurs ennemis, mais aussi les sunnites qui ne partagent pas leurs vues. La chose la plus facile pour eux est de lancer l'accusation : vous êtes un kafer hérétique et renégat.
Daech n'a-t-elle pas porté ce jugement contre le front al Nosra il y a quelques semaines ? Ils avaient pourtant la même vision, le même «guide», le même esprit et les mêmes convictions. Ils avaient aussi les mêmes tenues, les mêmes approches, le même langage et la même logique. Lorsqu'ils ont eu un conflit sur des questions politiques ou d'intérêts (peut-être s'agissait-il de l'exploitation d'un puits de pétrole ou du partage du butin), ils se sont lancés des accusations d'être des kouffars, avec tout ce que cela entraîne. Cela est devenu clair aujourd'hui dans toute la région. Donc, même dans le cadre d'une divergence mineure qui ne porte pas sur des questions de fond, ils lancent des accusations qui favorisent l'élimination de l'autre...
Il faut, à cet égard, regarder avec attention les combats féroces qui opposent depuis quelques semaines les hommes de Daech et ceux d'Al Nosra en Syrie. Il faut s'arrêter sur ces images, pour en tirer les leçons qui s'imposent.
L'observatoire syrien proche de l'opposition est en train de parler de plus de 2000 morts causés par les combats entre les deux factions de l'opposition en quelques semaines. Les attaques suicidaires entre eux se comptent par dizaines au cours des deux semaines et elles ne font aucun cas des villages pleins de civils. Ceux-ci deviennent les cibles des attaques aux voitures piégées juste parce qu'ils sont soupçonnés d'être des sympathisants d'Al Nosra ou de Daech. Les femmes et les enfants ne sont pas épargnés. Des massacres collectifs sont perpétrés et les victimes entassées dans des fosses communes. Sur quoi ces deux factions sont-elles en conflit ? Elles ont les mêmes méthodes, la même pensée, la même confession, le même émir et les mêmes objectifs ! Elles sont donc en conflit sur des intérêts propres. Regardez bien ce spectacle. Il vous montrera quel esprit est celui des chefs de ces groupes. Ce n'est certes pas une surprise. Nous avions prévu cela, pas parce que nous sommes plus perspicaces que les autres mais ceux qui ont suivi les expériences passées prévoient forcément cette suite des événements.
L'expérience d'Afghanistan est encore présente dans les mémoires. Les groupes extrémistes afghans ont combattu l'une des plus puissantes armées du monde, celle de l'URSS. Les soldats soviétiques se sont retirés du pays. Dans les groupes extrémistes, certains sont porteurs de l'esprit takfiriste et ils se sont mis à tuer ceux qui ne partagent pas leur avis. Ce qui est contraire à l'islam et à la religion du Prophète. Les groupes sont donc entrés dans une guerre sanglante entre eux. Ces combats ont fait plus de victimes que la guerre contre les soviétiques. Ils ont détruit des villages, fait des blessés et abouti à la mort de grands chefs extrémistes. Et aujourd'hui, où va l'Afghanistan ? Depuis le retrait des troupes soviétiques, ce pays a-t-il connu un seul jour sans morts de façon violente, sans exode, sans destructions et sans difficultés ?
A ceux qui disent que les Afghans sont un peuple des montagnes, dur, je donnerai l'exemple de l'Algérie. Qu'ont donc fait à l'Algérie les groupes armés et à qui ont abouti leurs guerres internes ? Je crois que cela suffit en matière d'exemples, pour avoir le temps d'évoquer d'autres sujets. Voilà donc le paysage et nous devons tirer les leçons qui s'imposent.
J'en arrive au Liban. Nous avons eu des explosions et des attentats dans plus d'une région du pays qui ont visé les citoyens, des femmes, des enfants, des gens ordinaires. Nous disions depuis le début. Pourquoi et qui fait tout cela ?
Certains accusaient le régime syrien, d'autres les services de renseignements syriens, d'autres encore pointaient du doigt le Mossad. Nous autres, nous disions : attendons avant de lancer des accusations. Les coupables apparaîtront. Ils ne sont pas secrets. Non, ils vont vers une guerre ouverte. C'est pourquoi ils mettent des vidéos sur internet et révèlent l'identité des kamikazes, tout en annonçant leurs cibles. Par conséquent, il n'y a plus lieu d'ouvrir un débat sur la question. Ceux qui se tiennent derrière les attentats suicide sont les groupes takfiristes. Si quelqu'un veut encore discuter, nous dirons qu'il est certain que les Israéliens ont infiltré ces groupes et les utilisent. Ils l'ont fait en Irak et ailleurs pendant longtemps. Mais il n'y a pas de débat sur l'identité des auteurs des attentats. Ils sont connus. Untel est Libanais, tel autre est palestinien, Syrien, Saoudien, Maghrébin, Irakien. Ce sont eux qui dirigent ces groupes et les attentats au Liban. Ce qui exprime à la perfection la réalité de cet esprit et de ces méthodes.
Il y a eu un débat au Liban sur la base de ces attentats kamikazes. Comme d'habitude, nous nous sommes divisés sur la question. Certains ont dit que ces attentats n'auraient pas eu lieu si le Hezbollah n'était pas intervenu militairement en Syrie. Et depuis, ceux-là suivent cette logique qui trouve des excuses aux attaques kamikazes. Cette logique continue d'exister et elle continuera de le faire, même si nous nous retrouvons tous au sein d'un même gouvernement. Cette logique restera et c'est une partie du conflit politique dans le pays.
Je voudrais toutefois m'arrêter un peu sur cette logique. Avant l'intervention du Hezbollah en Syrie, ceux-là n'ont-ils pas imposé une guerre au Nord, dans certains camps palestiniens et dans certaines régions ? N'ont-ils pas envoyé des voitures piégées et attaqué des régions chrétiennes et l'armée ? Nous ne voulons pas dresser une liste, mais cela existe. C'est même arrivé avant le déclenchement de la guerre en Syrie. Les médias peuvent le vérifier.
Mettons donc cela de côté. Face à cette logique, il y a deux hypothèses : soit ces attaques sont liées à notre intervention en Syrie, soit elles ne le sont pas. Il n'y en a pas de troisième. Mais dans tous les cas, que ce soit lié à notre intervention en Syrie ou non, ils voulaient ouvrir un front au Liban. Nous pensons bien sûr que la seconde hypothèse est la vraie. Pour nous, le Liban est l'une des cibles des groupes takfiristes. Ils l'ont dit eux-mêmes sur internet et sur les réseaux sociaux en affirmant que pour l'instant, le Liban est une terre de soutien, non de jihad. Ces groupes avaient donc au début pour priorité de contrôler les régions frontalières avec la Syrie au Nord et dans la Békaa. Il s'agit donc d'une simple question de temps. Ils ont décidé de venir au Liban un jour ou l'autre, avant ou après, la décision est prise. Ils l'ont dit et annoncé. Donc, en principe, le Liban est une cible pour les groupes takfiristes. Le Liban est une partie de leur projet. Si, en plus, les Israéliens et les Américains ont infiltré ces groupes, il est certain que le Liban fera partie de leur projet, car les Israéliens et les Américains veulent effriter la région. Et la Syrie et le Liban sont importants dans ce cadre. Au Liban, il y a une résistance qui représente une menace pour le projet israélien dans la région.
C'est pourquoi, à nos yeux, ces groupes allaient certainement venir au Liban. Et ce n'est pas l'intervention du Hezbollah qui les a poussés à venir au Liban. C'est simplement prévu dans leur projet et leurs méthodes. Ils voulaient donc ouvrir un front au Liban. Supposons que ce soit une logique.
Il y en a une autre. Je vais donc supposer qu'effectivement, ceux qui sont morts dans les attentats kamikazes ont payé le prix de l'intervention du Hezbollah en Syrie. Je vais être franc. Si nous acceptons cette logique, nous devons nous poser la question suivante : l'action que nous avons accomplie en nous battant à Qousseiyr et autour de Damas ( puisque c'est dans ces deux régions que nous avons essentiellement participé aux combats) mérite-t-elle ces conséquences ? Nous avons combattu dans ces deux régions parce qu'elles sont limitrophes du Liban et si, à Dieu ne plaise, elles seraient tombées entre les mains des takfiristes, toutes les régions frontalières du Liban seraient sous le contrôle de ces groupes. Cette action mérite-telle des réactions de ce genre ? Je reviens ici à ce que j'avais dit au sujet des Israéliens. On nous avait reproché de provoquer les Israéliens et de susciter ainsi des réactions violentes contre la population et les villages. On justifiait ainsi les agressions israéliennes. Aujourd'hui, on justifie de la même manière les attentats perpétrés par les groupes takfiristes.
Comme je l'ai déjà dit, nous avons longuement expliqué les raisons de notre intervention en Syrie et pourquoi elle continue. Nous avons aussi expliqué pourquoi nous serons là où nous devons être. En d'autres termes, il n'y aucun changement à ce sujet. Au contraire, les données renforcent les convictions des gens sur la justesse de notre décision. Je ne vais donc pas revenir au début, mais parler des nouvelles données régionales et internationales. Aujourd'hui, la plupart des pays qui ont financé, encouragé, envoyé et facilité l'arrivée des combattants étrangers en Syrie, commencent à exprimer leurs craintes face à une éventuelle victoire de ces combattants en Syrie, à cause de leur retour probable chez eux et en particulier dans les pays voisins de la Syrie.
Ces pays craignent le retour des combattants étrangers et la menace qu'un tel retour représente pour eux. Est-ce vrai ou non ? Suis-je en train d'inventer cette crainte ? Tout le monde sait qu'il existe actuellement des réunions entre les services de renseignements occidentaux et non occidentaux pour voir comment traiter cette éventualité. Si ces groupes remportent une victoire en Syrie, ( A Dieu ne plaise), ils auront une large base à partir de laquelle se lancer vers le reste du monde. La Syrie sera dans une situation pire que celle de l'Afghanistan. De même, s'ils sont défaits et ils veulent se retirer de Syrie et rentrer chez eux, c'est aussi un problème. Dans les deux cas, les pays qui les ont aidés se trouvent face à un grave problème qu'ils ont eux-mêmes créé. Ce débat existe-t-il ou non aujourd'hui dans le monde ?
Certains pays sont en train de voter des lois interdisant à leurs citoyens de se rendre en Syrie pour se battre. La Tunisie par exemple l'a fait. Pourquoi l'a-t-elle fait, après avoir appuyé la révolution en Syrie, si le danger n'était pas réel et si elle n'avait pas eu des problèmes avec des combattants tunisiens rentrés de Syrie? Ces Tunisiens ayant participé aux combats en Syrie ont fait subir à leur pays ce que certains pays de la région subissent aujourd'hui. Ils ont accompli chez eux des attentats terroristes, commis des assassinats, des agressions et des mouvements de révolte...Les Tunisiens se sont réveillés et ils ont compris que s'ils ne réagissaient pas, ceux-là parviendraient à semer le désordre dans le pays. Ils ont donc eu le courage de prendre des mesures préventives.
Certains diront que la Tunisie est lointaine. L'Arabie saoudite les intéresse bien plus. Justement, que s'est-il passé en Arabie au cours des dernières semaines ? Quelles mesures ont-elles été prises ? Une campagne médiatique, culturelle et religieuse a été lancée contre les cheikhs saoudiens qui encouragent les jeunes du pays à aller se battre en Syrie. S Une campagne médiatique, culturelle et religieuse a été lancée contre les cheikhs saoudiens qui encouragent les jeunes du pays à aller se battre en Syrie. S'agit-il d'une campagne individuelle ? Non, il s'agit d'une politique officielle. Il y a actuellement une grande campagne contre ceux qui incitent les jeunes saoudiens à se rendre en Syrie. Cela fait pourtant trois ans qu'ils le font. Pourquoi dans ce cas lancer cette campagne maintenant ?
De même, une décision légale a été prise qui prévoit l'emprisonnement de 3 à 20 ans pour les saoudiens civils qui se battent hors du pays et de 5 à 30 ans pour les militaires saoudiens qui se battent hors du pays, donc en Syrie, puisque c'est la scène vers laquelle tous les jihadistes se dirigent. Pourquoi cette décision ? L'Arabie saoudite a-t-elle changé sa position stratégique par rapport à la Syrie ? Non, le royaume continue de fournir l'argent et les armes et continue à mener sa guerre totale contre le régime dans les médias, sur la scène politique et au Conseil de sécurité. Seulement, il y a désormais une décision claire qui empêche les jeunes saoudiens de se rendre en Syrie. En même temps, les ambassades saoudiennes dans les pays voisins de la Syrie, en Turquie, au Liban et en Jordanie ont annoncé qu'elles sont prêtes à accueillir les jeunes saoudiens qui sont en Syrie et à les aider à légaliser leur situation.
Pourquoi ? Pouvons-nous répondre à cette question ? Sachant qu'au cours des trois dernières années, les médias saoudiens, officiels et privés, les cheikhs, les réseaux sociaux et même les renseignements saoudiens finançaient et enrôlaient des jeunes pour aller se battre en Syrie. Que s'est-il donc passé ? Le gouvernement saoudien a tout simplement pris conscience du fait que lorsque ces jeunes reviendront au pays, une catastrophe aura lieu. Exactement comme cela s'est passé après l'Afghanistan. Avons-nous oublié ce qui s'est passé en Arabie saoudite après le retour des moujahidins d'Afghanistan et du Pakistan ? Il y a eu des assassinats, des explosions, des attaques suicides et des affrontements sanglants entre les groupes d'Al Qaëda et l'armée saoudienne. Pouvons-nous oublier cela ? Le gouvernement saoudien s'est rendu compte que s'il continue sur la même lancée, les jeunes qui se battent en Syrie et qui ont acquis une grande expérience et sont dans la mouvance d'Al Qaëda pourraient en revenant au pays y causer de nombreux problèmes, voire une catastrophe. C'est donc pour protéger le pouvoir saoudien que ces décisions ont été prises. Il est donc désormais interdit aux jeunes saoudiens de se battre à l'étranger et cette décision ne vise pas à empêcher la discorde, la guerre et les destructions en Syrie, mais par souci de la situation interne saoudienne. C'est bon. Tout ce qui pousse à éviter de jeter de l'huile sur le feu peut être utile.
Mais c'est une donnée dont il faut tenir compte. Et là, je voudrais demander aux Libanais : pourquoi les Etats-Unis, la France, la Belgique, le Canda, tous les pays du monde y compris l'Arabie, la Tunisie etc ont le droit d'avoir peur de la présence de leurs jeunes en Syrie, alors que nous, les voisins de la Syrie, dont la vie est liée aux événements en Syrie, nous n'avons pas le droit d'avoir ces mêmes craintes ? Pourquoi n'avons-nous pas le droit de prendre des mesures préventives et même de mener une guerre préventive pour nous protéger de l'arrivée de ces jeunes ? Qu'ont donc fait le gouvernement (dont nous faisions partie) et l'Etat libanais face à cette menace ? Ils se sont contentés de «rester à l'abri». Ce qui veut dire qu'ils ont enfoui leur tête dans le sable.
Certains disent aujourd'hui : en quoi cela vous concerne-t-il ? C'est le rôle de l'Etat c'est lui qui doit prendre une décision. Nous avons attendu des années. Il y avait 30 000 Libanais à Qousseyr, des chrétiens et des musulmans. Ils ont été agressés, leurs villages ont été occupés et certains d'entre eux ont été enlevés ou tués. Des femmes libanaises ont été violées. N'est-ce pas honteux ? N'est-ce pas inacceptable ? Voulez-vous que je vous cite des noms ? Qu'ont donc fait le gouvernement libanais et l'Etat libanais ? «Rester à l'abri».
N'avons-nous donc pas le droit d'intervenir pour écarter la menace de tuerie, d'exode, de vol et de viol qui pèse sur 30 000 Libanais à Qousseyr ? L'affaire ne mérite-t-elle pas que l'on intervienne ? N'est-ce pas un droit ? Ces takfiristes ont pourtant tout utilisé contre nous et contre ces Libanais dans leur guerre à la fois sanglante, médiatique et politique. Ils ont aussi envoyé des voitures piégées au Liban, contre nous. Mais à nos yeux, la vie des 30 000 Libanais de Qousseyr en valait la peine. C'est une partie de la bataille. Avez-vous donc oublié, vous, au gouvernement libanais, au sein de l'Etat et tous ceux qui nous critiquent, avez-vous oublié les menaces de certains à partir de la Békaa, dans lesquelles ils disaient qu'en une demie heure ils pourront contrôler toute la région de la Békaa et de Hermel ? Les enregistrements existent. Sur quoi se basaient-ils pour lancer cette menace ? Ils pensaient que les groupes armés allaient contrôler toute la région de l'autre côté de la frontière et allaient donc les appuyer et les aider. Ils entreront ensuite au Liban via la Békaa et occuperont Baalbeck et le Hermel en une demie heure. N'avez-vous pas entendu cela ? Qu'avez-vous donc fait pour protéger ces régions libanaises ? Au contraire, vous avez été vers ces gens, vous les avez accueillis et vous avez salué leurs réalisations et vous continuez d'ailleurs à le faire.
Nous autres, nous avons décidé d'assumer certaines responsabilités pour défendre notre population à Baalbeck et Hermel. Pour nous l'enjeu le mérite.
Avant de passer à un autre point, je voudrais encore poser une question : si -à Dieu ne plaise- les groupes armés avaient réussi à prendre le contrôle de la Syrie, quel serait le paysage aujourd'hui ? Ce serait celui de Raqqa, de Deir el Zor, d'Idlib et du Nord d'Idib, du Nord d'Alep Tout ce paysage sera celui de l'ensemble de la Syrie et ce pays sera comme l'Afghanistan après le départ des Soviétiques ou comme l'Algérie. Si quelqu'un a une autre vision qu'il nous la donne. Mais soyons sérieux. Qui aurait pris le contrôle de la Syrie ? Le président de la coalition, le Conseil national ? Qui ?
Vous le savez. C'était cela l'avenir qui se préparait pour la Syrie. D'ailleurs, cette volteface dans l'opinion publique est une donnée très importante. Les manifestations que vous voyez ne sont pas organisées par les services de renseignements syriens. Non, une grande partie de ces gens qui vont actuellement dans la rue ont des critiques contre le régime et même y étaient hostiles. Mais ils sont désormais convaincus que s'il s'en va, ce ne sera pas la démocratie qui le remplacera mais bien ces groupes armés. Ceux-là qui empêchent toute critique passagère contre eux, qui accusent ceux qui ne sont pas avec eux d'être des takfiristes et les condamnent à mort. C'est cela la relève qui est offerte au peuple syrien. Cette nouvelle réalité chez le peuple syrien pousse les ennemis du régime à craindre les résultats de l'élection présidentielle.
Hier, les Américains ont critiqué Poutine lorsqu'il a déclaré son appui à la candidature à la présidence du général Sissi, sous prétexte que c'est aux Egyptiens de choisir leur président. Mais la question qui se pose est la suivante : pourquoi ce principe ne s'applique-t-il pas aux Syriens ? Parce que les Américains savent très bien vers qui penche la préférence du peuple syrien.
Aujourd'hui, je voudrais demander aux Libanais : si-à Dieu ne plaise- ces groupes armés avaient pris le contrôle de la Syrie, y compris toutes les régions le long de la frontière avec le Liban, si Damas étaient tombée entre leurs mains, ils auraient décidé alors qu'il était temps que le Liban devienne une terre de jihad, au lieu de le garder terre de soutien. S'ils avaient pris cette décision et commenceraient à travailler à partir du Liban, qu'auriez-vous fait ? Les auriez-vous combattus aux frontières ? Comment auriez-vous fait pour arrêter les dizaines de voitures piégées envoyées au Liban ? Toutes les voies de passage entre le Liban et la Syrie sont ouvertes. Ils pourraient envoyer des voitures piégées dans toutes les régions. Quel serait alors l'avenir du Liban ? Pourquoi vous cachez-vous derrière vos petits doigts et trompez-vous les gens ?
Je voudrais poser la question aux chrétiens avant les musulmans. Ne voyez-vous pas ce qui se passe en Syrie ? Je ne cherche certes pas à faire de l'incitation confessionnelle, même si certains vont le prétendre. Je cherche à être réaliste. Aux chrétiens, je demande donc : où sont vos églises ? Ou sont vos religieuses, la statue de la Vierge Marie, vos croix ? Où sont vos symboles sacrés ? Qu'a fait le monde pour les protéger ? Qu'a-t-il fait auparavant pour protéger vos frères en Irak et leurs symboles religieux ? Ne sont-ce pas les mêmes groupes qui détruisent aujourd'hui les églises de Syrie ? On vous dit aujourd'hui c'est le fait de Daech. Mais Daech ou un autre, les groupes se ressemblent. Cela a été prouvé jusqu'à aujourd'hui, qu'ils sont tous semblables. Les noms sont différents, mais l'esprit, l'essence et la pensée sont les mêmes. S'ils ont la possibilité de contrôler toutes ces zones frontalières, ils n'hésiteront pas à entrer au Liban puisqu'ils considèrent ce pays comme une partie intégrante de l'Etat islamique en Irak et à Damas. Que ferez-vous alors ? Qu'avez-vous fait jusqu'à maintenant ? C'est une question qui doit être posée, que cela vous plaise ou non.
Les musulmans sont dans la même situation. Je vous ai promis de parler franchement. C'est aussi la situation des druzes de Soueyda. Ceux qui sont avec l'opposition, sont-ils en mesure de protéger leurs coreligionnaires ? Non pas contre les sunnites mais contre ces groupes takfiristes qui menacent les druzes, les sunnites, les chrétiens, tous, dans la région de Soueyda.
Quelle est donc la différence entre les druzes de Syrie et ceux du Liban ? Pensez-vous réellement que votre appui politique à l'opposition vous sera utile avec ces groupes ? Ne connaissez-vous pas leur façon de penser, leur esprit et leurs méthodes ? C'est clair pour les alaouites et les chiites, mais même les sunnites qui ne partagent pas leurs croyances sont menacés. Si ces groupes takfiristes sortent victorieux, y aura-t-il un avenir pour le Courant du Futur ? Et pour les leaders politiques et nationalistes au Liban ? La pensée sunnite non takfiriste a-t-elle une chance d'être acceptée ? Non bien sûr. Pour ces groupes, nous sommes tous logés à la même enseigne. La preuve en est donnée en Syrie, en Afghanistan, en Irak, au Pakistan, en Somalie... En voulez-vous plus ? Nous pourrions passer des heures à énumérer les preuves.
Cette menace pèse donc sur tous les Libanais qu'ils le veuillent ou pas. C'est un peu comme si on vous dit c'est du poison et d'autres s'empressent de dire que c'est un cocktail. Vous êtes libres de croire les premiers ou les seconds. Mais que vous le vouliez ou non, que vous en soyez convaincus ou non cela restera du poison et si vous le buvez-vous mourrez. Et nous essayons d'éloigner ce poison que certains vous font prendre pour un cocktail.
C'est la même histoire avec Israël. Elle était ainsi dans le passé et elle continue à l'être aujourd'hui. La question des takfiristes est donc une menace pour tous. Le conflit est ouvert depuis des années et la confrontation dans plusieurs pays arabes et musulmans a déjà fait des dizaines de milliers de victimes, Algériens, Afghans, Pakistanais, Somaliens. Que dis-je des dizaines de milliers, il y a plutôt des centaines de milliers de victimes, les Syriens y compris.
Ce mal existe désormais dans toute la région. Il est arrivé chez nous et nous sommes obligés d'y faire face. Dans ce cadre, je souhaite énumérer quelques points :
Il est indispensable pour commencer de rendre hommage en cette commémoration du souvenir des chefs martyrs, à la patience et à l'esprit de sacrifice des gens, surtout les familles des martyrs, les blessés et tous ceux qui ont été directement lésés par les explosions.
Il faut aussi rendre hommage à la discipline de tous ces gens et à leur immense capacité à se contrôler et à ne pas se laisser aller à des réactions impulsives. En réalité, il s'agit d'une aptitude grandiose et qui fait preuve d'un grand esprit civilisé, d'une grande humanité et d'une grande moralité ainsi que d'un engagement national et religieux hors normes. Cela mérite le respect le plus profond.
Nous devons aussi savoir que cette confrontation exige de la patience et un grand esprit de sacrifice. Les innocents qui sont tombés dans le cadre des attentats à la voiture piégée sont des martyrs au même titre que les nôtres qui tombent dans les combats contre «Israël» ou en Syrie. Ils sont des martyrs tombés dans le même combat. Ce sang est le même et ce sacrifice est le même. Il est de la nature de ceux qui ont fait les victoires et qui ont permis à la résistance de gagner ses galons. C'est pourquoi je le répète, cette confrontation mérite tous ces sacrifices. Comme nous le disions pour la résistance contre «Israël» : nous devions nous battre pour que nos villages continuent d'exister et nos maisons de nous abriter, notre terre de nous nourrir et notre peuple d'avoir la tête haute. Nous répétons aujourd'hui que la lutte contre les takfiristes mérite ces sacrifices, pour que nos villages, nos enfants, nos maisons, notre terre continuent à être les nôtres. Il est normal que dans cette confrontation, nous ayons des victimes, que nous ayons des problèmes économiques et que nous soyons contraints de nous serrer la ceinture. Il est aussi normal que nous ayons peur et de l'inquiétude. Je parle des gens ordinaires et je leur dis vos souffrances et vos sacrifices sont une partie de cette confrontation. Ils vous disent : que le Hezbollah cesse de se battre en Syrie et tout ira bien. Nous ne voulons aucun mal. Mais c'est un mensonge. Leur esprit ne tolère pas la différence. S'ils contrôlent les frontières, ils enverront des voitures piégées dans toutes les régions du Liban. Ils sont comme cela et ils considèrent que leur devoir religieux consiste à tuer les gens de toutes les confessions qui ne partagent pas leur point de vue. Ils ont même dit - et cela s'adresse à nos partenaires du 14 Mars au sein du gouvernement, aux ministres de l'Intérieur et de la Justice- qu'ils n'arrêteront pas les voitures piégées que dans deux cas : si le Hezbollah retire ses hommes de Syrie et si leurs prisonniers dans les geôles syriennes et à Roumié sont libérés. Autrement dit, ils veulent la libération de ceux qui ont tué l'armée à Nahr el Bared et ailleurs, ils ont tué des soldats et des officiers de toutes les confessions, car l'armée libanaise est une armée nationale. Autrement dit, il ne s'agit pas seulement de nous pousser à nous retirer de Syrie. Oui, vous le voyez, cette confrontation mérite ces sacrifices.
Il faut que les gens soient convaincus que nous remporterons cette bataille Si Dieu le veut, comme la résistance a remporté la victoire sur l'occupant israélien. C'est une question de temps. Sinon, tout ce qu'exige cette bataille, de volonté, de cerveaux et de détermination existe au niveau de la résistance et à celui de la population. IL faut juste un peu de temps. C'est une bataille existentielle, historique qui a besoin de temps. Mais son issue est une issue de victoire.
Il faut faire en sorte d'empêcher l'agression takfiriste d'atteindre le moindre de ses objectifs. L'un d'eux est de pousser vers une guerre confessionnelle. Croyez-moi, c'est l'un de leurs objectifs. Ils l'ont fait en Irak. Tout leur discours visait à monter les sunnites contre les chiites, pour que les deux communautés s'entretuent. De même, aujourd'hui, leur discours en Syrie est totalement confessionnel et incitateur à la discorde. Même chose au Liban. Ils veulent la discorde et ils veulent que lorsque nos femmes et nos enfants meurent dans les attentats, nous réagissions contre les sunnites. Mais cela n'arrivera pas grâce à votre moralité, votre grand sens des responsabilités et votre engagement religieux.
Il faut donc rester vigilant. Chaque réaction confessionnelle sert les intérêts des takfiristes et de ces groupes armés. Respecter le sang de nos martyrs, c'est faire preuve de patience et d'éviter toute réaction confessionnelle.
Un autre des objectifs des takfiristes est de susciter des affrontements entre les camps palestiniens et leur environnement. C'est aussi un objectif israélien et les takfiristes rendent ainsi service aux Israéliens. Dans leur action, pourquoi insistent-ils toujours pour que parmi les responsables des opérations il y ait des Palestiniens ? Pourquoi disent-ils toujours que telle voiture piégée ou telle autre est venue de tel camp palestinien ? Pour créer un climat de tension émotionnelle entre les camps et leur environnement et pousser à des affrontements entre eux, rééditant ainsi de vieux scénarios. Il faut donc être vigilant, les responsabilités sont partagées.
La confrontation est l'affaire de tous, car nous sommes tous visés. Ils ont commencé chez nous, mais tout le monde est visé. Les preuves sont multiples. C'est pourquoi notre réaction doit être nationale et englober un aspect éducatif et culturel. Une partie de cette éducation relève de la responsabilité des ulémas et des hommes de religion, en particulier -je me permets de le dire- nos frères les ulémas sunnites. Chacun doit assumer ses responsabilités dans ce domaine et les médias doivent aussi être vigilants.
La classe politique a aussi ses responsabilités. Il faut cesser de chercher des excuses et des justifications aux attentats. Il faut aller sérieusement vers le projet de l'Etat et non utiliser cette bataille dans les conflits internes. De même, une partie de notre riposte est sécuritaire. Il faut donc prendre les mesures qui s'imposent. C'est d'ailleurs ce qui est en train d'être fait. Le plus important est d'identifier les criminels, leurs groupes et leurs réseaux pour les arrêter et les démanteler avant qu'ils ne parviennent à piéger les voitures et à les envoyer. A ce sujet, de grandes réalisations ont eu lieu, notamment au cours des derniers jours. Aujourd'hui encore, il y a eu un bon coup de filet. Mais ce qui est sûr, c'est que toutes ces mesures sécuritaires relèvent de la responsabilité de l'Etat et de ses services.
Nous autres, nous n'avons jamais dit que la sécurité était de notre responsabilité. Vous pouvez le vérifier en remontant jusqu'à 1982. Nous avons toujours dit que nous sommes des partenaires dans le cadre de la résistance. Mais lorsque l'Etat sera en mesure de résister, nous nous retirerons. Concernant la sécurité, nous avons toujours déclaré qu'elle relève de la responsabilité de l'Etat, de l'armée et des services de sécurité. Lorsque nous avons des informations, nous les remettons aux services de l'Etat et lorsque nous pouvons aider nous le faisons.
Tous les Libanais doivent aider et coopérer dans ce domaine. Ils doivent aussi appuyer l'armée libanaise dans son action, ainsi que les services de sécurité. Ils ne doivent pas non plus trouver des excuses aux auteurs des attentats. Nous ne sommes ni avec la condamnation hâtive, ni avec les justifications. Nous devons attendre les résultats des enquêtes avec les personnes arrêtées. Si elles sont impliquées dans ces actes terroristes, elles resteront en prison et les autres seront libérées. Faire pression sur l'armée et sur la justice à chaque arrestation est injuste et inapproprié et pourrait avoir des conséquences négatives.
A ce sujet, il faut rendre hommage à l'armée libanaise et à son service de renseignements pour les exploits accomplis et les efforts déployés. Nous nous inclinons devant eux et nous avons exprimé notre respect et notre émotion face au travail qu'ils ont accompli dans un communiqué. Nous espérons à ce sujet que tous les services de l'Etat coopèrent entre eux pour protéger le pays.
Nous avons besoin de la coopération de tous dans cette confrontation et avec l'aide de Dieu et avec patience et sens des responsabilités, nous parviendrons, je l'espère, à surmonter cette période la tête haute. Inchallah nous parviendrons à protéger notre pays, les relations libano-palestiniennes et l'avenir de notre patrie.
La dernière partie de mon discours est consacrée au gouvernement. Ce climat que nous évoquions au début, ces accusations, ces priorités, ces menaces et ces dangers et ces défis peuvent être en partie expliqués par la formation du gouvernement. Je voudrais quand même développer quelques points.
Toute personne a le droit d'évaluer la formation du gouvernement à sa guise et chacun a le droit d'exprimer son opinion. Je vous affirme que nous, au Hezbollah, cela ne nous dérange absolument pas. Au contraire, nous respectons toutes les opinions et toutes les émotions.
Dans le même ordre d'idées, il est normal qu'il y ait des évaluations différentes car chacun voit le gouvernement sous l'angle qui l'intéresse. C'est aussi le cas du regard que l'on porte sur une personne, de côté, de haut, par en bas, chacun la voit d'un œil différent. Autrement dit, l'angle sous lequel on regarde quelque chose ou quelqu'un influe sur notre opinion. C'est donc pour cette raison qu'il est normal que les évaluations soient différentes entre les amis, les alliés et les adversaires. Et parfois, les émotions interviennent dans les évaluations.
De même, dans notre discours, nous ne changeons pas d'opinion. Ce qui signifie que nous avons toujours parlé de partenariat national avec l'Etat et avec les autres composantes de la nation. Même avec nos adversaires et parfois ceux avec lesquels il y a un lourd contentieux, nous tenons le même langage. Nous n'avons ainsi jamais réclamé, même au plus fort de la tension et notamment au cours des dix derniers mois, la formation d'un gouvernement sans le Courant du Futur, les Kataëb et les Forces libanaises ou n'importe quelle composante du 14 Mars. Nous n'avons jamais dit cela et nous n'avons jamais demandé que telle ou telle partie ne participe pas au gouvernement. Nous n'avons jamais dit que nous refusons de nous asseoir à la même table que qui que ce soit du 14 Mars.
Au contraire, nous avons toujours appelé au partenariat national, à un gouvernement de partenariat national, d'union nationale. Nous avons toujours appelé au dialogue et au débat. Certes, cela ne signifie pas qu'une partie va imposer son opinion aux autres. Au contraire, nous essayons de convaincre. Dans ce contexte, nous ne nous sentons nullement coincés par la formation de ce gouvernement, puisque nous n'avons jamais dit : nous refusons de participer à un gouvernement qui regroupe X ou Y. C'est l'autre camp qui a un problème avec cela, puisque c'est lui qui a bloqué la formation du gouvernement pendant plus de dix mois sous prétexte qu'il veut un gouvernement neutre ou formé de technocrates. C'est aussi lui qui a appelé à isoler le Hezbollah et à l'exclure d'un gouvernement politique si finalement c'est ce type de gouvernement qu'il a falloir former. Le temps le plus long a été pris pour régler ce problème. C'est ensuite qu'il y a eu la question de la rotation des portefeuilles et en particulier celui de l'Energie. Ces questions-là ont été réglées rapidement, en deux ou trois semaines.
Malheureusement, la partie qui bloquait accuse l'autre de le faire. Lors des discussions, ils affirment que la décision de blocage vient d'Iran. Nous n'avons aucune honte de nos relations avec l'Iran. Mais, avec tous mes respects pour tout le monde, ceux qui ont ouvert la porte à la formation du gouvernement, à cette réalisation nationale, c'est Amal et le Hezbollah.
Notre position est forte et nous ne sommes ni faibles ni affaiblis, ni au Liban, ni en Syrie, ni même dans la région. Au contraire, les Américains reconnaissent aujourd'hui l'échec de leur politique et leur défaite. Certains pays arabes se sont retirés, des gouvernants ont changé. Si je dois faire une lecture régionale, je dis qu'aujourd'hui notre situation politique interne, régionale et internationale est meilleure qu'elle ne l'était au cours des trois dernières années. Mais il reste peu de temps avant l'échéance présidentielle. Si la situation reste telle quelle, cette échéance sera en danger.
Nous allons aussi vers des problèmes, si un gouvernement neutre est formé ou si un gouvernement du fait accompli est formé. Or, nous ne voulons pas de problèmes dans le pays. Nous ne voulons pas arriver à ce point. C'est pourquoi nous avons vu ce que nous pouvions faire pour ouvrir une porte. Nous nous sommes concertés avec Amal. Nos alliés peuvent nous en vouloir, c'est leur droit, mais avec Amal, nous étions les premiers concernés pour chercher à sortir de cette impasse. De toute façon, lorsque nous parlions de neuf ministres, nous pensions 5 pour les chiites et 4 pour le bloc du Changement et de la Réforme. Nous avons finalement accepté de renoncer à l'un des 5. Nous pensons que les garanties que nous souhaitons avoir nous pouvons les obtenir par d'autres moyens. Nous avons donc informé les parties concernées que nous acceptions de renoncer à l'un des 5.
C'est donc nous qui avons ouvert la porte. Et après dix mois de refus et de critiques, dans un moment politique et régional précis, on nous a répondu en acceptant de s'asseoir avec nous à une même table et en acceptant de participer avec nous au gouvernement.
C'est bien. Nous devons toujours saluer les attitudes positives. Il ne s'agit pas de faire de la dérision ou de l'ironie. Lorsque nous faisons une concession, nous n'attendons pas que l'autre se moque de nous et c'est la même chose dans le cas inverse. Au contraire, il faut apprécier cette situation et saluer le fait que toutes les parties cherchent à ouvrir les portes.
Le principal problème politique a été réglé. Seules sont restées le problème de la rotation et la distribution des portefeuilles. Il y a eu des discussions et des questions de solidarité. Chaque camp a le droit de réclamer le portefeuille de son choix. Nous ne nous arrêtons pas à ce sujet. Nous avons été solidaires de nos alliés jusqu'à ce que ce l'on aboutisse à une solution. Là aussi, c'est nous qui avons ouvert la porte. Si nous avions continué à insister sur la formule de « 9,9,6 » et que nul n'a fait des concessions, y aurait-il eu un gouvernement avant l'échéance présidentielle et où se dirigeait le pays ? Nul ne le sait.
Dans ce contexte, effectivement chaque peut dire qu'il a fait des concessions. Certes parties n'ont en fait rien donné et d'autres ont présenté plus de concessions plus que d'autres. Mais permettez-moi de dire que c'est nous la partie qui a fait le plus de sacrifices. Nous n'avons obtenu aucun acquis personnel. Jusqu'à la dernière minute, nous n'avons pas discuté des portefeuilles. Je sais que cela déplaît à une partie de notre base. Mais nous sommes ainsi faits. Et dans nos priorités, nous ne discutons pas des portefeuilles. A la fin nous avons demandé : quels portefeuilles vous nous avez laissés ? Car notre souci était que le gouvernement soit formé, parce que c'est dans l'intérêt du pays. C'est pourquoi dans l'évaluation, il ne faut pas mettre dans la balance les portefeuilles obtenus par le Hezbollah. C'est une fausse approche. Ce qui compte c'est le résultat, la grande opération politique et nationale que nous voulons pour le pays. Nous avons estimé que le pays se trouvait devant un croisement dangereux : soit la poursuite du vide et cela devenait dangereux. Nous n'avons d'ailleurs jamais voulu le vide. Les accusations en ce sens sont dénuées de tout fondement. C'est de la diffamation qui ne finira sans doute jamais, même si elle peut baisser maintenant que nous nous trouvons dans un même gouvernement. La poursuite du vide était malsaine et dangereuse sur tous les plans, économique, social, financier et sécuritaire. Tout comme la formation d'un gouvernement neutre était aussi un danger pour le pays, ainsi qu'un gouvernement du fait accompli. Il n'y avait donc plus qu'un seul choix, celui du gouvernement de compromis, qui rassemble, qui gère les conflits, appelez-la comme vous le voulez. Je crois d'ailleurs que l'appellation la plus appropriée est celle de gouvernement d'intérêt national. Certes je ne cherche pas à imposer un nom ou un titre, mais il me semble qu'elle est plus adéquate car le fait de dire qu'il s'agit d'un gouvernement rassembleur est inexact car certaines parties politiques sont restées dehors parce que ce n'était pas possible des les inclure dans les discussions. Beaucoup de nos alliés et de nos amis dans les forces nationales et islamiques ne participent pas à ce gouvernement. Nous sommes fiers de nos relations avec eux, mais les circonstances ne permettaient pas leur participation. Il ne s'agit donc pas d'un gouvernement rassembleur ni d'un gouvernement d'union, car certaines parties qui ont leur poids politique n'en font pas partie. C'est donc un gouvernement de compromis et d'intérêt général. Nous voulons en tout cas qu'il soit un gouvernement de rencontre entre ses différentes composantes.
Faites bien attention, nous n'allons pas à ce gouvernement pour y construire des barricades. En cette cérémonie d'hommage aux chefs martyrs, je dis clairement, nous n'allons pas pour construire des barricades, des barrages psychologiques, pour nourrir l'animosité et les rivalités. Au contraire, ce gouvernement peut briser les barrières psychologiques et faciliter le dialogue et les ententes. Il s'agit de transformer la tension dans la rue en dialogue autour d'une table, de faire donc baisser la tension, d'alléger le discours politique. C'est dans l'intérêt de tous et les gens pourront de nouveau se retrouver et les esprits se calmer. Tout cela peut se réaliser sur l'impulsion de ce gouvernement et c'est en tout cas ce que nous espérons. C'est dans cet esprit positif que nous participons à ce gouvernement. Des médias ont fait des évaluations, c'est leur droit. Ils ont dit que des personnalités de défi ont été choisies dans un camp et en réalité chaque peut se sentir défier par telle ou telle personnalité. Mais lorsque nous parlons de partenariat, chaque camp vient avec les personnalités de son choix et il faut l'accepter car cela fait partie du principe même du partenariat. Finalement, ce que nous voulons, c'est que les Libanais se retrouvent et que la tension baisse pour consolider la situation interne face aux menaces de discorde.
Comme l'a dit le Premier ministre, la priorité du gouvernement est d'organiser les échéances constitutionnelles prochaines et à leur tête l'élection présidentielle. Nous devons tous coopérer pour qu'elle ait lieu. Quant à ceux qui sont dérangés par ce gouvernement, ils devraient s'empresser de faciliter l'élection présidentielle pour qu'un nouveau gouvernement soit formé loin de toute pression et non dans l'urgence de l'approche des échéances. Cela devrait donc encourager tout le monde à faciliter l'échéance présidentielle et à ne pas vouloir le vide.
La première mission est donc la préparation de l'élection présidentielle et la seconde, toujours selon le Premier ministre, est la lutte contre toutes les formes de terrorisme. Nous souhaitons que le gouvernement remplisse cette mission. Cela relève essentiellement de la responsabilité de ceux qui ont pris en charge des portefeuilles sensibles, comme la Défense, la Justice, l'Intérieur et les Télécoms. Nous espérons que ce gouvernement avec à sa tête le Premier ministre et au-dessus, le chef de l'Etat assume pleinement la responsabilité de la lutte contre le terrorisme. Tout comme nous espérons qu'il traitera les questions sociales et économiques avec sérieux. Voilà en gros ce qui est attendu de ce gouvernement pendant la courte période qui nous sépare de l'élection présidentielle.
Dans le sujet gouvernemental, il nous reste à dire que certains amis et alliés et même des gens simples ont des appréhensions et des inquiétudes. Je voudrais suivre ces détails car je comprends ces craintes. Certains craignent donc que Omar el Atrache par exemple soit remis en liberté. Mais comment le ministre de la Justice, quel qu'il soit, pourrait-il remettre en liberté un homme qui a avoué conduire des voitures piégées et transporter des kamikazes ? Comment pourrait-on relâcher Naïm Abbas ? Concernant les trois femmes, certains disent que deux d'entre elles n'ont rien à voir et que c'est la troisième qui est coupable. C'est possible, mais si les trois avaient été relâchées, il y aurait eu un grave problème dans le pays. En tout cas, ce sujet n'est pas une question de ministre. Il y a des faits et un processus. De toute façon à ceux qui ont des appréhensions, je voudrais dire que nous sommes là, nos alliés aussi. Nous savons ce que nous faisons et il ne faut pas avoir peur.
Dans cette période, nous voulons rassembler le pays et éviter l'effondrement, nous devons donc nous supporter les uns et les autres, oublier les déclarations provocatrices et chercher ce qui rassemble. C'est pourquoi vous avez constaté que je n'ai pas répondu ce soir aux accusations blessantes qui nous ont été adressées. Mettons cela de côté, nous nous dirigeons vers une nouvelle période. L'intérêt du pays, l'intérêt national et sécuritaire exige de nous que nous sachions arrondir les angles. Nous sommes d'ailleurs connus pour être des gens capables d'endurance, de patience, de sacrifices. C'est notre esprit et notre passé et notre public a toujours supporté avec nous les souffrances.
Il arrive que l'homme n'obtienne pas tout ce qu'il veut et il faut parfois coopérer tous ensemble pour atteindre le principal, le plus important et mettre de côté les choses secondaires.
Avant de conclure, je voudrais rendre un vibrant hommage au peuple de Bahreïn courageux et opprimé, trois ans après le début de son mouvement et de sa révolution noble, pacifique et civilisée. Je salue ce peuple qui continue à protester avec des moyens nobles et sans violence en dépit de l'oppression dont il est victime de la part d'un pouvoir qui lui a été imposé par une réalité régionale précise et par la force.
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En dernier lieu, je voudrais dire à nos frères palestiniens dans les camps de faire des efforts. Je dis aux ulémas et aux responsables des différentes factions palestiniennes, d'aller vers les gens de discuter avec eux, de rester vigilants d'autant que certaines parties insistent pour impliquer les Palestiniens dans les actes que j'ai évoqués plus haut.
Je dis aux palestiniens, aux Libanais, aux Syriens et à tous les peuples arabes, à tous les parties et forces arabes et à toutes les forces nobles dans le monde et dans notre région, à tous ceux qui se sentent concernés par la Palestine, par le Liban et par la Syrie, à tous ceux qui ne veulent pas donner des chances à «Israël», en plongeant la région dans une guerre communautaire qui ne finirait pas avant des décennies ; faites en sorte que s'arrête la guerre en Syrie. Arrêtez la guerre contre la Syrie. Sortez les combattants étrangers de Syrie et permettez aux syriens de se réconcilier, comme ils le font dans certaines régions. Nous devons faire arrêter la guerre en Syrie, pour la Syrie, mais aussi pour la Palestine, pour le Liban et pour l'ensemble de la oumma. Nous espérons que cette chance ne sera pas bradée. En cette journée d'hommage aux chefs martyrs, nous rappelons notre engagement de continuer sur la voie qu'ils ont tracée, de préserver leur volonté, leur pureté, de poursuivre la lutte vers pour que ce pays et cette oumma aillent vers le meilleur.
Traduit par Al-Ahednews