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Rapprochement irano-saoudien instaure le calme au Liban…qu’en est-il de la Syrie?

Rapprochement irano-saoudien instaure le calme au Liban…qu’en est-il de la Syrie?
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La mise en place du gouvernement libanais et puis la réussite du plan de sécurité  au Liban nord a suscité plusieurs interrogations. Ces réalisations sont-elles le fruit d’une simple entente locale, ou illustrent-elles des éclaircis régionaux?

Selon des informations parvenues au quotidien Al-Akhbar, il semble que les tensions irano-saoudiennes pourraient baisser si les premières tractations réussissaient à établir un  accord autour de certains points communs. Sur ce, une certaine stabilité sécuritaire et un accord autour du prochain président de la République seront  possibles au Liban. Alors qu’en Syrie, la conjoncture est encore compliquée, mais pas inextricable.

Sayed Hassan Nasrallah a prononcé des propos marquants dans son interview publiée  par Assafir. On a besoin de plusieurs jours pour interpréter ces déclarations. L’implicite avant l’explicite. Sayed Nasrallah a esquissé minutieusement, comme d’habitude, la carte du présent, ainsi que celle de l’avenir prometteur de l’axe auquel il  appartient. Il s’est dit favorable à un rapprochement irano-saoudien, en dépit  du rôle «négatif» de l’Arabie. Ces déclarations ont coïncidé avec l’annonce par le ministre de l’Intérieur, Nohad Al-Macnouk, du  prochain retour de l’ambassadeur saoudien au Liban, suite à la réussite  du plan de sécurité. Quelque chose est en train d’être mijoté dans les coulisses; à partir de l’entente irano-occidentale qui se reflète  sur l’Iran et l’Arabie.

Les informations:

On parle d’une rencontre entre des responsables iraniens et saoudiens loin des médias. Certains parlent de plusieurs entretiens, mais l’intérêt  des deux parties consiste à ne pas en parler avant la cristallisation  d’un climat positif. Les contacts sont encore à leur début. Pas de percée en Syrie. Au Liban si.

Le dénouement positif du dossier nucléaire iranien et la cessation de la guerre en Syrie sont deux priorités pour l’Iran à l’heure actuelle. Les divergences à ce propos sontRapprochement irano-saoudien instaure le calme au Liban…qu’en est-il de la Syrie?
encore grandes avec l’Arabie. Mais la lutte antiterroriste est désormais une priorité pour tous.

La décision  saoudienne  d’inscrire les Frères  Musulmans sur la liste des organisations  terroristes, fut significative. Bien qu’elle assiste l’Egypte dirigée par Abdel Fattah Sissi, cette décision  affaiblit la confrérie  en Syrie. Certains croient même que le maintien  des fils de contacts  entre l’Iran et les Frères Musulmans, pourrait être bénéfique pour l’Arabie, puisque Téhéran pourra jouer le rôle du médiateur. Cette éventualité pourrait être renforcée si le rapprochement irano-égyptien se poursuivait.

Il n’aurait été possible de former le gouvernement libanais, puis de s’entendre autour du plan de sécurité  dans des régions tel Bab-Tebbené ou Ersal, en l’absence de ce climat régional qui envoie désormais des signaux positifs.

L’ancien Premier ministre, Saad Hariri, a donné le feu vert au commandant en chef de l’armée, Jean Kahwaji, avant le lancement du plan sécuritaire. Plusieurs entretiens téléphoniques ont eu lieu entre les deux hommes. Le courant du terrorisme et du takfir est désormais  banni sur la scène  régionale et internationale. La décision  saoudienne de le combattre, suite à plusieurs décisions américaines, ne laisse plus des choix multiples au courant du Futur. En plus, ce courant ressent lui-même les périls des leaders takfiris sur son avenir. La décision saoudienne est aussi proche de la vision du Hezbollah à l’égard des groupes takfiris. Le secrétaire général du Hezbollah a indiqué dernièrement dans une interview ce qui suit: «Je crois que les démarches entreprises sur la scène libanaise, ont été influencées, d’une manière ou d’une autre, par la décision saoudienne». Des propos prémédités.

Le Hezbollah et le rapprochement

Les deux commandements, iranien et syrien, convergent sur la remise du dossier libanais aux mains de sayed Nasrallah. Ils approuvent ses décisions. C’est ce qui a eu lieu lors de la formation du gouvernement. Il est vrai que Najib Mikati était le meilleur premier ministre dans les deux dernières  années pour l’axe de la résistance, mais Michel Sleiman a failli renverser la table. Dès que Sleiman a débuté  ses efforts pour former un gouvernement de fait accompli, le Hezbollah a été alerté. Il  était devant trois choix: confronter le gouvernement par un large mouvement populaire et militaire au Liban, ce qui était une probabilité, ou observer le silence, ce qui était à écarter, ou de transformer «le risque en une opportunité».

On connait que le Hezbollah détient toujours trois plans. L’un, toujours dirigée contre «Israël». Heureusement pour le Liban, ce plan est constant. Malheureusement pour «Israël». Le second plan consiste à protéger  les régions  de l’environnement  populaire du Hezbollah, à Beyrouth, la Banlieue, le Liban sud et la Bekaa. Le troisième, pour la Syrie.

Suite à l’accentuation du danger terroriste et des attentats, il fallait agir sous une ombrelle gouvernementale. Si le gouvernement de Mikati et le parti étaient passés à l’acte, deux périls auraient été  posés. L’entrainement dans le piège  de la discorde confessionnelle, à ficelles  locales  et extérieures, et puis le risque de bloquer les voies de l’acheminement et de la communication  de la Bekaa, vers le Sud et Beyrouth.

Il s’est avéré important que les piliers du courant du Futur assument la décision sécuritaire dans certaines régions. L’entente autour des noms de Nohad Machnouk pour le ministère de l’Intérieur et d’Achraf Rifi pour la Justice, fut adéquate. La préférence de Machnouk avait certainement ses raisons, relatives notamment à la relation de Rifi avec les axes de combat Tripolitains. Ni l’Iran, ni la Syrie ne sont intervenus  dans cette composition gouvernementale, apparue comme une réponse  aux efforts américains, occidentaux et saoudiens. Le chef du Front de la Lutte nationale, Walid Joumblat, a joué un rôle important entre Tammam Salam, les Américains et Hariri. Des partisans du 8 Mars évoquent des entretiens qui ont eu lieu à Istanbul. Joumblat dément.

Ces pays ont gagné un gouvernement compatible avec leurs intérêts. Le Hezbollah a recueilli plusieurs profits: ses anciens adversaires se sont assis à ses côtés, dans le gouvernement. Il a épargné au pays une discorde qui aurait pu dégénérer en conflit armé. Il a empêché  plusieurs attentats. Il a endigué l’éventuelle transformation de Tripoli en foyer de préparation des voitures piégées, suite à la prise du contrôle de Ersal. Ses adversaires, parmi les miliciens des axes de combat de Tripoli, sont désormais des fugitifs, poursuivis par la justice. Plus important encore. Le parti a poursuivi son combat en Syrie. La condition de le démilitariser est tombée, au moment où les armes des autres ont été retirées.

L’avenir

Le Hezbollah et ses alliés en Syrie et en Iran, sentent qu’ils  remportent la victoire dans les grandes stratégies de la région. Les propos de sayed Nasrallah, ainsi que ceux attribués au président Bachar Assad, le confirme. Cela coïncide avec l’avancée du dossier iranien. Le Liban est un détail dans cette stratégie. Certainement, la bataille est encore acharnée en Syrie. Mais l’armée syrienne et le Hezbollah disposent de détails militaires qui confirment les mutations en leur faveur sur le terrain. La prise du contrôle des deux Ghouta est et ouest demeure l’objectif le plus important. Plusieurs leaders des courants takfiris ont été tués. La bataille  a convergé vers le Qalamoun avant la reprise des deux Ghouta,  à cause des attentats qui se sont multipliés dans l’environnement du Hezbollah au Liban. Deraa ne constitue pas un danger comme le supposent certains. Kassab sera libéré tôt  ou tard. Alep est un objectif stratégique. On espère la récupérer  avant la présidentielle. La conjoncture demeure toutefois compliquée en Syrie. Selon les convictions de Sayed Nasrallah, Assad maintiendra son poste, présentera sa candidature et remportera la course. C’est important, mais plus encore, quand la guerre cessera-t-elle. Une entente irano-saoudienne est exigée pour aider les Syriens à en finir.

Aoun pour la présidence?

La décision du Hezbollah de soutenir le général Michel Aoun pour la présidence est définitive. C’est un choix moral et politique par excellence. Le général a été aux côtés du parti et de la Syrie dans les moments les plus critiques. La Syrie approuve la volonté de Nasrallah. Elle-même respecte Aoun pour sa position honorable à son égard après l’avoir combattue dans le passé. Mais le Courant du Futur y consentira-t-il? C’est la principale question posée par l’axe du Hezbollah. Que pourrait avancer Aoun à l’Arabie et ses alliés en contrepartie? La  réponse est bien sur chez le général. On évoque  des tractations menées par le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, auprès des responsables américains, saoudiens et autres. Le Hezbollah est au courant.

Si le parti et le Futur conviennent l’élection d’Aoun, ce sera la principale percée. Les points de vue du président de la Chambre, Nabih Berri et du Hezbollah ne sont point contradictoires à l’égard d’Aoun, en dépit  de certaines divergences. Berri a envoyé dernièrement un message très positif à Aoun. Le message a été transmis par le ministre de l’Éducation, Elias Bou Saab. Le chef du Front de la Lutte Nationale, Walid Joumblat,  pourrait approuver. Le Mont Liban est son premier souci. Il ne veut pas de problème avec Aoun. Il l’a fait entendre dans une interview publiée il y a deux jours dans le quotidien Al-Hayat. Il se trouve actuellement à Paris pour discuter de l’avenir de la présidence.

Tout ce qui précède est important. Mais plus important encore, est l’entente autour du prochain président avant la séance  du vote. Ce ne sont pas les voix qui comptent. Le consensus antérieur en est la base. On se met d’accord sur le nom du président, puis on convoque le parlement. C’est ce qui aura lieu. Par défaut d’entente, pas de président au Liban. Le vide est une éventualité.  

Rifi-Hezbollah

La coordination  entre le ministre de la Justice, le général Achraf Rifi et le Hezbollah, est en cours. Aucune partie n’a intérêt  à l’annoncer à l’heure actuelle. Cette coopération  a porté ses fruits dans le plan de sécurité. Le Futur et le Hezbollah suivent minutieusement les démarches  de l’armée. Les aides saoudiennes à l’armée ont été discutées. Les zones pénétrées par  l’armée et les moyens de limiter les dégâts ont aussi été discutés. Le miracle  de l’entrée de l’armée à Bab-Tebbené a eu lieu. Les lignes de communication entre les bureaux du parti, de Rifi et de Machnouk sont ouvertes. Il se peut même qu’un responsable du Hezbollah utilise le portable de Rifi pour communiquer avec Machnouk!

Une rencontre irano-saoudienne préliminaire réalise une percée dans le dossier libanais, le différend se poursuit en Syrie…

Rifi aspire à la présidence du gouvernement. Son langage est désormais  plus flexible. Les partisans du parti le sentent. Certains renvoient l’ancienne intransigeance de ministre à deux raisons: le refus du parti de renouveler son mandat et le désir de Rifi de contrôler  les commandants des axes de combat de Tripoli. Nohad Machnouk aspire aussi à la présidence  du gouvernement. Les deux hommes jouissent de grandes chances même s’ils prônaient  la préférence  pour Hariri. En voie pour la présidence du gouvernement, la possibilité de l’entente  avec le Hezbollah s’accroit. Rifi a bâti de bonnes relations arabes et internationales, surtout d’ordre sécuritaire. Machnouk jouit d’un haut sens de stratégie. Il suit minutieusement les développements régionaux. Ses relations avec l’Arabie, ou au moins avec certaines figures éminentes, sont excellentes. Son discours actuel est pondéré et consensuel. Peut-on croire que tout ce qui se déroule  est  à l’insu de l’Arabie, des États-Unis et de l’occident?

En effet, un climat positif commence à influencer le Liban. La rechute  est possible, mais le climat positif s’instaure progressivement et annonce des ententes et des compromis. L’apparition du chef des Forces Libanaises, Samir Geagea, dépourvu du soutien direct des forces du 14 Mars, suite à l’annonce de sa candidature à la présidence, en est une preuve. Geagea les a tous embarrassés. Si le courant du 14 Mars n’appuie pas la candidature de Geagea, le sort de tout ce courant sera menacé. Qu’en restera-t-il si Geagea le quitte après Joumblat et autres?

Que signifient tous ces faits?

Ça signifie, simplement, que les dossiers du Liban et de la Syrie attendent l’avancée des contacts irano-saoudiens, pour atteindre la période de la détente. Ces crises ont désormais besoin des deux parties. Le Liban pourrait en profiter. Alors que l’entente à l’égard de la Syrie, nécessite  une transaction politique plus grande ou une volonté saoudienne d’accepter de nouveaux faits accomplis. Le Qatar a compris la question. Il a ouvert des canaux avec le Hezbollah. Pas de résultats majeurs jusqu’au moment. La Syrie et le Hezbollah estiment, peut-être, que le Qatar n’est plus en mesure d’agir suite à son isolement sur la scène  du Golfe et de l’Egypte. Il serait donc préférable d’attendre un revirement saoudien ou d’y inciter, surtout  que les Etats-Unis ressentent l’impossibilité du changement de la situation par la force.

La région est devant deux choix uniques: des compromis irano-saoudiens dotés d’une couverture  internationale ou la poursuite de la confrontation qui contaminera de nouveaux lieux, encore épargnés par la crise.

Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar traduit par l'équipe du site

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