La banque européenne d’investissement finance le nettoyage ethnique en Palestine
L'Union Européenne finance une usine israélienne de production d'électricité, tandis que les Bédouins vivant près du site reçoivent des ordres de démolition de leurs propriétés.
Les responsables de Union européenne ont approuvé un prêt pour un projet d'énergie israélienne, exactement une semaine après que les Bédouins palestiniens vivant à proximité du site aient reçu des ordres de démolition .
Une décision plutôt passée inaperçue et faite par la Banque européenne d'investissement (BEI) le 17 septembre, a entériné un prêt de 150 millions € ( 205 millions $ ) pour le site de production d'énergie Megalim. Cette décision équivaut à un geste de soutien au nettoyage ethnique d'«Israël» dans le désert du Naqab (Neguev).
L'usine est en construction à Ashalim, une communauté israélienne située à côté du village bédouin de Bir Hadaj. Le 10 septembre, un certain nombre d'ordres de destruction des propriétés ont été distribués à Bir Hadaj par les autorités israéliennes. Pourtant, la banque basée au Luxembourg - une institution de l'UE - n'a semblé prêter aucune attention à cette tentative éhontée de déraciner les populations autochtones du Naqab.
Comme l'usine Megalim va produire de l'énergie solaire et thermique, elle est promue comme une initiative «écologique» par les entreprises investies dans le projet. On y trouve Alstom, une société française qui a également investi dans le tramway de l'Apartheid reliant les colonies israéliennes à «Jérusalem-Est occupée.
Tirs de gaz lacrymogène
Contrairement à de nombreux autres villages bédouins dans le Néguev, Bir Hadaj a été officiellement reconnu par l'«État d'Israël». Ce statut n'a pas empêché les autorités de détruire - et de menacer de détruire - les propriétés des Bédouins.
Quatre maisons ont été démolies à Bir Hadaj sur l'ordre d' «Israël» l'année dernière, selon le Negev Coexistence Forum pour l'égalité civile, qui surveille les violations des droits de l'homme commises à l'encontre des Bédouins .
La police israélienne a également investi Bir Hadaj en masse en novembre 2012, tirant des gaz lacrymogènes sur des écoliers. C'était l'une des nombreuses fois au cours des derniers mois de 2012, où la police a pris d'assaut le village après que des arrêtés de démolition et d'expulsion aient été distribués.
La BEI prête à de faibles taux d'intérêt, et le projet d'énergie qu'elle finance ne peut pas être considéré isolément des efforts permanents d'«Israël» pour déraciner les Palestiniens vivant dans le Néguev.
Ashalim est situé à proximité du parc «Golda Meir», qui a été mis en place par le Fonds national juif (FNJ) sur les restes de Bir Asluj, un village bédouin détruit par les forces sionistes en 1948. Le FNJ a été chargé par «Israël» d'exproprier les terres palestiniennes et a été intimement impliqué dans la destruction des biens appartenant aux Bédouins.
Il faut remarquer que la décision de la BEI s'inscrit à la suite de la publication récente de lignes directrices de l'UE sur la fin de l'aide financière pour les entreprises et les institutions israéliennes basées à Jérusalem-Est et plus largement en Cisjordanie occupée .
Alors que l'usine est en construction à l'intérieur de ce qui est «Israël» d'aujourd'hui [Palestine de 1948], certains organismes qui sont activement impliqués dans la colonisation de la Cisjordanie prennent part à ce projet. Une «étude d'impact» de l'usine affirme que ses propriétaires vont coopérer avec l'«Autorité des Antiquités d'Israël» (IAA) afin de conserver les sites archéologiques de la région environnante. Comme l'IAA a son siège à Jérusalem-Est, cette coopération va à l'encontre de l'esprit , sinon la lettre, des nouvelles lignes directrices de l'UE.
Malgré des demandes répétées par courriel et par téléphone aujourd'hui, la BEI a omis de me fournir une explication sur la raison pour laquelle elle a approuvé le prêt pour le projet d'énergie.
Flexibilité
La BEI a des antécédents dans l'aide aux entreprises israéliennes qui participent directement à la dépossession des Palestiniens. En 2011, par exemple, elle a prêté 120 millions € (164 millions $) à Mekorot, une société appartenant à l'«État israélien» et qui a servi à voler l'eau des puits et des sources des Palestiniens de sorte qu'elle puisse être utilisée dans des colonies exclusivement juives.
En théorie, la BEI devrait réduire ses prêts en «Israël» dès que les nouvelles directives de l'UE - qui ont suscité un tollé parmi l'establishment israélien - seront mises en œuvre au début de 2014. Pourtant, il semble qu'il y aura une énorme possibilité de flexibilité.
Parmi les bénéficiaires des prêts de la BEI se trouve «Hapoalim», une banque israélienne avec des succursales en Cisjordanie occupée. Un document traitant des «questions fréquemment posées» et préparé par l'ambassade de l'UE à «Tel Aviv», affirme que, malgré les nouvelles lignes directrice, les banques actives dans les colonies israéliennes peuvent continuer à demander des prêts à l'UE à condition que les bénéficiaires finaux de ces prêts soient basés en «Israël».
A voir tout cet empressement pour plaire à «Israël», il est difficile de comprendre pourquoi certains hommes politiques israéliens dépeignent l'UE comme leur ennemi.
Article paru le 24 octobre 2013 dans le site Info-Palestine.eu