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Les errements de la diplomatie française au Moyen-Orient

Les errements de la diplomatie française au Moyen-Orient
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L'affaire syrienne et le rapprochement qui s'annonce entre les Etats-Unis et l'Iran marqueront-ils le décrochage de la diplomatie de la France, après celui de notre économie?

Les deux choses sont liées. Ce n'est qu'en arrêtant le recul de sa compétitivité que la France maintiendra son «rang» dans le monde. Mais notre pays s'est toujours donné un rôle supérieur à son poids réel. Encore faut-il pour cela avoir une doctrine bien définie. Ce n'est plus le cas.

Les révoltes arabes nous ont pris à contre-pied comme la fin de la guerre froide avait surpris la diplomatie de Mitterrand. A nouveau, la France a le plus grand mal à s'adapter à un changementLes errements de la diplomatie française au Moyen-Orient pourtant inéluctable.

Dans l'affaire iranienne comme dans le dossier syrien, la France a adopté des positions en pointe.  A cause du risque de prolifération, si Téhéran se dote de l'arme nucléaire, mais aussi pour des raisons qui n'ont pas grand-chose à voir avec nos intérêts nationaux. Certains ont voulu effacer l'impression négative laissée aux Etats-Unis par notre opposition à la guerre en Irak. Ce raisonnement nous a déjà entrainés en Afghanistan, dans une guerre perdue d'avance.

Si le tête-à-tête de New York entre François Hollande et Hassan Rohani annonce un virage dans le traitement de la question iranienne, l'approche de la Syrie continue de relever davantage de la morale que d'une diplomatie réaliste.  

Depuis le début des révoltes arabes, Paris veut se racheter de l'appui accordé aux régimes autoritaires de la région. Il faut, bien sûr, soutenir la démocratisation. Mais sans que la mauvaise conscience impose un «droits-de-l'hommisme» moralisateur qui l'emporte sur toute autre considération.

Seul à vraiment vouloir «punir» Bachar el-Assad après le massacre aux du 21 août, François Hollande a dû en rabattre lorsque l'accord russo-américain a écarté toute «punition» pour faire tout le contraire: élever le dirigeant syrien au rang de partenaire reconnu dans le processus d'élimination de son propre arsenal chimique.  

La «responsabilité de protéger»  est un élément de la légalité des Nations Unies, mais elle ne peut s'y substituer. Le recours à la force n'est légitime que s'il est conforme à la loi internationale, ou alors c'est le système de l'ONU - auquel la France est si attachée, à cause de son siège de membre permanent -  qui est remis en cause.

Laurent Fabius veut sortir de cette contradiction en proposant au Conseil de sécurité de renoncer au droit de veto en cas de «crime de masse». Son idée a peu de chances d'être retenue et il serait plus utile de revenir aux fondements de la doctrine d'intervention française. Cela nous éviterait d'apparaître comme un gendarme peu crédible sur la scène internationale.

A l'heure où Washington a abandonné l'interventionnisme de George W. Bush et cherche à s'extraire du Moyen-Orient,  Paris s'accroche à un activisme dépassé. Le retour à la diplomatie de la Russie dans le dossier syrien et la perspective de négociations substantielles avec l'Iran doivent être l'occasion pour la France de réviser ses positions, sous peine de risquer la marginalisation.

Se faire l'avocat des droits de l'homme est une composante essentielle de l'action de la France. Mais cet impératif ne doit pas nous pousser à soutenir n'importe quelle opposition aux dictatures. Le réalisme exige que la propagation de nos valeurs ne se substitue pas à la défense d'intérêts nationaux que l'on semble soudain avoir le plus grand mal à définir au Moyen Orient.

Source: Le Figaro

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