Mali: la France a repris la ville de Gao, refuse de négocier avec les extrémistes
Les forces maliennes et françaises ont repris samedi le contrôle de la ville stratégique de Gao. La France refuse le «chantage» dans le dossier de ses otages au Sahel. Mali est au cœur des discussions du sommet d’Addis Abeba.
Des Soldats français et maliens se sont emparés samedi du bastion extrémiste de Gao, la principale ville du Nord du Mali.
«Les forces maliennes et françaises libèrent Gao», a annoncé samedi le ministère français de la Défense, dans un communiqué, précisant que des membres des forces spéciales s'étaient emparés dans la nuit de l'aéroport et d'un pont stratégique à Gao, à 1.200 km au nord-est de Bamako.
Paris a précisé que des contingents africains, formés de militaires nigériens et tchadiens, arrivaient sur zone pour prendre le relais des forces françaises.
«Il n'y a pas de combat à proprement parler» dans la région de Gao, selon un porte-parole de l'état-major français, «mais sporadiquement, des opérations de harcèlement avec des éléments terroristes qui ouvrent le feu sur nos positions après s'être abrités dans des zones urbaines».
Refus des «logiques de chantage»
Les positions des extrémistes à Gao ont été à plusieurs reprises pilonnées par l'aviation française. Cette ville était un bastion des extrémistes du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), qui ont dit samedi à l'AFP vouloir négocier la libération d'un otage français qu'il détient depuis deux mois.
Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a répondu en refusant «les logiques de chantage». «La France fera tout pour la liberté» de tous les otages français au Sahel, qui sont notamment sept otages, a-t-il dit.
Mali domine le sommet de l'Union africaine
Sur le plan diplomatique, les pays de l'Union africaine (UA) ont entamé dimanche leur 20e sommet à Addis Abeba, qui promet d'être dominé par les développements au Mali.
La situation au Mali, qui fera encore l'objet d'une conférence de donateurs internationaux mercredi dans la capitale éthiopienne, s'était déjà retrouvée vendredi au menu d'une réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA.
De leur côté, les chefs d'état-major ouest-africains, réunis samedi en urgence à Abidjan, ont décidé de «relever» le volume de leurs effectifs promis au Mali, pour qu'ils atteignent «5.700 hommes».
Source: Agences, édité par: moqawama.org
«Dès ce soir, Sadou Diallo, le maire de Gao réfugié à Bamako, a pu regagner sa ville accompagné par le colonel (Didier) Dacko», commandant les troupes maliennes sur le terrain, a indiqué le ministère.
«Les forces françaises et africaines maîtrisent à 100% la ville de Gao. Il y a une liesse populaire, tout le monde est content», a indiqué une source de sécurité malienne. Mais de premiers témoignages font aussi état d'actes de pillage.
Les soldats nigériens et tchadiens sont venus samedi après-midi par la voie des airs, depuis Niamey. Ils étaient accompagnés de soldats maliens du colonel Alhaji Ag Gamou, qui étaient réfugiés au Niger depuis l'an dernier, après la débâcle face aux groupes armés, selon une source malienne de sécurité sur place.
«Le Mujao est prêt à négocier la libération de l'otage Gilberto», a déclaré Walid Abu Sarhaoui, porte-parole du Mujao, en référence au Français Gilberto Rodriguez Leal, enlevé en novembre 2012 dans l'ouest du Mali.
«On ne rentre pas dans les logiques de chantage. Ce n'est pas du tout notre vision des choses et ce n'est pas la vision ni des Maliens, ni des autorités africaines», a-t-il réitéré.
L'UA a admis l'urgence de déployer sur le terrain des troupes qui n'arrivent qu'au compte-gouttes, après l'intervention en toute hâte de la France, mi-janvier, à la demande des autorités maliennes, face à l'avancée des extrémistes vers Bamako.
Le CPS a alors décidé d'augmenter les effectifs de la force africaine au Mali et a pressé le Conseil de sécurité de l'ONU de fournir une aide logistique «temporaire» d'urgence pour accélérer son déploiement.
Jusque-là, l'Afrique de l'Ouest visait le déploiement d'environ 4.000 militaires. Le Tchad a séparément promis plus de 2.000 soldats. Au total, autour de 2.000 soldats africains sont d'ores et déjà stationnés au Mali ou au Niger voisin. Leur déploiement est ralenti par de sérieux problèmes de financement et de logistique pour les pays contributeurs.