Film anti-islam: le monde arabo-musulman poursuit les manifestations
Des dizaines de milliers de musulmans ont à nouveau manifesté vendredi à travers le monde arabe et l'Asie pour dénoncer le film anti-islam produit aux Etats-Unis, déclenchant ainsi de nouvelles violences.
Au Liban, près de 300 personnes étaient parties d'une mosquée dans le centre de Tripoli ( nord du pays), arborant des drapeaux noirs et s'étaient dirigés vers le restaurant Hardees dans le sud de la ville côtière pour protester contre ce film, a rapporté l'AFP.
Dans la Syrie voisine, près de 200 manifestants ont organisé vendredi après-midi un sit-in de protestation devant l' ambassade des Etats-Unis à Damas, fermée depuis plusieurs mois, contre ledit film.
En Palestine occupée, des milliers de Palestiniens ont manifesté après la prière contre le film en question.
En Tunisie, la police procédait à des tirs de sommation et de gaz lacrymogènes pour disperser plus d'un millier de manifestants qui attaquaient avec des pierres et des cocktails Molotov l'ambassade des Etats-Unis à Tunis au-dessus de laquelle s'élevait une épaisse fumée noire, selon un policier local.
Au Yémen, la police a tiré en l'air pour repousser des manifestants qui s'approchaient de l'ambassade américaine à Sanaa, au lendemain de la mort de quatre personnes dans la prise d'assaut de la chancellerie.
Au Pakistan, des manifestations ont eu lieu dans les grandes villes pour dénoncer le film en question, demander la mort de son réalisateur et l'expulsion des diplomates américains en poste dans le deuxième pays musulman le plus peuplé.
En Afghanistan, une manifestation pacifique s'est déroulée dans l'est du pays, y compris à Kaboul.
Au Kenya, quelques centaines de musulmans kényans ont manifesté dans la plus grande mosquée de Mombasa, deuxième ville du Kenya. Aucun incident n’a été enregistré.
Source: Divers
« (Nous voulons) un Etat islamique, pas un Etat croisé », « L'Amérique est l'ennemi de Dieu », ont scandé les manifestants, selon la même source.
A leur arrivée près du Hardees, des heurts ont éclaté avec les forces de sécurité qui gardaient le lieu. Un habitué de ce fast-food a été tué et 25 autres ont été blessés, a affirmé un responsable des services de sécurité.
Les manifestants arboraient des drapeaux syriens ainsi que des portraits du président Bachar al-Assad. Silencieux, ils portaient des pancartes dénonçant le film.
« Celui qui insulte le prophète Mohamad ne répand pas la démocratie », « Dieu et Mohamad aiment Damas », pouvait-on lire sur ces pancartes.
« C'est un complot impérial sioniste. Les gens sont venus pour exprimer leur vif mécontentement face à cette agression contre tous les musulmans », a indiqué l'un des manifestants.
A Gaza, le chef du gouvernement, Ismaïl Haniyeh, qui a pris la tête du cortège de plusieurs milliers de personnes, a de nouveau exhorté « l'administration américaine à présenter ses excuses à la nation arabe et islamique pour ce film insultant et à traduire ces criminels en justice », en référence aux auteurs du film.
Il a appelé pendant son prêche du vendredi à « poursuivre ces manifestations et protestations pacifiques et civilisées ».
Les manifestants, dans la ville de Gaza, mais aussi à Rafah, dans le sud du territoire palestinien occupé, brandissaient des drapeaux du Hamas et du Jihad islamique et scandaient « Mort à l'Amérique, mort à Israël! ».
A l’est d’al-Qods occupée (Jérusalem-Est), des échauffourées ont éclaté entre quelques centaines de Palestiniens et les policiers israéliens à l'entrée de la Vieille ville après la prière à la mosquée Al-Aqsa.
Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes et des grenades étourdissantes, blessant cinq personnes, selon des journalistes.
« Des manifestants ont tenté de se diriger vers des bâtiments diplomatiques américains à Jérusalem-Est mais en ont été empêchés par la police », a ajouté la même source.
Plusieurs centaines d'entre eux continuaient de lancer des pierres sur les forces de l'ordre et tentaient d'atteindre le bâtiment. D'importants renforts de la police, de l'armée et de la garde nationale ont été déployés pour tenter de les repousser. Les forces de l'ordre ont cherché en début d'après-midi à disperser les manifestants à l'aide de gaz lacrymogènes et de tirs de sommation.
Au Soudan, quelque 5.000 manifestants ont mis le feu à l'ambassade allemande à Khartoum. Ils ont ensuite bloqué la route afin d'empêcher l'arrivée des pompiers, tandis que la police répliquait par des tirs de gaz lacrymogènes.
Des manifestants ont également attaqué l'ambassade britannique, à proximité.
Selon le correspondant de la chaîne satellitaire arabe Mayadine, trois Soudanais ont été percutés par des voitures, aux environs de l'ambassade des Etats-Unis.
Les policiers ont également fait usage de canons à eau et de grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants qui se sont rassemblés à quelque 500 mètres de l'ambassade à Sanaa, brûlant le drapeau américain et réclamant l'expulsion de l'ambassadeur.
« Pas d'ambassade, pas d'ambassadeur », « Pars ambassadeur de Satan », « Mort à l'Amérique, mort à Israël », scandaient les manifestants dont le nombre grossissait à vue d'œil et était évalué à environ 3.000 en début d'après-midi.
La police avait bloqué toutes les routes menant à l'ambassade des Etats-Unis pour empêcher la progression des manifestants.
Plus tôt vendredi, des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées pour la grande prière hebdomadaire sur l'avenue Sittin à Sanaa, où ils avaient manifesté pacifiquement contre le film dénigrant l'islam.
Dans son prêche, l'imam a dénoncé l'attaque contre l'ambassade américaine à Sanaa, affirmant que « ceux qui ont commis ces actes ont porté préjudice à l'islam tout comme le film l'a fait », a-t-il dit.
Et de souligner: « L'attaque contre l'ambassade américaine est une attaque contre l'islam ».
La manifestation s'était déroulée à l'appel du « Comité d'organisation de la révolution », qui avait animé le soulèvement ayant abouti au départ du président contesté Ali Abdallah Saleh en février.
Dans la capitale Islamabad, environ 400 personnes ont manifesté devant la Mosquée Rouge après la prière du vendredi.
« Nous sommes tous unis pour condamner ce film. Les Etats-Unis doivent mettre fin à ces crimes haineux », a lancé à la foule Tariq Fazal Chaudhry, un parlementaire membre de l'opposition.
Une grande bannière appelait aussi à l'expulsion de l'ambassadeur américain à Islamabad. Deux autres manifestations ont eu aussi lieu à Islamabad, dont une en face de « l'enclave diplomatique », un quartier protégé où est située l'ambassade américaine.
A Karachi, mégapole de plus de 17 millions d'habitants, des centaines de personnes ont aussi manifesté contre cette vidéo.
De même, à Lahore, deuxième ville du pays, environ 500 personnes ont manifesté sans heurts contre le film anti-islam dont le chef de l'organisation radicale Jamaat-ud-Dawa, Hafiz Muhammad Saeed, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Dans la capitale, un dignitaire religieux, Enayatullah Baleegh, l'imam de la mosquée centrale de Pul-e-Khisti, remplie pour l'occasion, a dénoncé l'œuvre de « deux Juifs américains, dont le film a blessé les musulmans dans le monde entier ».
« Ces deux Juifs et le président (Barack) Obama devraient être tenus pour responsables de la mort de leurs diplomates (en Libye, NDLR). Cela montre l'incompétence de l'administration Obama, qui n'a pu contrôler des actes si insultants », a-t-il affirmé.
« Mais si vous souhaitez manifester, faites-le sans violence », a exhorté l'imam Baleegh.
Plusieurs centaines de personnes - jusqu'à 4.000, selon les organisateurs - se sont rassemblées à Jalalabad (est), où des oulémas ont mis à prix « la tête du réalisateur du film » contre 5 millions d'afghanis (100.000 dollars), a indiqué le mollah Zaher Ali, un cadre religieux local. « Nous avons aussi brûlé un portrait d'Obama », a-t-il raconté à l'AFP.
La communauté internationale et les autorités afghanes demeuraient néanmoins sur le qui-vive vendredi, par crainte de manifestations violentes dans le pays.
La plupart des ambassades ont pris des mesures de sécurité accrues pour protéger leur personnel et envoyé des messages à leurs ressortissants, les appelant à éviter de sortir de chez eux.
Les manifestants ont brûlé des drapeaux américains à l'intérieur de l'enceinte de la mosquée Sakina de Mombasa, capitale de la province majoritairement musulmane de la Côte.
Ils n'ont pas défilé dans les rues, par crainte d'une réaction violente de la police et que des fauteurs de troubles profitent du cortège pour se livrer à des violences, a indiqué le secrétaire général du Conseil des imams et prédicateurs du Kenya (CIPK), Khalifa Mohammed à l'origine de la manifestation.
« Nous condamnons ce film américain, dont le contenu insulte le prophète Mohamad », a-t-il affirmé, y voyant une « stratégie » du président américain Barack Obama et d'autres présidents européens pour « ébranler l'islam », alors que les manifestants criaient « Allah ô akbar ».
Un autre responsable du CIPK, Idris Mohammed, a estimé qu’« Obama et ses amis avaient eu la haute main sur la production du film antimusulman ».