Trump presse le roi de Jordanie d’accueillir les Palestiniens de Gaza

Par AlAhed avec agences
Le président américain Donald Trump a répété mardi, lors d'une visite à Washington du roi Abdallah II de Jordanie, sa volonté que les Etats-Unis prennent le contrôle de la bande de Gaza, invoquant cette fois l'«autorité» des États-Unis et accumulant les contradictions.
S'exprimant à la Maison blanche au côté du roi Abdallah, premier dirigeant arabe en visite à Washington depuis cette annonce, Donald Trump a déclaré qu'il ne reviendrait pas sur sa volonté de «reloger» les habitants de Gaza afin de faire de l'enclave palestinienne la «Côte d'Azur» du Proche-Orient.
«Nous allons prendre» la bande de Gaza, a déclaré le président américain devant les journalistes. «Nous allons la chérir (...) Un tas d'emplois vont être créés pour la population du Moyen-Orient», a-t-il ajouté.
Interrogé en vertu de quelle autorité Washington pourrait prendre possession de l'enclave palestinienne, Donald Trump a simplement répondu : «Sous [celle des] États-Unis.»
«Personne ne va remettre ça en question», a-t-il affirmé au sujet de sa proposition, qui a soulevé un tollé international.
Donald Trump a pour la première fois lancé l'idée de faire de la bande de Gaza «la riviera du Proche-Orient» la semaine dernière lors d'une visite du «Premier ministre israélien» Benjamin Netanyahu - premier dirigeant étranger à avoir été reçu à la Maison blanche depuis le retour au pouvoir de Trump le 20 janvier -, le projet de rebâtir la bande de Gaza sans les Palestiniens a provoqué un tollé international et la colère des pays arabes.
Alors que Donald Trump semblait vouloir le pousser à dire que la Jordanie accueillerait les Gazaouis, le roi Abdallah a déclaré qu'il agirait pour le bien de son pays. «Cela doit fonctionner d'une manière qui est bonne pour tous», a-t-il dit, mal à l'aise, dans le Bureau ovale, sans soutenir ou s'opposer explicitement au projet de Donald Trump.
Une contre-proposition sera transmise à Washington par les pays arabes, a-t-il ajouté. Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a déclaré par la suite à la télévision publique jordanienne qu'il y avait un plan chapeauté par l'Egypte pour reconstruire Gaza sans déplacer ses habitants.
Via le réseau social X, le roi Abdallah a déclaré avoir réaffirmé auprès de Donald Trump la «position inébranlable» de son pays contre un quelconque déplacement des Palestiniens, aussi bien de Gaza que de Cisjordanie occupée.
«C'est la position unifiée» des pays arabes, a-t-il écrit. «Rebâtir Gaza sans déplacer les Palestiniens et en répondant à la situation humanitaire désastreuse doit être la priorité pour tous».
Des contradictions
Chaque fois qu'il est interrogé sur le plan inattendu, le président américain maintient le cap pour les pans centraux : les États-Unis prendront le contrôle de la bande de Gaza et les Palestiniens qui y vivent seront enchantés de quitter leur territoire. La session de questions-réponses de mardi devant les journalistes n'a pas fait exception.
Mais cette proposition d'envergure, qui n'a jamais été mentionnée pendant la campagne présidentielle et qui rompt avec la position américaine affichée depuis des décennies, n'est pas dénuée de contradictions. Plusieurs affirmations fluctuent d'un jour à l'autre, semblant révéler un plan aux ficelles mal attachées.
S'il a exclu mardi l'achat de la bande de Gaza, Donald Trump s'était dit «déterminé à acheter et à posséder Gaza» au cours du week-end.
Après avoir ouvert la veille la porte à l'arrêt de l'aide américaine fournie à l'Égypte et à la Jordanie si elles refusent d'accueillir les Gazaouis, il a affiché une nouvelle position. «Je pense que nous sommes au-dessus de cela», a répondu Donald Trump, interrogé sur ses propos de la veille. «Nous versons beaucoup d'argent à la Jordanie et à l'Égypte, d'ailleurs, beaucoup aux deux, mais je n'ai pas à les menacer», a-t-il dit.
Mardi dernier, Donald Trump a en outre clairement parlé du déplacement «permanent» de tous les Gazaouis.
Le lendemain, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, et le secrétaire d'État, Marco Rubio, ont néanmoins tous les deux offert une relecture de ses déclarations, affirmant que Donald Trump soutenait le départ «temporaire» des Gazaouis.
Le locataire de la Maison-Blanche est cependant revenu à la charge par la suite en prônant leur départ «permanent».
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