États-Unis: Le Congrès divisé sur l’autorité nucléaire du président
Par AlAhed avec PressTV
Il existe de profondes divisions au sein du Congrès américain concernant le pouvoir présidentiel d’ordonner une frappe nucléaire sans approbation préalable, révèle une enquête du New York Times.
Entre préoccupations pour la sécurité nationale et craintes d’abus de pouvoir, les réponses des députés américains témoignent d’un manque de consensus sur cette question.
Selon une enquête du New York Times publiée le 17 décembre, le débat sur l’autorité présidentielle en matière nucléaire divise profondément le Congrès américain.
L’étude, menée auprès des 530 représentants du 119? Congrès, révèle des positions contrastées, avec une opposition marquée chez les démocrates et une réticence à commenter parmi la majorité des républicains.
Le New York Times rappelle que depuis les premiers jours de l’ère nucléaire, le président américain a toujours détenu, à lui seul, le pouvoir de déclencher une frappe nucléaire, qu’elle soit préemptive ou en réponse à une attaque.
Cette situation, héritée des décisions prises sous Harry Truman après les bombardements de Hiroshima et Nagasaki, suscite de nombreuses interrogations.
Du côté démocrate, la majorité des élus interrogés sont clairs et précis, ils souhaitent remettre en cause cette autorité.
La sénatrice Elizabeth Warren a déclaré au New York Times que «lancer une frappe nucléaire préemptive est un acte de guerre qui devrait être autorisé au préalable par le Congrès».
De son côté, le sénateur Chris Van Hollen a affirmé qu’il était «impératif de limiter le pouvoir du président pour éviter un déclenchement accidentel ou impulsif d’un conflit nucléaire».
L’article révèle par ailleurs une inquiétude généralisée chez les démocrates quant à l’idée que Donald Trump, président élu, retrouve ce pouvoir entre ses mains.
Le sénateur Edward Markey a ainsi estimé que «l’histoire est pleine d’erreurs de jugement et de fausses alertes, il est vraiment temps de réévaluer notre politique nucléaire».
En revanche, chez les républicains, les interrogés se sont montrés plus réticents à limiter ce pouvoir.
Le représentant Jefferson Van Drew, tout en reconnaissant que «les frappes préemptives devraient éventuellement obtenir une approbation», a néanmoins soutenu que le président devait absolument conserver l’autorité de riposter immédiatement en cas de menace.
«Il est essentiel que le président puisse répondre rapidement à une attaque pour protéger le pays», a-t-il estimé.
Le New York Times souligne également que plusieurs élus, en particulier républicains, avaient évité de répondre aux questions.
Le sénateur Pete Ricketts a lui préféré attaquer la démarche du journal plutôt que de répondre, affirmant: «Les Américains ont donné un mandat clair à Donald Trump pour assurer leur sécurité».
La question qui se pose maintenant est de savoir si un changement du pouvoir nucléaire présidentiel envisageable.
Plusieurs membres du Congrès américain ont appelé à des «garde-fous législatifs», comme l’instauration d’un comité restreint chargé d’approuver toute frappe préemptive.
Le représentant démocrate Ted Lieu a d’ailleurs rappelé que le Congrès «détient constitutionnellement le pouvoir de déclarer la guerre, et un premier recours aux armes nucléaires ne devrait pas reposer sur la décision d’un seul homme».
Malgré ces appels, l’enquête montre que le débat reste loin d’être tranché.
La grande majorité des députés républicains n’a pas souhaité prendre position, tandis que les démocrates continuent de plaider pour des réformes urgentes afin de mieux encadrer l’usage du pouvoir nucléaire par le président des États-Unis.