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Russie: pour les musulmans de Moscou, un Aïd en demi-teinte après l’attentat du Crocus

Russie: pour les musulmans de Moscou, un Aïd en demi-teinte après l’attentat du Crocus
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Par AlAhed avec AFP

«C'est pas la fête». Les musulmans de Moscou se sont rassemblés mercredi pour la prière de l'Aïd el-Fitr, marquant la fin du ramadan, dans la retenue, une célébration assombrie par le récent attentat terroriste du Crocus City Hall.

Chaque année des foules immenses - composées de Russes originaires de régions musulmanes et de migrants d'Asie centrale - se retrouvent autour de la mosquée, occupant des rues entières du quartier de Prospekt Mira pour y prier à l'occasion de l'Aïd.

Ce mercredi, beaucoup moins de monde est au rendez-vous et le quartier est quadrillé par les effectifs de police présents en nombre.

Les fidèles interrogés par l'AFP avancent tous la même explication: l'attentat revendiqué par le groupe terroriste «Daech» qui a fait au moins 144 morts le 22 mars dernier dans une salle de concert en banlieue de la capitale.

«La prière a eu lieu, mais ce n'était pas comme l'an passé, c'est à cause de cet événement, de l'attentat, il y a peu de gens. Regardez, ces rues-là, avant elles étaient bloquées par la foule», commente auprès de l'AFP Salabek Djantchkoulov, un professeur de lecture du Coran de 56 ans qui vit à Moscou depuis cinq ans.

Gadji Ramazan, un ouvrier du bâtiment de 49 ans qui vient de l'une des régions musulmanes du Caucase russe, le Daguestan, se dit déçu. «L'année dernière il n'y pas eu assez de place pour tous», dit-il.

Et aujourd'hui, avec son fils Imam de 9 ans, ils ont prié à l'intérieur de la mosquée elle-même, un bâtiment qu'ils n'auraient pas pu rêver d'approcher par le passé, compte-tenu de la foule.

«On peut compter les gens sur les doigts de la main ici (...) je pense que c'est à cause de l'attentat», ajoute Gadji.

«Il n'y a plus de fête, c'est simple, ce n'est pas la fête», résume-t-il, s'adressant à son fils.

D'ordinaire, les fidèles affluent pour la prière de l'Aïd dès l'aube dans les cinq mosquées de la capitale russe qui débordent vite, si bien que l'essentiel des croyants prient dehors, rassemblés en rangs compacts qui peuvent s'étendre sur des centaines de mètres.

Certains croyants passaient même la nuit sur place pour pouvoir faire la prière à l'intérieur des mosquées.

Originaire du Kirghizstan, Acherbek Nourgaliev, bénévole de 18 ans à la Grande Mosquée et cuisinier dans un restaurant de sushi, essaye de voir les choses du bon côté.

«Il y a plus de gens que l'on pensait, c'est bien», conclut-il.

La veille, une lettre, présentée comme ayant été émise par la mairie et ayant circulé sur les réseaux sociaux et dans les médias, appelait les musulmans à célébrer l'Aïd «chez eux».

Même si le mufti de la capitale a publiquement dénoncé un «faux», nombre de fidèles n'ont pas fait le déplacement.

Les autorités russes ont admis du bout des lèvres que l'attentat du Crocus City Hall avait été commis par des extrémistes, mais elles n'ont pas évoqué la responsabilité du groupe terroriste «Daech», insistant au contraire sur un lien avec l'Ukraine.

Les grandes villes russes, en particulier Moscou, comptent des millions de migrants d'Asie centrale qui occupent souvent des emplois peu qualifiés et vivent dans des conditions précaires.

La communauté musulmane russe revendique quelque 23,5 millions de fidèles, notamment dans les régions historiquement islamiques, comme le Caucase du Nord, le Tatarstan et le Bachkortostan (Centre).

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