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Agriculteurs: La colère se répand en Europe, Paris veut «une exception agricole française»

Agriculteurs: La colère se répand en Europe, Paris veut «une exception agricole française»
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Par AlAhed avec AFP

La colère des agriculteurs fait tache d'huile en Europe, avec des mobilisations en Espagne et en Italie, Paris tentant pour sa part d'enrayer la crise en appelant à «une exception agricole française» et en annonçant de nouvelles mesures.

Trop de normes bureaucratiques, revenus trop bas, inflation, concurrence des produits étrangers, flambée des prix du carburant: la liste des revendications se retrouve dans la plupart des pays confrontés au mécontentement agricole.

En France, le nouveau Premier ministre Gabriel Attal, qui faisait mardi sa déclaration de politique générale au moment où les agriculteurs bloquent des axes stratégiques depuis deux jours, a promis d'«être au rendez-vous» pour répondre à la crise.

Les aides européennes de la Politique agricole commune (PAC) au titre de 2023, qu'il avait promis d'accélérer, seront versées «d'ici le 15 mars», a assuré Gabriel Attal, qui a énuméré les mesures déjà prises, comme l'abandon de la taxe sur le gazole non routier, et promis que le gouvernement irait «plus loin encore».

Sans donner de détails, il a aussi évoqué un renforcement des aides fiscales aux éleveurs et «un grand plan de contrôle sur la traçabilité des produits», alors que de plus en plus d'agriculteurs ont décidé d'inspecter par eux-mêmes des camions visiblement étrangers sur les routes de France.

Des mesures qui n'ont pas convaincu les leaders de syndicats agricoles interrogés par l'AFP. Signe d'une tension qui ne faiblit pas, il va recevoir de nouveau le puissant syndicat FNSEA mardi soir, selon une plusieurs sources.

«Du blabla»

«On ne bouge pas (...) jusqu'à ce que des mesures concrètes d'urgence soient prises», avait auparavant affirmé Alice Avisse, de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire.

«C'est le néant le plus complet, du blabla», a réagi Serge Bousquet-Cassagne, le président de la Coordination rurale (un syndicat minoritaire, NDLR) du Lot-et-Garonne (sud-ouest). «On est complètement déçus mais remotivés par le fait qu’on a été bernés par ce gouvernement d’enfumeurs», a-t-il ajouté.

La Confédération paysanne, troisième syndicat agricole qui critique le modèle dominant d'un «productivisme» ne profitant qu'à «l'agrobusiness», a appelé «à bloquer les centrales d'achat» de la grande distribution, qui sont, selon elle, «les prédateurs du revenu paysan».

Le président Emmanuel Macron, lors d'une visite d'Etat en Suède, s'est de son côté engagé à défendre plusieurs revendications des agriculteurs français à Bruxelles, sur les importations de volaille en provenance d'Ukraine, le projet d'accord commercial entre l'UE et le bloc latino-américain Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) et les obligations de jachères.

Le chef de l'Etat s'entretiendra jeudi avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, notamment sur l'arrivée de produits ukrainiens dans l'Union et le gel du projet UE-Mercosur.

Un sujet qui a suscité des tensions entre Paris et Bruxelles: alors que l'Elysée assurait lundi soir que les négociations avaient été interrompues en raison de l'opposition de la France, la Commission a elle affirmé mardi que si les conditions n'étaient «pas réunies» pour conclure les discussions, celles-ci «continuent».

Plus généralement, les agriculteurs européens dénoncent une concurrence déloyale au niveau agricole, notamment parce que les produits importés ne sont généralement pas soumis aux mêmes réglementations que dans l'UE.

La nouvelle PAC, qui renforce depuis 2023 les obligations environnementales, et les législations du Pacte vert européen - même si elles ne sont pas encore en vigueur - cristallisent tout particulièrement la colère.

A ce titre, la Commission européenne a annoncé mardi qu'elle envisageait d'adopter une nouvelle dérogation aux règles sur les jachères, qui imposent de garder 4% de jachères ou surfaces non-productives

Le mouvement de colère s'étend en tout cas sur le continent: après des manifestations en Allemagne, en Pologne, en Roumanie, en Belgique ou en Italie ces dernières semaines, les trois principaux syndicats agricoles espagnols ont annoncé des «mobilisations» dans l'ensemble du pays au cours des «prochaines semaines».

En France, les agriculteurs continuent à perturber le trafic un peu partout dans le pays, plus d'un quart des départements français (30) ayant été touchés, après avoir parfois passé la nuit dans leur tracteur.

Plusieurs blocages stratégiques ont été organisés autour de Paris, mais aussi sur plusieurs autoroutes et beaucoup se disaient déterminés à tenir les blocus jusqu'à obtenir gain de cause.

Toutefois, malgré les menaces syndicales, le «siège» annoncé sur la capitale française n'a jusqu'à présent pas eu lieu.

En Italie, des dizaines d'agriculteurs se disant «trahis par l'Europe» ont protesté mardi avec leurs tracteurs près de Milan (nord).

Le gouvernement grec, également confronté à une contestation grandissante du monde agricole, a lui promis d'accélérer le versement des aides financières aux agriculteurs victimes de graves inondations l'an dernier.

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