noscript

Please Wait...

Attaques dans une région disputée entre les deux Soudans, au moins 54 morts

Attaques dans une région disputée entre les deux Soudans, au moins 54 morts
folder_openAfrique access_timedepuis 3 mois
starAJOUTER AUX FAVORIS

Par AlAhed avec AFP

Au moins 52 civils et deux Casques bleus ont été tués dans des attaques à caractère ethnique ce week-end dans la région d'Abyei, zone pétrolifère frontalière contestée entre le Soudan et le Soudan du Sud, a dénoncé lundi l'ONU, dont le chef a évoqué de possibles «crimes de guerre».

Les affrontements sont réguliers à Abyei, dont le statut n'a pas été réglé depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011 et qui est placée sous la protection de l'ONU.

«Actuellement, selon les autorités locales, 52 civils ont perdu la vie, tandis que 64 autres seraient grièvement blessés», a déploré dans un communiqué la Force intérimaire des Nations unies (Fisnua), se disant «préoccupée par la poursuite des affrontements intercommunautaires».

Deux Casques bleus, un Ghanéen et un Pakistanais, ont également été tués, selon la force onusienne.

«Le secrétaire général (Antonio Guterres) condamne la violence et les attaques contre la Fisnua et appelle les gouvernements du Soudan du Sud et du Soudan à une enquête rapide, avec l'aide de la Fisnua, afin que leurs auteurs soient traduits en justice», a indiqué le porte-parole du chef de l'ONU au siège à New York, Stéphane Dujarric.

Le diplomate a souligné que M. Guterres «rappelait à toutes les parties que les attaques contre des soldats des Nations unies pour le maintien de la paix pouvaient constituer des crimes de guerre» au regard du droit international.

Selon l'autorité administrative d'Abyei (AAA), des «jeunes armés» de la tribu des Twic - appartenant à l'ethnie Dinka, la plus nombreuse du pays - venus de l'Etat sud-soudanais voisin du Warrap et des rebelles ont mené samedi plusieurs attaques, notamment contre le marché de Nyinkuac d'Abyei, principale ville de la région, ainsi que dans les zones de Majbong et Khadian.

Au moins une de ces attaques a visé des Ngok, autre branche de l'ethnie Dinka vivant à Abyei, selon l'AAA.

Le Casque bleu ghanéen a été tué samedi dans une attaque contre une base de la Fisnua à Agok, à environ 40 km au sud d'Abyei, menée «par un groupe armé», a indiqué l'ONU.

L'autre Casque bleu, un Pakistanais, a été tué dimanche par des «tirs nourris» sur des véhicules transportant des civils blessés vers un hôpital, a ajouté la même source lundi.

La Fisnua compte actuellement 3.250 militaires et 640 policiers en charge du maintien de la paix.

«Profondément préoccupés»

Dans un communiqué publié lundi, Etats-Unis, Royaume-Uni et Norvège - la «Troïka» qui a parrainé l'indépendance du Soudan du Sud en 2011 - se sont dits «profondément préoccupés par l'escalade de la violence ces derniers mois entre les communautés vivant à et aux alentours» d'Abyei.

Un conflit entre les tribus Twic et Ngok a débuté en 2022 au sujet de revendications foncières dans une zone située à la frontière du territoire d'Abyei et de l'Etat du Warrap.

En novembre, au moins 32 personnes avaient été tuées dans des affrontements entre les deux groupes.

Plus tôt en janvier, le président sud-soudanais Salva Kiir les avait appelés à un cessez-le-feu.

La région est aussi régulièrement endeuillée par des tensions entre les Ngok et les éleveurs misseriya, qui traversent la zone à la recherche de pâturages.

Des heurts ont notamment fait plusieurs dizaines de morts en mars 2022.

Des responsables de l'ONU ont par ailleurs fait part fin novembre de leur inquiétude de voir la zone d'Abyei encore plus déstabilisée par le conflit, en cours depuis avril au Soudan, entre l'armée régulière dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohamed Hamdane Daglo.

L'émissaire de l'ONU pour la Corne de l'Afrique, Hanna Tetteh, s'est notamment inquiétée de la progression des combats vers le sud et la frontière entre les deux pays.

Notant la «proximité» de certains groupes des Misseriya avec les FSR et «les campagnes de recrutement des parties belligérantes», elle s'est inquiétée des impacts dans ce territoire, en particulier sur «la coexistence déjà fragile entre les Misseriya et les Ngok Dinka».

Comments

//