Seuls 29% des Français souhaitent que l’Ukraine entre dans l’UE
Par AlAhed avec sites web
Les Européens, et particulièrement les Français, apparaissent divisés quant à une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, et plus largement sur un élargissement de celle-ci au-delà des 27 États membres qui la composent depuis le départ du Royaume-Uni.
L’entrée de la Turquie dans l’UE fait quant à elle l’objet d’un rejet majoritaire.
C’est à tout le moins le cas des populations de six pays européens - Danemark, Pologne, Allemagne, Autriche, France, Autriche - qui ont fait l’objet d’un sondage paru ce mardi 12 décembre et réalisé par YouGov et Datapraxis pour une étude de l’ECFR (European Council on Foreign Relations), think tank pro-européen dont le siège social est basé à Berlin.
À ce jour, huit pays sont officiellement candidats à une adhésion au sein de l’UE: la Turquie, la Macédoine du Nord, le Monténégro, la Serbie, l'Albanie, l'Ukraine, la Moldavie et la Bosnie-Herzégovine.
Le cas de Kiev est particulièrement emblématique puisque sa candidature a été déposée le 28 février 2022 - quatre jours après l’opération militaire russe en Ukraine - et reconnue officiellement le 23 juin de la même année.
Le 4 novembre dernier, lors d’une visite dans la capitale ukrainienne, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, s’est dite «confiante» et a salué d’«excellents progrès».
Division entre «anciens» et «nouveaux» Européens
Reste que les opinions, elles, sont plus mitigées. En moyenne, seulement 37% des sondés des six pays sont favorables à une intégration de l’Ukraine au sein de l’UE, contre 33% qui s’y opposent. 30% ne savent pas ou sont indifférents.
En France, le doute est plus marqué: 29% y sont favorables et 35% défavorables.
L’Hexagone n’est pas non plus le pays le plus hostile: en Autriche, le soutien est de seulement 28% et l’opposition monte à 52% (le seul des six pays où cette valeur dépasse les 50%).
Inversement, le Danemark et la Pologne sont les plus favorables à cette candidature (respectivement 50% et 47%).
Du reste, ces valeurs concernant une adhésion de l’Ukraine sont légèrement plus élevées que celles concernant le souhait plus général d’un élargissement de l’UE au-delà de son format actuel.
À la question «pensez-vous que l’UE devrait ou ne devrait pas considérer en ce moment (l’adhésion) de nouveaux États membres?», les réponses sont les suivantes: en moyenne, dans les six pays, 35% des sondés y sont favorables, 37% opposés et 28% ne savent pas ou sont indifférents.
Là encore, la France est davantage sceptique: ces trois valeurs sont respectivement de 27%, 44% et 30%.
À l’inverse, la Roumanie (51%) et la Pologne (48%) y sont beaucoup plus favorables, tandis que l’hostilité est la plus forte en Autriche (53%).
«Il existe une division entre les ’anciens’ et les ’nouveaux’ pays de l'UE sur le sujet de l'admission de nouveaux États membres», analyse l’ECFR.
Parmi les candidats testés, l’Ukraine est même le pays dont l’adhésion est la plus plébiscitée (même si les chiffres restent relativement faibles en valeur absolue).
En moyenne, le rejet le plus fort concerne les candidatures de l’Albanie (35%), du Kosovo (37%) et de la Turquie (51%).
Ces chiffres sont encore supérieurs en France (respectivement 41%, 42% et 58%).
«Reconnaître les coûts de l'élargissement n'exclut pas le soutien», remarque l’ECFR.
Le sondage analyse effectivement l’impact politique, économique, sécuritaire et diplomatique de l’adhésion de l’Ukraine dans l’UE tel que perçu par les personnes interrogées.
Selon eux, dans la moyenne des six pays, l’impact est davantage négatif que positif (et ces valeurs sont notablement inférieures à celles mesurant le souhait d’une adhésion elle-même).
Ainsi, par exemple, l’impact sur «la sécurité de l’UE» serait négatif pour 46% d’entre eux et «positif» pour seulement 25%.
Sur l’économie de l’UE, l’impact serait «négatif» pour 38% et «positif» pour 30%.
Si l’on observe seulement les réponses des Français interrogés, le constat est relativement similaire.
Pour respectivement 45% et 38% d’entre eux, l’impact de l’adhésion de l’Ukraine serait «négatif» pour la sécurité et l’économie de l’UE.
Les réponses «positives» ne s’élèvent qu’à 18% et 24%.
En définitive, selon les chercheurs Piotr Buras et Engjellushe Morina, cités par l’ECFR, «même si les arguments géopolitiques en faveur de l'élargissement sont plus forts aujourd'hui qu'ils ne l'étaient auparavant, il y a 20 ans, l'opinion publique n'a pas suivi le rythme» en Europe.