Port du hijab: imbroglio autour d’étudiantes en école d’infirmières près de Nice
Par AlAhed avec sites web
Une polémique de rentrée dont se serait bien passé cet institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) à La Gaude (Alpes-Maritimes), près de Nice. Deux de leurs étudiantes ont accusé la direction de «mesures discriminatoires» à leur encontre. Celles-ci ont été convoquées jeudi dernier parce qu’elles avaient gardé leur hijab et turban islamique - qui leur recouvrait l’ensemble du corps - lors d’un cours de travaux pratiques.
Dans les colonnes de Nice-Matin, l’une d’entre elles s’est indignée de cette situation et a évoqué, avec son avocat, Me Sefen Guez-Guez, l’idée de porter plainte.
Contactée par Le Figaro, sa défense confirme: «On les a menacées [en leur disant] qu’elles n’entreraient plus en cours si elles portaient encore cette tenue. Mais dans le cadre d’une jurisprudence du conseil d’État, elles en ont tout à fait le droit», indique celui qui a défendu par le passé le CCIF et l’ONG Baraka city.
Une décision rendue le 28 juillet 2017 indique pour ce cas précis que dans «les instituts de formation paramédicaux, les élèves, lorsqu’ils suivent des enseignements théoriques et pratiques en leur sein (...) sont libres de faire état de leurs croyances religieuses, y compris par le port de vêtement ou de signes manifestant leur appartenance à une religion», peut-on lire sur Légifrance.
Une autre mention suit et peut davantage prêter au débat: «sous réserve de ne pas perturber le déroulement des activités d’enseignement et le fonctionnement normal notamment par un comportement revêtant un caractère prosélyte ou provocateur».
Règlement intérieur
Face à ces accusations, la directrice générale de l’ensemble du groupe hospitalier privé Sainte-Marie se défend et avance le règlement intérieur de l’école.
Celui-ci stipule que «les couvre-chefs (casquettes, bonnets, bandeaux larges etc.) sont interdits dans l’enceinte de l’institut et sur les terrains de stages».
Le port du hijab pendant des travaux pratiques ne serait donc pas adapté.
«C’est un événement isolé mais que je prends au sérieux», confie Stéphanie Durand au Figaro, non sans faire fi du contexte de la rentrée avec l’interdiction du port de l’abaya.
Elle affirme «se focaliser uniquement sur l’intérêt du patient», selon elle.
«Dans le cadre d’un enseignement pratique, et en tant que futurs soignantes, il faut une tenue adéquate, si ce n’est pour respecter des règles d’hygiènes, poursuit-elle en indiquant qu’elle s’est entretenue sur ce sujet avec l’ARS. On respecte leur croyance, on leur propose même de pouvoir mettre des charlottes à la place».
La carte de l’apaisement est jouée, sans pour autant déroger à la règle pour les enseignements pratiques.
Les élèves ont de nouveau été convoquées, lundi, pour échanger sur cette situation et éviter tout nouvel imbroglio.
Elles restent autorisées à porter cette tenue lors des enseignements théoriques, même si, début septembre, elles avaient été rappelées à l’ordre pour se découvrir le cou et les oreilles.
Chose qu’elles avaient acceptée. Mais lors de ce «TP», elles étaient revenues avec cette «tenue qui ne convenait pas».
Selon l’avocat de la jeune femme concernée, «il n’y a plus de difficultés» à ce stade.
L’Ifsi compte 400 étudiants répartis sur trois promotions. Et c’est la première fois qu’il faisait face à un tel incident.