La Grèce frappée par «le plus grand incendie jamais enregistré» en Europe
Par AFP
La Grèce lutte depuis 11 jours contre un feu dévastateur dans le département frontalier d’Evros, dans le nord-est de son territoire, qui a tué 20 personnes et provoqué «un désastre écologique» et économique.
Déclaré le 19 août et ayant déjà brûlé plus de 81 000 hectares, dont une grande partie du parc national de Dadia, selon l’observatoire européen Copernicus, ce feu est «le plus grand jamais enregistré dans l’UE», a indiqué mardi à Bruxelles Balazs Ujvari, un porte-parole de la Commission européenne.
Il s’agit du plus gros incendie de forêt d’un seul tenant depuis 2008, selon Copernicus. Mais dans le passé, des épisodes marqués par de multiples foyers concomitants dans une même zone ont été encore plus dévastateurs, comme au Portugal, où 286 000 hectares étaient partis en fumée du 13 au 17 octobre 2017.
Mardi, l’incendie continuait de brûler la forêt de Dadia, protégée par le réseau européen de Natura 2000, qui est mondialement connue comme un lieu d’habitat ou d’hibernation pour les rapaces. Selon les pompiers, trois foyers restent problématiques et la Protection civile a recommandé mardi soir l’évacuation du village de Kotronia, proche de Dadia. La semaine dernière, de nombreux villages de l’Evros menacés par les flammes avaient été évacués.
Au total, 475 pompiers avec 100 véhicules, 6 avions et 4 hélicoptères étaient mobilisés mardi à Evros et le département proche de Rhodope touché également par les flammes.
L’Union européenne (UE) a récemment envoyé 11 avions et un hélicoptère de la flotte européenne pour aider la Grèce avec 407 pompiers, soit la moitié des moyens aériens européens communs, selon Balazs Ujvari.
«Un énorme désastre écologique»
La végétation est si dense dans cette région que les flammes ne sont souvent pas visibles et l’eau jetée par les pompiers n’atteint souvent pas les foyers qui brûlent au sol, estiment les gardes forestiers de l’Evros, qui marque la frontière gréco-turque.
La semaine dernière, 20 personnes ont été retrouvées calcinées — en majorité des migrants, dont deux enfants — près d’Alexandroupoli, chef-lieu de l’Evros.
Composée principalement de pins noirs (Pinus nigra) et de pins sylvestres (Pinus brutia) mélangés à des chênes, la forêt du parc de Dadia est surtout connue pour ses rapaces, dont le vautour moine (Aegypius monachus), le vautour fauve (Neophron percnopterus) et le vautour percnoptère (Gyps fulvus), selon l’association grecque des ornithologues.
Rappelant un grand incendie qui avait touché Dadia en 2011, la garde forestière Dora Skartsis estime que «tout ce qui a été régénéré depuis a été perdu» ces derniers jours. «Si nous prenons en compte les zones forestières brûlées par l’incendie dans le sud de l’Evros, nous parlons d’un énorme désastre écologique. L’image est tragique», a affirmé cette experte qui dirige la Société de la protection de la biodiversité de Thrace.
La forêt de Dadia est vitale pour l’économie locale, car elle soutient l’exploitation forestière, l’apiculture et les activités touristiques de l’Evros, l’un des plus pauvres départements du pays.
Rien que dans la municipalité d’Alexandroupoli, plus de 4000 moutons et chèvres ont été brûlés, ainsi que 50 bergeries, selon les premières estimations. Des entrepôts contenant des aliments pour animaux ont également été détruits, a déclaré lundi Kostas Dounakis, président de l’Association locale des éleveurs sur la chaîne de télévision publique ERT.
«L’été le plus difficile»
À l’issue d’une réunion ministérielle mardi sous l’égide du premier ministre Kyriákos Mitsotákis, des mesures de reboisement nécessaire ont été annoncées dans la région de l’Evros et sur le mont Parnès, près d’Athènes, ravagé également ces derniers jours par un autre feu.
Le ministre de l’Environnement, Théodoros Skylakakis, a annoncé des travaux et des dédommagements pour éleveurs, agriculteurs et habitants ayant perdu leur logement.
Comme tous les pays du pourtour méditerranéen, la Grèce est en proie cet été à de nombreux feux ayant brûlé jusqu’ici 120 000 hectares, selon des estimations de l’Observatoire national grec — soit trois fois la moyenne annuelle depuis 2006, relève Copernicus. Le gouvernement impute ces feux au changement climatique. «Il s’agit de l’été le plus difficile en termes de conditions climatiques, ce qui rend le travail des autorités […] beaucoup plus dur», a souligné lundi le porte-parole du gouvernement, Pavlos Marinakis.