Royaume-Uni: le Parlement a adopté dans la nuit une nouvelle loi très controversée sur l’immigration
Par AlAhed avec agences
Le texte, qui doit encore être validé par le roi Charles III, «est en contradiction» avec les obligations du Royaume-Uni au regard du droit international relatif aux droits de l'homme et aux réfugiés, selon l'ONU.
Le Parlement britannique a adopté dans la nuit de ce lundi à ce mardi 18 juillet une loi très controversée sur l'immigration, qui prévoit d'empêcher les migrants arrivés au Royaume-Uni de manière illégale de demander l'asile dans le pays. Cette loi est une étape clé pour le premier ministre conservateur Rishi Sunak qui s'est fixé comme priorité de lutter contre l'immigration illégale.
Il a promis de «stopper» les arrivées par la Manche de migrants à bord de petites embarcations. En 2022, plus de 45.000 migrants sont parvenus à bord de ces bateaux sur les côtes anglaises, un record. Ils sont plus de 13.000 à avoir fait la traversée cette année.
Expulsion rapide
Cette loi, qui a suscité de nombreuses critiques au Royaume-Uni et de la part d'organisations internationales, empêche les migrants arrivés de manière illégale sur le territoire britannique de demander l'asile dans le pays. Le gouvernement veut de plus que les migrants, après avoir été placés en détention, soient rapidement expulsés, soit dans leur pays d'origine, soit dans un pays tiers tel que le Rwanda, d'où qu'ils viennent.
Londres a passé un accord l'an dernier avec le Rwanda pour y envoyer des migrants en situation illégale, mais aucune expulsion n'a encore eu lieu. Un premier vol prévu en juin 2022 avait été annulé après une décision de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH). Fin juin, la justice a déclaré illégal ce projet, mais le gouvernement a immédiatement annoncé un recours contre ce jugement.
Plusieurs semaines de blocage
Le projet de loi sur l'immigration est resté bloqué des semaines au Parlement, la Chambre des Lords ayant réclamé de nombreux amendements, notamment des limites à la détention des enfants et des protections contre l'esclavage moderne. Le texte doit encore être validé par le roi Charles III pour devenir une loi.
Le chef spirituel de l'Église anglicane, l'archevêque de Canterbury Justin Welby, qui est membre de la chambre des Lords est un farouche opposant à cette loi. «Je ne vois pas comment» elle va permettre d'arrêter les embarcations des migrants, a-t-il dit lors des débats. «Je n'ai rien entendu qui m'ait convaincu», a-t-il ajouté.
La nouvelle loi «est en contradiction» avec les obligations du Royaume-Uni au regard du droit international relatif aux droits de l'homme et aux réfugiés, ont affirmé les chefs des agences de l'ONU en charge de ces deux sujets, respectivement Volker Türk et Filippo Grandi, dans un communiqué.