Militaires français désarmés au Tchad: N’Djamena s’excuse, Paris insatisfait
Par AlAhed avec agences
L’histoire des militaires français désarmés et immobilisés par l’armée tchadienne a connu une suite inattendue. Bien que personne n'ait officiellement confirmé leur présence sur le site, N'Djamena est allé s'excuser directement auprès de Paris. Toutefois, la France reste insatisfaite.
«L'humiliation est profonde», constate Tchad One. N'Djamena a en effet multiplié ses excuses après l'incident de dimanche dernier survenu à la frontière soudanaise, lorsque des soldats français ont été arrêtés par un militaire tchadien lors de vérifications. La vidéo de l'incident avait «mis Paris dans tous ses états», note le média.
Le ministre tchadien de la Défense, le général d'armée Daoud Yaya Brahim, a fait mardi une déclaration pour dire que le militaire en question était «maintenant sous les verrous» pour des mesures disciplinaires.
«Nous demandons des excuses auprès des forces françaises», a-t-il indiqué.
Le général Mahamat Idriss Déby, dit «Mahamat Kaka», Président de la transition, s'est même rendu en personne mardi à Paris pour demander pardon à Emmanuel Macron. Il a par ailleurs besoin de son soutien pour la prochaine élection présidentielle au Tchad, rappelle le média.
Paris veut que des têtes sautent
Or, cette application de N'Djamena n'a pas impressionné la France, qui a jugé toutes ces excuses «insuffisantes», poursuit Tchad One. Le fait qu'en outre le colonel Kalimi Mahamat Touka, responsable de la base où les militaires français ont été arrêtés, a été kidnappé sans procès et que son adjoint a été radié des effectifs de l'armée n'ajoute rien dans ce repentir aux yeux de Paris, d’après les informations de Tchad One.
Celui-ci insiste pour que quatre mesures soient accomplies: 1) Le Tchad doit rédiger un pardon écrit 2) le colonel Touka Kallimi doit être radié des effectifs de l'armée et jeté en prison. 3) Ce dernier doit présenter des excuses publiques et dans la presse envers la France et son armée. 4) Un message doit être adressé à toutes les unités de l'armée tchadienne, leur notifiant l'obligation de laisser l'armée française mener ses opérations en toute liberté.
Un incident étrange
Cependant, RFI précise que l'incident en question a eu lieu en réalité dix jours avant qu'il ne soit connu par les médias. Et qu'il s'agissait d'un malentendu «vite éclairci», selon le ministre tchadien de la Communication Aziz Mahamat Saleh. Ce dernier déplore également «une utilisation politique d'une vidéo coupée à dessein».
La patrouille arrêtée, franco-tchadienne, menait une reconnaissance d'itinéraire en vue de futurs déplacements, selon le média français. «Ces missions ont lieu chaque année, tous les documents nécessaires ont été produits», a précisé la partie française. L'état-major français, cité par RFI, souligne pour sa part qu'«aucun soldat français ne se trouve à Adré ni à la frontière soudanaise».