Le premier ministre indien Modi aux États-Unis pour resserrer les liens face à la Chine
Par AlAhed avec agences
Le premier ministre indien Narendra Modi débute mardi 20 juin une visite aux États-Unis au cours de laquelle il doit rencontrer le président américain pour un «dialogue de haut niveau» destiné à resserrer leurs liens, au moment où Washington rivalise d'influence avec Pékin en Asie-Pacifique.
Le dirigeant de l'État le plus peuplé au monde s'adressera au Congrès américain à Washington. Il sera reçu jeudi à la Maison Blanche pour un fastueux dîner d'État avec Joe Biden, qui recevra seulement pour la troisième fois un haut dignitaire étranger à sa table.
Présenté par New Delhi comme une occasion «historique» d'«étendre et de consolider» les liens indo-américains, le voyage de Modi survient au moment où son bilan en matière de droits humains fait l'objet de vives critiques de la part d'ONG et de l'ONU. Narendra Modi n'en est pas moins un dirigeant très courtisé par les Occidentaux. Et cette visite est considérée par Washington comme l'occasion de renforcer ses liens commerciaux, technologiques et militaires avec l'Inde, un allié potentiel en Asie pour contrer l'influence régionale de la Chine.
Selon des analystes, plusieurs avancées majeures sont attendues après la rencontre de Biden et Modi, en particulier dans les domaines de la défense, des énergies propres et des technologies stratégiques. Pour Ashok Malik, du cabinet de conseil indien The Asia Group, les relations entre New Delhi et Washington se définissent à l'aune du «pragmatisme» et par des liens économiques «très forts». L'Inde est une «puissance montante» en Asie, où la «Chine se montre inhabituellement de plus en plus sûre d'elle», insiste-t-il.
L'Inde cherche à mettre fin à sa dépendance avec Moscou
Début juin, les États-Unis et l'Inde étaient ainsi déjà convenus d'une nouvelle feuille de route de coopération militaro-industrielle à l'occasion d'une visite à New Delhi du secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin. Un rapprochement avec Washington qui intervient au moment où l'Inde cherche à mettre fin à sa dépendance avec Moscou sur le plan militaire, à la fois en élargissant ses sources d'importations d'armes et en augmentant sa production nationale. Et les États-Unis, qui ne sont pas seuls à courtiser l'Inde, espèrent que ses offres en matière de coopération technologique et de coproduction lui assureront ce marché clé.
Après un affrontement meurtrier à la frontière contestée le long du Tibet et de la région indienne du Ladakh en 2020, l'Inde avait renforcé ses liens avec Washington et les autres membres du Quad, une alliance informelle relancée par Joe Biden qui regroupe les États-Unis, l'Inde, le Japon et l'Australie. Mais si un rapprochement permettrait à Washington de contester la position dominante de la Chine au niveau des chaînes d'approvisionnements, la relation qu'entretient New Delhi avec Moscou peut compliquer les discussions avec les États-Unis.
Narendra Modi devrait aussi rencontrer le secrétaire d'État Antony Blinken, de retour d'une visite à Pékin, cinq ans après le voyage de son prédécesseur Mike Pompeo. Le premier ministre indien assistera à une démonstration de yoga, mercredi, au siège des Nations unies à New York. Il rencontrera des chefs d'entreprise américains dans l'espoir de les convaincre d'investir dans son pays, avant la tenue des élections générales indiennes l'an prochain.