Karabakh: Arménie et Azerbaïdjan optimistes à l’ouverture de négociations directes à Moscou
Par AlAhed avec AFP
Les dirigeants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan ont déclaré, avant le début de leurs entretiens à Moscou jeudi, qu’ils progressaient vers une normalisation de leurs relations, après la reconnaissance mutuelle de leur intégrité territoriale.
Le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, et le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, se sont exprimés avant le début des discussions, qui doivent se dérouler sous l’égide du président russe Vladimir Poutine.
Ils se sont entretenus séparément avec le chef de l’Etat russe avant le début de la réunion trilatérale, qui a débuté jeudi en fin de journée.
Bakou et Erevan sont engagés depuis des décennies dans un conflit pour le contrôle de la région azerbaïdjanaise du Nagorny Karabakh, peuplée majoritairement d’Arméniens.
«Il est possible de parvenir à un accord de paix, étant donné que l’Arménie a officiellement reconnu le Karabakh comme faisant partie de l’Azerbaïdjan», a déclaré M. Aliyev à l’Union économique eurasienne, dirigée par la Russie.
«L’Azerbaïdjan n’a aucune revendication territoriale à l’égard de l’Arménie», a-t-il ajouté.
M. Pachinian a déclaré que les deux pays «progressent bien dans la normalisation de leurs relations, sur la base de la reconnaissance mutuelle de l’intégrité territoriale».
Il a ajouté que l’Arménie était prête à «débloquer toutes les liaisons de transport de la région qui passent par le territoire arménien».
M. Poutine a déclaré que le trio discuterait de «questions très importantes et sensibles» telles que le «déblocage des voies de transport».
«Malgré les difficultés et les problèmes qui subsistent, la situation évolue vers un règlement», a assuré le président russe.
Il a précisé que les vice-Premiers ministres des trois pays se rencontreraient dans une semaine à Moscou afin de «résoudre les questions en suspens» concernant la réouverture des liaisons de transport entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.
MM. Pachinian et Aliyev s’étaient ouvertement disputés à ce sujet lors du sommet de l’Union économique eurasienne qui s’est tenu plus tôt à Moscou.
M. Pachinian s’était opposé à l’utilisation par M. Aliyev du terme «corridor de Zangezur» en référence aux liaisons routières et ferroviaires prévues entre l’Azerbaïdjan et son exclave du Nakhitchevan, qui passeraient par la province arménienne de Syunik.
Il avait déclaré que ce projet allait à l’encontre du cessez-le-feu conclu sous l’égide de la Russie, qui a mis fin à la guerre de 2020 dans le Haut-Karabakh, et qu’il équivalait à des revendications territoriales de l’Azerbaïdjan à l’égard de l’Arménie.
«Le mot corridor ne constitue pas une revendication sur le territoire de qui que ce soit», avait rétorqué M. Aliyev.
Lors de la réunion séparée avec M. Pachinian, qui s’est tenue peu après, M. Poutine a assuré au dirigeant arménien que Bakou reconnaissait sans équivoque la souveraineté arménienne sur le Syunik et que «toute interprétation double ou triple de tout ce qui concerne l’éventuel déblocage des communications de transport est sans fondement».
M. Pachinian a réaffirmé, pour sa part, que l’Arménie était intéressée par des liaisons de transport conventionnelles avec l’Azerbaïdjan.
«Je tiens à réaffirmer que les frontières et les services arméniens sont prêts à assurer le transit normal de tous les véhicules et trains à travers le territoire arménien», a-t-il déclaré.
Les deux pays ont cherché à négocier un accord de paix avec l’aide de l’Union européenne et des Etats-Unis.
Le 14 mai, lors d’une réunion organisée à Bruxelles par le président du Conseil européen, Charles Michel, ils se sont mis d’accord sur la reconnaissance mutuelle de l’intégrité territoriale.
L’engagement diplomatique de l’Occident dans le Caucase a irrité la Russie, puissance régionale traditionnelle.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont livrés deux guerres - en 2020 et dans les années 1990 - pour le contrôle du Nagorny Karabakh.
Six semaines d’affrontements à l’automne 2020 se sont terminées par un cessez-le-feu négocié par Moscou, qui a vu l’Arménie céder des pans entiers de territoires qu’elle contrôlait depuis des décennies.
L’Arménie, qui compte sur le soutien militaire et économique de la Russie depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, a accusé Moscou de ne pas remplir son rôle de maintien de la paix au Karabakh.
Les dirigeants arménien et azerbaïdjanais doivent se rencontrer à nouveau en Moldavie le 1er juin.
Ils seront rejoints par le chef de l’UE Charles Michel, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz.