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Comptage d’élèves musulmans lors de l’Aïd : réponse de l’Intérieur, colère des associations

Comptage d’élèves musulmans lors de l’Aïd : réponse de l’Intérieur, colère des associations
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Par AlAhed avec LA DEPECHE

Des policiers ont demandé aux chefs d'établissements scolaires de Toulouse, par mail, de leur indiquer le nombre d'élèves absents le jour de l'Aïd al-Fitr. Alors que l'Intérieur nie tout «fichage», les syndicats dénoncent des «dérives islamophobes».

Des élèves musulmans toulousains ont-ils été «fichés» le jour de l'Aïd-el-Fitr, qui marque la fin du Ramadan ? Le ministère de l'Intérieur a reconnu avoir demandé une «évaluation du taux d'absentéisme constaté» lors de la fête musulmane, mais nie tout «fichage». Alors que la grogne monte dans les milieux associatif et éducatif, voici ce que l'on sait.

Les faits

Dans l'académie de Toulouse, plusieurs chefs d'établissement ont reçu un mail leur demandant de faire «connaître le taux d'absentéisme le vendredi 21 avril, lors de la fête de l'Aïd».

«Il a été demandé aux directeurs d'école et chefs d'établissements de fournir les chiffres de l'absentéisme le jour de l'Aïd», a déclaré à l'AFP une source syndicale, confirmant l'information que nous révélions le 19 mai dernier.

Cette demande, faite par mail, a été envoyée sans l'aval du rectorat de Toulouse : «En aucun cas nous ne menons des enquêtes de la sorte», a déclaré à l'AFP Mostafa Fourar, recteur de l'académie. «Si quelqu'un a pris cette initiative, l'Education nationale n'y est absolument pas associée», a-t-il ajouté.

Pour rappel, L'Aïd al-Fitr, fête marquant la fin du mois de Ramadan pour les musulmans, a eu lieu cette année le 21 avril, veille des vacances scolaires dans l'académie de Toulouse.

Selon une source proche du dossier, «il s'agit d'une maladresse». «Les services du renseignement territorial sont passés par des policiers référents de l'Education nationale, leur message était mal formulé, mais demander un taux d'absentéisme, ce n'est pas du fichage ni des données nominatives», a souligné cette source.

Ce que dit l'Intérieur

Le ministère de l'Intérieur a reconnu, par voie de communiqué de presse, avoir demandé dans certaines académies une «évaluation du taux d'absentéisme constaté à l'occasion de l'Aïd al-Fitr». Mais Beauvau nie tout «fichage», comme l'a affirmé dimanche la secrétaire de l'Etat chargée de la citoyenneté, Sonia Backès, face à l'indignation suscitée par l'initiative.

«Le ministère de l'Intérieur et des Outre-mer étudie régulièrement l'impact de certaines fêtes religieuses sur le fonctionnement des services publics, et notamment au sein de la sphère scolaire», a indiqué Sonia Backès dans un communiqué.

«C'est dans ce cadre qu'une évaluation du taux d'absentéisme constaté à l'occasion de la fête de l'Aïd al-Fitr, le 21 avril dernier, a pu être demandée, dans certaines académies, aux chefs d'établissement», indique le communiqué.

«Aucune donnée nominative a été ni demandée ni recensée à aucun moment», a précisé Sonia Backès qui affirme que l'initiative ne relevait pas d'une volonté de «fichage» des élèves en fonction de leur confession.

Colère des syndicats et associations

Des responsables associatifs, syndicaux ou politiques se sont inquiétés de cette initiative policière, certains comme l'ancien député socialiste Jean-Christophe Cambadelis évoquant «un fichage dans l'ensemble de la ville».

La demande des policiers est «particulièrement choquante en ce qu'elle associe la pratique religieuse musulmane à une question de sécurité», a indiqué de son côté SOS Racisme, en rappelant que la demande aux établissements scolaires émanait de la direction départementale de la sécurité publique (DDSP).

Le syndicat Sud Education a de son côté dénoncé des «dérives islamophobes» dans l'administration. «Des collègues AESH et agents se sont vus refuser une autorisation d'absence», pour le jour de la fête, au contraire des enseignants, a-t-il par ailleurs indiqué.

L'Union des Mosquées de France pour sa part demandé une «enquête en bonne et due forme».

«Les familles doivent être dûment informées et rassurées du devenir des informations données par certains chefs d'établissements ayant, malheureusement, répondu à la sollicitation des policiers», a estimé l'Union des Mosquées de France.

 

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