Soudan: les combats continuent avant des discussions en Arabie saoudite
Par AlAhed avec agences
Les combats font rage samedi à Khartoum alors que l'armée et les paramilitaires en lutte pour le pouvoir au Soudan doivent discuter en Arabie saoudite d'une nouvelle trêve.
Comme chaque jour depuis le 15 avril, les habitants de la capitale se sont réveillés dans le vacarme des bombardements.
Ironie du sort, des témoins rapportent à l'AFP que l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane mène des raids aériens sur le quartier de Ryad --qui tire son nom de la capitale saoudienne-- quelques heures avant le début à Jeddah, autre ville saoudienne, de négociations entre ses représentants et ceux des Forces de soutien rapide (FSR) du général rival Mohamed Hamdane Daglo.
Des combats ont lieu ailleurs dans la capitale, ajoutent-ils.
Discussions pré-négociations
Les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, qui semblent désormais à la manœuvre sur le plan diplomatique, ont parlé de «discussions pré-négociations», exhortant les belligérants à «s'impliquer activement» pour aboutir à un cessez-le-feu.
L'armée a confirmé envoyer ses négociateurs à Jeddah et vouloir discuter d'un cessez-le-feu. Les FSR, elles, n'ont pas commenté mais selon des responsables soudanais, elles y seront représentées par des proches du général Daglo et de son très puissant frère Abderrahim, qui passe pour le financier des FSR via ses mines d'or.
2 millions de personnes de plus risquent de souffrir de malnutrition aiguë
Entre 2 et 2,5 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de malnutrition aiguë au Soudan, portant le total à au moins 19 millions d’ici six mois si le conflit se poursuit, a annoncé un porte-parole de l’ONU vendredi 5 mai. Alors que les combats font toujours rage ce samedi 6 mai à Khartoum, la capitale du pays, l’armée et les paramilitaires en lutte pour le pouvoir au Soudan doivent discuter en Arabie saoudite d’une nouvelle trêve.
«Le Programme alimentaire mondial (PAM) prévoit que le nombre de personnes victimes d’insécurité alimentaire aiguë va augmenter entre 2 et 2,5 millions, augmentant le nombre total à 19 millions dans les prochains trois à six mois si le conflit se poursuit», a déclaré Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l’ONU.
Selon le rapport du PAM, début 2023, 16,8 millions de Soudanais - sur quelque 50 millions d’habitants - souffraient d’insécurité alimentaire grave, déjà un million de plus qu’un an plus tôt. «En mai 2023, en prenant en compte le conflit en cours (…), nous pouvons prudemment estimer que le nombre de personnes victimes d’insécurité alimentaire grave augmentera au moins à 19 millions (près de 40 % de la population) dans les trois à six mois».
14,8 millions de foyers n’ont pas les moyens d’acheter le «panier alimentaire» de base
Les régions qui devraient être les plus touchées, avec plus de la moitié de leur population concernée, sont les Etats du Darfour-ouest, du Kordofan de l’ouest, du Nil bleu, de la Mer rouge et du Darfour-nord.
Le rapport précise qu’en mars 2023, 14,8 millions de foyers n’avaient pas les moyens d’acheter le «panier alimentaire» de base qui inclut des produits comme le sorgho, la farine de blé ou des arachides. «C’est déjà une statistique alarmante», commente le PAM.
Mais si le conflit se poursuit, le prix de ce panier devrait augmenter de 25 % dans les trois à six mois, et 18 millions de foyers n’en auront plus les moyens.