Immeubles effondrés à Marseille: six corps retrouvés, l’espoir s’amenuise
Par AlAhed avec AFP
Lundi à la nuit tombée, les marins-pompiers poursuivaient leur course contre la montre, près de 48 heures après l’effondrement d’un immeuble dans le centre de Marseille. Et l’espoir de retrouver des survivants s’amenuisait, après la découverte de six corps sans vie.
Dans l’amas des gravats du 17 rue de Tivoli, les secouristes ont d’abord retrouvé deux corps dans la nuit de dimanche à lundi. Puis deux autres, dans la matinée. Et encore deux dans l’après-midi, ont indiqué les pompiers et le parquet de Marseille, qui a ouvert une enquête pour «homicides involontaires».
Identifier les causes de l’explosion
«Les opérations d’identifications se poursuivent», a précisé dans un communiqué le parquet. Et pour la première fois depuis le drame, les experts judiciaires «ont pu commencer leur travail pour identifier les causes de l’explosion».
Pour des raisons de sécurité, ils n’avaient jusqu’alors pu accéder au site, trop dangereux.
Du côté des marins-pompiers, l’espoir subsistait encore de retrouver des personnes vivantes sous les décombres: «Nous avons bien sûr espoir de trouver des poches de survie, c’est ça qui nous anime», expliquait ainsi le lieutenant de vaisseau Adrien Schaller.
Dimanche soir, lors d’une conférence de presse, la procureure de la République de Marseille avait évoqué huit personnes présumées disparues au 17 rue de Tivoli, qui ne répondaient à «aucun appel» de leurs proches.
«Des personnes d’un certain âge et un jeune couple d’une trentaine d’années», avait précisé la magistrate au sujet des habitants de cet immeuble de quatre étages, comptant cinq appartements.
Deux personnes pourraient donc être encore sous les décombres, après l’écroulement de cet immeuble proche d’un quartier connu pour ses bars et restaurants.
Et les sauveteurs poursuivaient leur travail, sans relâche, aidés de chiens, de drones et de sondes thermiques.
Au total, plus de 500 mètres cubes de gravats ont déjà été évacués.
Drapeaux en berne
Face à ces «tragiques événements», Benoît Payan, le maire de la deuxième ville de France, a décidé de mettre en berne les drapeaux de l’hôtel de ville et de toutes les mairies de secteur.
Des registres de condoléances seront ouverts.
Lundi soir, le cardinal-archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline, a présidé une veillée de prières à l’église Saint-Michel, proche du lieu du drame.
«L’espoir, même s’il s’amenuise, doit demeurer jusqu’au bout », a-t-il lancé.
Au total, près de 200 personnes, dont plusieurs familles, ont été évacuées par précaution d’une trentaine d’immeubles alentours.
Lundi, les habitants de 61 de ces 220 logements ont pu venir récupérer quelques effets personnels, en attendant de pouvoir peut-être bientôt y retourner définitivement.
Selon le capitaine de frégate Pascal, commandant des opérations de secours lundi, cette opération sera reconduite, pour d’autres personnes n’ayant pas encore pu récupérer leurs affaires. Et pour quelques habitants, de cinq ou six immeubles, ce sera même peut-être déjà le retour, «avec l’électricité mais peut-être sans le gaz», a cependant averti l’officier.
Solidarité
Comme souvent à Marseille, la solidarité s’est organisée.
De nombreuses associations de parents d’élèves du quartier et des habitants se sont mobilisés pour proposer hébergement, vêtements et aide psychologique aux personnes évacuées par précaution d’immeubles environnants.
Dans une ville marquée ces dernières semaines par la multiplication de fusillades mortelles liées au narcotrafic ayant coûté la vie à plusieurs jeunes des arrondissements populaires, cet effondrement mortel a causé un nouveau choc.
Et l’enquête se poursuit pour déterminer les causes de l’explosion, une fuite de gaz faisant partie des pistes, selon les autorités.
«La déflagration a été ressentie partout dans la ville et encore plus ici dans le quartier du Camas, où l’impact a été considérable», a précisé lundi Yannick Ohanessian, adjoint au maire pour la sécurité: «ça a été d’une violence inouïe, et à ce titre, cela a fait bouger potentiellement les bâtiments adjacents, donc il faut être vigilants».
Même si le drame de dimanche a réveillé les images d’un précédent effondrement meurtrier (huit morts) de deux immeubles insalubres en novembre 2018, rue d’Aubagne, dans un autre quartier du centre de Marseille, la situation est bien différente cette fois: rue de Tivoli, «ce ne sont pas du tout des immeubles insalubres», ont souligné maire, procureure et préfet.