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Retraites: la CGT change de tête, les syndicats gardent leur cap

Retraites: la CGT change de tête, les syndicats gardent leur cap
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Par AlAhed avec AFP

Dans la salle de son 53e congrès, à Cournon d'Auvergne (Puy-de-Dôme), vendredi 31 mars, la CGT affiche un front uni. A la tribune, la nouvelle secrétaire générale de la centrale syndicale, Sophie Binet, a un message pour Emmanuel Macron, en pleine contestation contre la réforme des retraites.

«Nous ne lâcherons rien, à commencer par notre exigence de retrait de cette réforme», prévient celle qui a été élue à la surprise générale, un peu plus tôt dans la journée.

Jusqu'alors secrétaire générale de la Fédération des cadres (Ugict), cette conseillère principale d'éducation de 41 ans poursuit, sous les applaudissements: «Il n'y aura pas de trêve, pas de suspension, pas de médiation. On ne reprendra pas le travail tant que cette réforme ne sera pas retirée».

Après une semaine de congrès houleux, Sophie Binet, première femme à diriger la CGT, aura la lourde tâche de recoller les morceaux d'un syndicat profondément divisé.

«Personne n'avait intérêt à rompre l'intersyndicale»

«Personne n'avait intérêt à rompre l'intersyndicale, y compris les plus farouches opposants à la ligne de Philippe Martinez», abonde Maxime Quijoux, sociologue au CNRS et au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam).

Son élection a été saluée par d'autres syndicats, à l'instar du secrétaire général de l'Unsa, Laurent Escure, qui a écrit sur Twitter: «Je veux dire que je suis très heureux pour elle».

Même enthousiasme chez les opposants politiques à la réforme des retraites.

«Les dangers étaient la fracture interne et l'affaiblissement du front contre la retraite à 64 ans. Ils sont évités. C'est une bonne nouvelle à mes yeux», souffle à France Télévisions un député de la Nupes.

La nouvelle patronne de la CGT a confirmé que l'intersyndicale se rendrait mercredi 5 avril à Matignon pour rencontrer Elisabeth Borne.

«Nous irons unis pour exiger le retrait de cette réforme de façon ferme et déterminée», a-t-elle lancé.

Plus question de médiation ou de pause, comme le réclame Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, auquel Philippe Martinez avait semblé emboîter le pas.

«Cela a provoqué un moment de flottement dans le congrès. Là, on revient au retrait de la réforme, ce qui envoie un signal clair en interne», décrypte Maxime Quijoux.

L'exécutif «pariait sur les divisions de la CGT»

Dans ce contexte, l'arrivée de Sophie Binet est-elle une bonne ou une mauvaise nouvelle pour l'exécutif? Officiellement, la majorité salue son élection.

«Personne ne peut souhaiter que la radicalité s'impose à la CGT. Sa désignation est d'abord une bonne nouvelle pour le dialogue social», assure à France Télévisions le député Renaissance Marc Ferracci, proche d'Emmanuel Macron.

«On ne peut que se réjouir de voir une réformiste à la tête de la CGT», approuve également le député Horizons Paul Christophe, chargé des retraites pour son groupe.

«Je trouve préférable d'avoir des syndicats forts et réformistes que faibles et radicaux. Les premiers peuvent faire bouger les choses en mettant en place un rapport de force utile, les seconds montent les tensions dans le pays sans rien apporter de positif», appuie de son côté Nicolas Turquois, député du MoDem.

Au gouvernement, l'entourage du ministre du Travail, Olivier Dussopt, joue le détachement: «On n'a pas du tout regardé les différentes options sous le prisme de ce qui, supposément, nous arrangerait ou pas».

La Première ministre a, elle, affirmé vendredi qu'elle ne connaissait pas personnellement Sophie Binet et qu'elle n'allait «pas interpréter» ce qui se passe à la CGT, mais qu'elle serait «à l'écoute».

Sacha Houlié, le président Renaissance de la commission des lois, anticipe «une situation identique» à l'actuelle.

En réalité, l'arrivée de Sophie Binet est «une très mauvaise nouvelle pour le gouvernement», analyse Maxime Quijoux.

Selon lui, l'exécutif «pariait sur les divisions de la CGT pour faire prospérer la stratégie du pourrissement, mais il n'y a finalement pas de crise à la centrale, ce qui maintient le front syndical uni».

Le profil de Sophie Binet n'est pas non plus un atout pour le pouvoir en place.

«Cette femme jeune, qui vient de l'encadrement, rafraîchit l'image de la CGT. Elle va renvoyer une image différente dans l'opinion publique, sur laquelle le gouvernement aura peu de prise», anticipe le sociologue.

«Elle modernise la CGT. Elisabeth Borne et Emmanuel Macron ne pourront pas caricaturer la CGT en opposants stériles, car l'histoire personnelle de Sophie Binet est en contradiction avec cette caricature», abonde le politologue Dominique Andolfatto.

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