Syrie: Lafarge a été «infiltré par les services français», selon un ex-PDG
Par AlAhed avec AFP
L’ancien PDG du cimentier Lafarge a accusé vendredi les services de renseignement français d’avoir infiltré son entreprise en Syrie, rapporte Le Parisien.
Bruno Lafont reproche aux services français d’avoir infiltré son entreprise, car celle-ci avait maintenu entre 2013 et 2014 une usine en Syrie, à Jalabiya, une zone alors contrôlée par le groupe terroriste «Daech».
«On apprend qu’il y a eu une relation particulière entre l’État français et ses services, et Lafarge (…). Une des raisons pour lesquelles l’État s’est intéressé à nous, c’est que le site de l’usine était vraiment un endroit stratégique pour la coalition antiterroriste et pour la France. C’est pour cela, je crois, que les autorités nous ont, a minima, encouragés à maintenir nos activités en Syrie», affirme celui qui dirigeait le cimentier jusqu’en 2015, dans un entretien accordé à Libération.
L’ancien dirigeant demande à être auditionné par la justice, et que le soient également des «cadres des services de renseignement ou de l’état-major particulier du président de la République», ainsi qu’une «nouvelle levée du secret-défense» entourant cette affaire.
Lafarge aurait financé «Daech»
Bruno Lafont est mis en examen pour financement du terrorisme dans le cadre de l’information judiciaire ouverte depuis 2017 à Paris.
Le groupe Lafarge est pour sa part mis en examen pour complicité de crimes contre l’humanité.
En effet, le cimentier et son PDG sont soupçonnés d’avoir versé, en 2013 et 2014, via la filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), plusieurs millions d’euros à des groupes terroristes, dont «Daech», et à des intermédiaires afin de maintenir l’activité d’une cimenterie en Syrie, à Jalabiya, alors que le pays s’enfonçait dans la guerre.
L’enquête française a évalué ces versements entre 4,8 et 10 millions d’euros pour le seul groupe terroriste «Daech».