Catastrophe ferroviaire: plus de 40.000 personnes manifestent à nouveau en Grèce
Par AlAhed avec AFP
Plus de 40 000 personnes ont de nouveau manifesté leur colère ce jeudi 15 mars en Grèce dans le cadre d’une grève générale, plus de deux semaines après la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts, selon la police.
A Athènes, les différents cortèges ont rassemblé environ 25 000 personnes, selon une porte-parole de la police à l’AFP.
Quelque 65 000 personnes avaient déjà protesté le 8 mars dans toute la Grèce.
A l’appel des organisations syndicales du secteur public mais aussi, pour la première fois, du secteur privé, des dizaines de milliers de personnes doivent à nouveau descendre dans la rue avec un risque de nouvelles violences entre certains manifestants et la police.
La Grèce devrait être en grande partie paralysée, en particulier les transports.
Tous les bateaux reliant le continent aux îles resteront à quai.
Le trafic aérien devrait être fortement perturbé, les avions de la compagnie nationale Aegean Airlines resteront sur le tarmac.
Les étudiants en première ligne
Le trafic ferroviaire ne devrait quant à lui reprendre graduellement qu’à partir du 22 mars, selon le ministre des Transports.
De nombreuses écoles seront également fermées tandis que les étudiants, en première ligne dans cette vague de protestation inédite depuis les années de la crise financière, ont eux aussi prévu de protester.
A Athènes, l’un des rassemblements est attendu en fin de matinée sur la place Syntagma, l’esplanade qui fait face au Parlement.
Depuis la collision frontale entre un train de voyageurs reliant Athènes à Thessalonique (nord) et un convoi de marchandises le 28 février au soir, les Grecs sont descendus en masse dans la rue pour exprimer leur courroux et leur défiance à l’égard du gouvernement du conservateur Kyriakos Mitsotakis.
Ras-le-bol général
Au «pic» de la contestation le 8 mars, quelque 65 000 personnes s’étaient rassemblées dans toute la Grèce.
Au-delà de la catastrophe ferroviaire qui a bouleversé le pays, les Grecs crient leur ras-le-bol face à la détérioration des services publics dans un pays saigné à blanc par les années de crise et les plans d’austérité imposés par ses créanciers.
Car si l’accident ferroviaire de Tempé, dans le centre du pays, a été imputé à une erreur du chef de gare, il a aussi été provoqué par la vétusté du réseau ferré et les lourds retards pris dans la modernisation, notamment de la signalisation, selon les premiers éléments de l’enquête.
Les Grecs réclament des comptes à leurs dirigeants accusés d’incurie.
Dans les cortèges, les appels à la démission du gouvernement ont fleuri alors que des élections générales se profilent d’ici à l’été.
«Assassins»
Etrillé après la catastrophe, le Premier ministre a tenté de répondre à l’indignation d’une population qui a largement perdu confiance dans les institutions depuis la crise de 2008-2018.
Il a promis «la transparence totale» dans l’enquête en cours et demandé à plusieurs reprises pardon aux familles des victimes.
Ce mouvement de colère est particulièrement fort chez les jeunes et les étudiants, alors que de nombreuses victimes étaient dans l’enseignement supérieur et rentraient à Thessalonique, grande ville universitaire, après un week-end prolongé.
Ils défilent en masse au cri de «Assassins» et brandissent des pancartes avec les mots «Appelle-moi quand tu arrives», un message d’une mère à son enfant devenu le slogan de cette contestation.
«La Grèce mange ses enfants»
Nombreux sont les jeunes qui estiment avoir été sacrifiés par les mesures d’économie drastiques des années de crise.
Le chômage des 20-24 ans demeure à un niveau élevé, à 27,6 % au troisième trimestre 2022.
Dans les manifestations, «les slogans ne sont pas nouveaux. La Grèce mange ses enfants», jugeait le quotidien libéral «Kathimerini» dans son éditorial dominical. «Mais l’âge de cette vague de protestation (…) est clair. La génération banqueroute et pandémie, les élèves, les étudiants et les jeunes prédominent».
Évoquant ces jeunes «en colère», le journal de gauche «Efsyn» dressait dimanche peu ou prou le même constat: «ils sont accablés par la faillite économique» de la Grèce, victimes de «la violence d’un système qui brise leurs rêves et réduit leurs droits».