En Irak, le chef de l’ONU appelle à «briser les cycles de l’instabilité»
Par AlAhed avec AFP
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mercredi depuis Bagdad à «briser les cycles de l'instabilité» pour s'engager sur la voie «de la prospérité et de la liberté», à l'occasion d'une visite de «solidarité», la première qu'il effectue en Irak depuis six ans.
Le déplacement d'Antonio Guterres intervient au moment où l'Irak commémore cette année les 20 ans de la chute du régime de Saddam Hussein en mars 2003.
«Je suis ici pour une visite de solidarité, pour souligner l'engagement des Nations unies à soutenir l'Irak dans la consolidation de ses institutions démocratiques (...) et des droits humains pour tous les Irakiens», a déclaré Antonio Guterres lors d'un point presse mercredi, au côté du premier ministre Mohamed Chia al-Soudani.
Défis les plus urgents
Évoquant plusieurs dossiers pressants, notamment l'impact du changement climatique, Antonio Guterres a salué les efforts du premier ministre pour «relever les défis les plus urgents», notamment «la lutte contre la corruption, l'amélioration des services publics et la diversification économique, afin de réduire le chômage».
Disposant d'immenses richesses en hydrocarbures, l'Irak tire 90% de ses recettes de sa manne pétrolière, et ses réserves en devises étrangères ont dépassé les 100 milliards de dollars. Mais après des décennies de conflits, le pays souffre encore d'infrastructures en déliquescence et d'une corruption endémique.
Des dysfonctionnements que des manifestants avaient dénoncé en 2019, lors d'un vaste et inédit mouvement de contestation qui fustigeait également chômage des jeunes.
Antonio Guterres, dont la dernière visite en Irak remonte au printemps 2017, a toutefois exprimé mercredi «l'espoir» de voir le pays «briser les cycles de l'instabilité et de fragilité» pour s'engager «vers plus de prospérité, de liberté et de paix».
«Stabilité régionale»
Le patron de l'ONU a salué le rôle «central» de l'Irak pour la «stabilité régionale» et «l'engagement du gouvernement pour faire progresser le dialogue et la diplomatie», car Bagdad a lancé une médiation inédite entre l'Iran et l'Arabie Saoudite. Et si aujourd'hui ces pourparlers piétinent, ils ont donné lieu à plusieurs rencontres fructueuses entre de hauts responsables des deux pays.
De son côté, Mohammed Shia al-Soudani a souligné les priorités de son gouvernement, en matière de «création d'emplois» et de «lutte contre la pauvreté».
«Notre gouvernement a créé une certaine stabilité politique et sécuritaire. Aujourd'hui l'Irak est une clé de solution dans la région. Il ne fait pas partie du problème sécuritaire et politique», a-t-il martelé.
L'invasion des États-Unis le 20 mars et la chute de Saddam Hussein a ouvert en Irak une des pages les plus sanglantes de l'histoire du pays, marquée par une guerre meurtrière, puis la montée en puissance du groupe terroriste «Daech».
Bagdad avait annoncé en 2017 sa «victoire» militaire contre les terroristes.
Antonio Guterres s'est également entretenu mercredi avec le ministre des Affaires étrangères Fouad Hussein.
Il doit rencontrer le président Abdel Latif Rachid et le chef du Parlement Mohamed al-Halboussi, selon la diplomatie irakienne.
Jeudi, le patron de l'ONU visitera un camp de déplacés dans le nord du pays, avant de se rendre à Erbil pour rencontrer des représentants du gouvernement régional du Kurdistan autonome.
Il se rendra ensuite au Qatar notamment pour le sommet des Pays les moins avancés.