Un document de défense sud-coréen qualifie le Nord d’«ennemi»
Par AlAhed avec AFP
La Corée du Sud a appelé le Nord son «ennemi» dans un document de défense ce jeudi 16 février, un terme qu'elle utilise pour la première fois en six ans, signalant un nouveau durcissement de sa position envers Pyongyang.
Les deux pays sont techniquement en guerre depuis que la guerre de Corée de 1950-1953 s'est terminée par un armistice plutôt que par un traité de paix.
Après l'échec d'un rare cycle diplomatique en 2019, les pourparlers sont au point mort.
Impression d'un «retour à la guerre froide»
La Corée du Nord «nous a définis comme un ''ennemi incontestable''» en décembre 2022, indique Séoul dans un nouveau livre blanc sur la Défense, officiellement publié ce jeudi.
«Par conséquent, le régime nord-coréen et l'armée nord-coréenne (...) sont notre ennemi», poursuit le texte.
Cette démarche illustre l'état des relations intercoréennes, «remplies de confrontations», a déclaré à l'AFP Yang Moo-jin, professeur à l'Université des études nord-coréennes de Séoul.
«Cela donne même l'impression d'un retour à l'époque de la guerre froide» note-t-il.
Au Nord, Kim Jong-un redouble d'efforts en matière de développement militaire, et il a déclaré l'an dernier que le statut de puissance militaire de son pays était «irréversible».
Pyongyang a procédé à des essais nucléaires réguliers, notamment des tirs de missile balistique intercontinental (ICBM) malgré les sanctions imposées par la communauté internationale.
Menace croissante
En réponse, le nouveau gouvernement conservateur à Séoul a intensifié les exercices conjoints avec son principal allié en matière de sécurité, Washington.
«Pyongyang a adopté l'an dernier une loi consacrant le droit d'utiliser des frappes nucléaires préventives», a rappelé An Chan-il, un transfuge devenu chercheur qui dirige l'Institut mondial d'études nord-coréennes.
«Ne rien faire en réponse n'aurait pas été approprié», a-t-il ajouté à l'AFP.
Le livre blanc semestriel de la Corée du Sud sur la défense avait pour la première fois décrit Pyongyang comme «ennemi» en 1994, après qu'un responsable nord-coréen eut menacé de faire pleuvoir «une mer de feu» sur le Sud, et le terme a été utilisé jusqu'en 2000 environ.
Il a ensuite été abandonné pendant quelques années, avant de réapparaître en 2010 après que la Corée du Nord a été accusée d'avoir coulé un navire de guerre sud-coréen, tuant 46 marins.
Il a de nouveau été abandonné sous le mandat de l'ancien président sud-coréen Moon Jae-in.
L'actuel président sud-coréen, Yoon Suk Yeol, a succédé à Moon en mai 2022, et s'est engagé à être plus ferme avec le Nord.