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L’usage de la violence, partie intégrante du comportement de la police française

L’usage de la violence, partie intégrante du comportement de la police française
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Par AlAhed avec PressTV

La vague de violences policières en France n’est pas un nouveau récit dans les médias internationaux. L’usage de la violence fait partie intégrante du comportement de la police française et résulte du soutien indiscutable et de la volonté des hommes politiques de ce pays européen qui se pose en défenseur de la démocratie.

La violence policière en France est définie dans le cadre législatif comme l’autorisation dite légitime par la loi à utiliser la force et, en particulier, à se servir de ses armes, par le policier qui ne peut en faire qu’un usage strictement nécessaire et proportionné face à la gravité de la menace afin de maintenir l’ordre public.

Elle est également dénoncée, dans le cadre de la justice internationale, comme une entrave aux droits de l’homme engageant la responsabilité de l’État, à défaut de mesures légales et proportionnées prises pour prévenir l’usage excessif de la force.

Selon les documents publiés dans les médias français, le gouvernement sacrifie chaque année de nombreux citoyens à la brutalité de la police et, en d’autres termes, à la violence politique de ses dirigeants.

Invité sur RTL, le ministre français de l’Intérieur avait annoncé la mobilisation de plus de 10 000 policiers et gendarmes pour les manifestations du 19 janvier contre la réforme des retraites. Alors que la mobilisation s’annonçait massive, ce dispositif policier important préparait en fait le terrain pour diviser les «bons» et les «mauvais» manifestants.

Darmanin annonce la couleur. Pour la première journée de mobilisation, jeudi 19 janvier, partout dans le pays contre la réforme des retraites, le ministre français de l’Intérieur a annoncé à l’antenne de RTL que «plus de 10 000 policiers et gendarmes seront mobilisés dont 3500 à Paris», assumant même que «c’est beaucoup».

Si l’on est habitué à l’encadrement policier des manifestations en France, cela faisait un temps que le gouvernement n’avait pas mobilisé la rhétorique éculée des fameux «casseurs». Assoiffés de casse, ils seraient d’après les informations des renseignements, «un petit millier de personnes à Paris». «Ultra-jaunes» ou «ultra-gauche», tous les qualificatifs sont remobilisés pour décrire des personnes qui, selon le ministre, «pourraient être violentes».

La préfecture de police se confiait aussi dans le JDD sur les «éléments extrêmement violents» auxquels il s’agirait de faire face, des «fauteurs de trouble» qu’il faudrait «isoler». Les services de renseignements quant à eux évoquent «des incidents prévisibles» dans plusieurs villes, et à Paris «de 200 à 400 éléments radicaux».

Alors que 80 % de la population est opposée au recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans, et que la mobilisation a été très massive jeudi dernier, le gouvernement assume ainsi d’inaugurer le bras de fer qui commence contre la réforme sous le signe de la répression de ces «casseurs».

Lors du mouvement des Gilets jaunes en 2019, on se rappelle notamment que la rhétorique du «casseur» avait été enrichie avec la notion d’ultra-jaunes. Ainsi, remobiliser ce terme à l’heure de la mobilisation contre la réforme des retraites illustre à quel point le spectre des Gilets jaunes qui plane toujours au-dessus de la tête de la macronie, cela à l’heure où 52 % de la population souhaite une explosion sociale de type «Gilet jaune».

Il ne faut donc pas s’y tromper: quand Darmanin parle «d’ultra-jaunes», il entend préparer le terrain à une répression de manifestants qui supposément troublent «la paix et la sécurité» comme l’entendait le préfet Lallement en 2019 à la veille du 5 décembre et de la bataille contre la précédente réforme des retraites.

Une fois de plus, il s’agissait pour le gouvernement français d’instaurer la peur et de légitimer les violences policières qui pourraient se produire, et ce en s’étalant sur la soi-disant violence sans borne des manifestants. C’est la même rhétorique qui était employée pendant le mouvement des Gilets jaunes, alors que la répression policière contre ces derniers avait été féroce, avec son lot de mains arrachées et d’éborgnés dans la véritable escalade sécuritaire du premier quinquennat Macron.

Ensuite, cette opération de division pour Darmanin avant même que le mouvement ait commencé, et c’est bien par crainte d’un «tous ensemble» qui fasse reculer le gouvernement. Une potentielle mobilisation de la jeunesse faisait également très peur au gouvernement: la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris a ainsi mis en place «un dispositif spécial pour surveiller la mobilisation des jeunes», selon les informations de France Inter.

Et le ministre français de l’Intérieur de prodiguer sur RTL ses conseils pour distinguer entre le bon grain et l’ivraie, «entre ceux qui viennent dans les manifestations […] qui veulent exprimer une opinion politique et ceux qui veulent casser».

Cyniquement, il ajoute «notre travail est que les gens qui viennent manifester librement et de façon démocratique ne soient pas embêtés par les violents». «Nul doute que la manifestation de demain nous donnera encore une fois l’occasion de voir qui sont les violents qui “embêtent” ou parfois mutilent les manifestants», a-t-il lancé.

Face à un rejet massif de la réforme par la population, et des manifestations qui s’annoncent fournies, le gouvernement français entend profiter de toutes les occasions, de tout incident pour essayer de retourner l’opinion publique qui est, au désespoir de Macron, largement acquise à la mobilisation.

Il s’agira de préparer le terrain de la division entre les «radicaux» et les «calmes». En ce sens, il en appelle aussi à la responsabilité des directions syndicales, de sorte qu’il a préparé une succession de réunions entre leurs services d’ordre et les autorités, pour que celles-ci travaillent de concert avec la préfecture de police, notamment à Paris.

Tout cela pour éviter que le mouvement naissant ne se radicalise et que la contestation se maintienne dans les clous, sans la «gilet-jaunisation» de secteurs de la base qui fait peur au gouvernement.

Il faut donc rappeler encore une fois: la violence est du côté du gouvernement, celle sociale de sa réforme qui va toucher particulièrement les plus précaires, mais aussi de sa police qui compte bien réprimer pour diviser les «bons» et les «mauvais» manifestants. Face à un Macron qui se pavane en expliquant qu’il ne croit pas au blocage du pays et à la victoire de l’irresponsabilité, les directions syndicales doivent refuser ce jeu-là.

Dans ce droit fil, un ingénieur franco-espagnol de 26 ans, qui prenait des photos lors de la manifestation jeudi contre la réforme des retraites à Paris, a dû être amputé après un coup de matraque d’un policier. Son avocate va porter plainte.

La plainte pour violences volontaires ayant entraîné une mutilation par personne dépositaire de l’autorité publique est en cours de dépôt, a indiqué le conseil du jeune homme, Me Lucie Simon, confirmant une information du journal Libération.

«C’est une qualification criminelle, on n’est pas dans un état de légitime défense ou de nécessité, j’en veux pour preuve les images qu’on a et le fait qu’il n’ait pas été interpellé par la suite», précise Me Simon. Sur des clichés circulant sur les réseaux sociaux et des vidéos diffusées notamment par BFMTV et AB7 Média, on voit un policier donner un coup de matraque à l’entrejambe d’un homme au sol, qui tient un appareil photo dans une main, puis repartir. L’homme avait été jeté au sol par un autre policier, selon son récit.

La scène s’est déroulée au moment de heurts entre manifestants et forces de l’ordre, près de la place de la Bastille, avec jets de projectiles et usage de gaz lacrymogènes. «Le préfet de police a demandé au directeur de l’ordre public et de la circulation (DOPC) à ce que les circonstances exactes de l’incident rapporté soient éclaircies», a indiqué à l’AFP la préfecture de police.

La manifestation avait rassemblé dans la capitale 80 000 personnes selon le ministère de l’Intérieur et 400 000 selon la CGT. L’ingénieur, qui vit en Guadeloupe, «est encore en état de choc et n’arrête pas de demander pourquoi» il a été blessé. «Il ne représentait pas un danger, il ressent une incompréhension, un choc et une colère, car il va subir des conséquences irréversibles», a souligné Me Simon.

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