Procès de l’attentat de Nice: deux à dix-huit ans de prison pour les huit accusés
Par AlAhed avec AFP
La cour d’assises spéciale de Paris a prononcé mardi des peines allant de deux à dix-huit ans de prison pour les huit personnes jugées au procès de l’attentat de Nice, où un Tunisien au volant d’un camion-bélier avait fait 86 morts le 14 juillet 2016.
L’assaillant, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, un chauffeur-livreur de 31 ans, avait été abattu par la police au terme de sa course meurtrière sur la Promenade des Anglais, où la foule était rassemblée pour la fête nationale française.
Son acte avait été revendiqué par «Daech», mais aucun lien n’a pu être mis en évidence entre le mouvement terroriste et lui.
Les peines les plus lourdes de dix-huit années de réclusion criminelle, au-delà du réquisitoire du Parquet national antiterroriste (Pnat), ont été prononcées contre Chokri Chafroud, un Tunisien de 43 ans, et Mohamed Ghraieb, franco-tunisien de 47 ans, reconnus coupables d’association de malfaiteurs terroriste (AMT).
Leurs avocats, qui avaient plaidé l’acquittement, ont aussitôt annoncé leur intention de faire appel de ce verdict.
«C’est une peine monstrueuse parce qu’elle est déconnectée du dossier», a réagi William Bourdon, avocat de Mohamed Ghraieb, qui a déploré que la cour ait répondu à «l’émotion nationale».
«La cour a eu l’intime conviction que “l’auteur de l’attentat” Mohamed Lahouaiej Bouhlel avait été associé, dans la détermination puis la réalisation de son projet criminel, tant à Mohamed Ghraieb qu’à Chokri Chafroud», a indiqué le président de la cour Laurent Raviot, à la fin de la lecture du verdict.
Le troisième accusé qui comparaissait pour AMT, Ramzi Arefa, a été condamné à douze ans de réclusion pour association de malfaiteurs, sans qualification terroriste, et trafic d’armes.
Il était le seul à encourir la perpétuité, car il se trouvait en situation de récidive légale en raison d’une condamnation à un an d’emprisonnement pour vol en 2014.
«Inspiration terroriste évidente»
Ramzi Arefa, Niçois de 28 ans, avait reconnu avoir fourni un pistolet semi-automatique au tueur, qui s’en était servi le soir de l’attentat sans toutefois blesser quiconque.
La cour a souligné la «gravité» de cette transaction, mais a reconnu qu’il n’y avait «pas d’éléments permettant de déterminer qu’il pouvait avoir idée de la détermination terroriste de Mohamed Lahouaiej Bouhlel», leur relation étant récente.
Dans son verdict, la cour a estimé que l’acte du chauffeur avait «une inspiration terroriste évidente», même si aucune allégeance ni aucun lien avec une organisation terroriste n’ont pu être mis en évidence.
Les cinq autres accusés ont été reconnus coupables de trafic d’armes ou d’association de malfaiteurs, sans qualification terroriste, et condamnés à des peines allant de deux à huit ans d’emprisonnement.
Souvent clairsemée depuis le début des débats le 5 septembre, la salle d’audience «grands procès» du Palais de justice de Paris était pour la première fois bondée mardi. Plusieurs parties civiles portaient un T-shirt sur lequel figurait un cœur composé des noms des victimes.
Plus de 2500 parties civiles se sont constituées au procès.
La plupart des parties civiles, crispées avant l’annonce du verdict, affichaient un large sourire en sortant de la salle d’audience.
«Dix-huit ans, ce n’est rien pour ceux qui ont perdu quelqu’un, mais je suis quand même contente. Je ne pensais pas qu’ils prendraient autant», a réagi en larmes une victime, Laurence Bray.
«Je suis content de voir que la justice a été rendue», a indiqué Ali Charrihi, qui a perdu sa mère, «arrachée par la haine de celui qui a foncé sur tous les citoyens, quelle que soit leur couleur de peau, leur religion».
Lors de leurs plaidoiries, les avocats de la défense avaient appelé la cour à faire la part des choses entre «les souffrances des victimes» et l’«implication» réelle des accusés.