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En Somalie, le gouvernement engagé dans une «guerre totale» contre les «shebab»

En Somalie, le gouvernement engagé dans une «guerre totale» contre les «shebab»
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Par AlAhed avec AFP

Le gouvernement somalien est engagé depuis trois mois dans une «guerre totale» contre les extrémistes «shebab», avec une nouvelle stratégie qui, malgré de récents gains militaires, s'annonce longue et périlleuse.

Les «shebab», groupe affilié à «Al-Qaïda», combattent depuis 2007 le gouvernement pour instaurer un soi-disant «califat». Chassés des principales villes en 2011-2012, ils restent solidement implantés dans de vastes zones rurales.

Qui combat les «shebab» ? 

Depuis juillet, deux clans des régions du Galmudug et d'Hirshabelle, dans le centre de la Somalie, ont engagé des combats pour se libérer de la pression des «shebab» locaux.

Le gouvernement a décidé d'envoyer début septembre l'armée, dont les commandos «Danab» formés par l'armée américaine, épauler ces milices claniques baptisées «macawisley» - du nom du sarong traditionnel («macawis») porté par certains de ces combattants civils.

«Le gouvernement veut saisir la dynamique actuelle et encourager ce type de soulèvements dans les zones sous contrôle shebab», explique Omar Mahmood, chercheur à l'International Crisis Group.

Le nombre de soldats engagés dans cette offensive d'ampleur n'est pas connu. Pour les «macawisley», des sources locales évoquent 2.000 à 3.000 combattants. Les effectifs «shebab» sont, eux, estimés entre 5.000 et 8.000 à travers le pays.

Avec un soutien logistique et d'artillerie de la force de l'Union africaine (Atmis), ces troupes ont repris le contrôle de la province de Hiran et de vastes zones du Moyen-Shabelle.

Quelle est la stratégie du gouvernement ?

Mi-juillet, le nouveau président Hassan Cheikh Mohamoud avait détaillé une stratégie sur «trois fronts»: miltaire, idéologique et économique.

«Les politiques précédentes étaient militaristes: attaquer et détruire. Mais le problème des shebab est plus que militaire», expliquait-il.

Sa première action a été la nomination au poste de ministre des Affaires religieuses de Muktar Robow, un des fondateurs du mouvement qu'il a quitté en 2017. Depuis, Robow et le gouvernement s'emploient à «reprendre le récit de l'islam aux shebab», désignés par le terme «khawarij» («renégats»).

Pour tenter de «fermer les robinets» financiers du mouvement, le gouvernement a aussi annoncé que tout commerce payant les «taxes» réclamées par les «shebab» verrait sa licence révoquée.

Son allié américain a annoncé offrir jusqu'à 10 millions de dollars pour toute information permettant «la perturbation des mécanismes financiers».

«Le gouvernement tente d'instaurer un climat de confiance dans la population pour qu'il se dresse contre le groupe. Il est encore difficile de mesurer les effets de ces déclarations», souligne Samira Gaid, de l'Institut Hiraal spécialisé dans les questions de sécurité.

Quelle est la réaction des «shebab» ?

Dans le centre du pays, les «shebab» ont cédé du terrain. Mais ils ont généralement des stratégies de long terme, rappelle Omar Mahmood: «Même s'ils perdent à court terme, ils essaieront de trouver des moyens de saper les progrès du gouvernement pour pouvoir revenir».

Ils ont récemment réinvesti quelques localités délaissées par les troupes fédérales dans leur avancée.

Le groupe mène parallèlement une campagne d'attentats sanglants dans les villes.

Le 29 octobre, la Somalie a connu son attentat le plus meurtrier depuis 2017, avec 121 morts et 333 blessés dans un double attentat à la voiture piégée à Mogadiscio.

Si ces attaques sanglantes sont fréquentes à chaque changement d'administration, elles répondent aussi à une menace «existentielle» pour les «shebab», souligne Samira Gaid: «Ils réagissent fortement pour la repousser et dissuader d'autres clans de rejoindre la lutte».

Une «libération» du pays est-elle possible ?

Hassan Cheikh Mohamoud a affirmé mi-novembre qu'«un retour en arrière ou la défaite ne sont pas une option». Mais la «libération du pays» promise sera jalonnée de défis majeurs.

«Le plus difficile n'est pas de reprendre du terrain», souligne Omar Mahmood: «le plus difficile est de tenir ces territoires, que le gouvernement soit présent, qu'il protège la population et fournisse des services afin qu'elle voie les avantages d'être sous son autorité».

L'histoire a montré que sans autorité, les rivalités entre clans ressurgissent et les «shebab» reviennent. Des affrontements entre clans ont été rapportés dernièrement dans certaines zones «libérées».

Le gouvernement n'ayant pas initié lui-même l'offensive, «il semble que la planification de l'après-libération soit secondaire», déplore Omar Mahmood: «le gouvernement semble plus concentré sur l'expansion de l'offensive».

L'étendre à d'autres régions ne sera pas aisé. Les clans jouent un rôle capital dans l'offensive actuelle mais il n'est pas sûr que tous feront de même, notamment dans le sud, bastion historique «shebab».

Depuis 15 ans, toutes les tentatives d'éliminer militairement le groupe extrémiste ont échoué.

Hassan Cheikh Mohamoud a déclaré en juillet qu'«il y a de solides arguments» pour des négociations. Mais «nous ne sommes pas actuellement en position pour négocier avec les shebab. Nous le ferons, au bon moment», affirmait-il.

Pour Samira Gaid, «il a toujours été clair pour le gouvernement qu'une négociation ne pourrait avoir lieu qu'en position favorable». L'offensive actuelle peut contribuer à «donner l'avantage au gouvernement avant des pourparlers plus tard».

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