Liban: Michel Aoun quitte le palais présidentiel, sans successeur désigné
Par AlAhed avec AFP
Le chef de l'État libanais, Michel Aoun, a quitté dimanche le palais présidentiel à la veille de l'expiration de son mandat sans successeur désigné, ce qui aggrave le blocage politique dans ce pays en plein effondrement économique.
Avant son départ, le président a signé un décret qui conteste au Premier ministre démissionnaire le droit de diriger le pays, ce qui accentue la paralysie des institutions.
Michel Aoun a été acclamé par des milliers de partisans qui se sont massés aux abords du palais de Baabda, à l'est de Beyrouth, et l'ont escorté jusqu'à sa demeure privée dans une banlieue huppée de la capitale.
«Ce matin, j'ai signé le décret considérant le gouvernement démissionnaire», a annoncé le président dans un discours devant ses fidèles qui brandissaient ses portraits et des drapeaux du Courant patriotique libre (CPL) dont il est le fondateur.
La crise politique s’aggrave
La décision du chef de l'État, un chrétien maronite en vertu du partage du pouvoir communautaire dans ce pays multiconfessionnel, aggrave l'impasse politique alors que le gouvernement doit diriger le pays en l'absence d'un chef d'État.
Le Premier ministre Najib Mikati, un musulman sunnite, avait démissionné à l'issue des législatives du printemps dernier et avait de nouveau été choisi par les députés pour former un gouvernement, mais sans y parvenir.
Le Premier ministre a d'ailleurs réagi en affirmant que le décret signé par le président était «sans aucune valeur constitutionnelle» et a assuré que son gouvernement «continuait à expédier les affaires courantes».
Aucun successeur désigné
Le mandat de six ans de Michel Aoun s'achève à minuit lundi sans que les députés soient parvenus à élire son successeur en raison de leurs divisions politiques.
Le Parlement s'est réuni en vain, à quatre reprises depuis un mois, pour élire un président.
Brandissant des portraits du président Aoun, 87 ans, habillés pour beaucoup en orange, la couleur du CPL, des dizaines de partisans de l'ancien commandant en chef de l'armée, qu'ils surnomment «général», ont passé la nuit dans des tentes aux abords du palais de Baabda.
«Nous sommes venus escorter le président à la fin de son mandat pour lui dire que nous sommes avec lui et que nous poursuivrons la lutte à ses côtés», a affirmé Joumana Nahed, une institutrice.