Climat: l’avenir de la France bien pire que prévu, selon une nouvelle étude
Par AlAhed avec sites web
Une nouvelle étude sur l'avenir du climat en France, publiée par une équipe du CNRS début octobre, est extrêmement inquiétante. Grâce à des calculs plus précis, les chercheurs du Centre national de la recherche météorologique (CNRM), de l'université de Toulouse et de Météo-France sont arrivés à la conclusion que, dans un scénario d'émissions modérées de gaz à effet de serre, les températures en 2100 seront 3,8 degrés au-dessus de celle du début du XXe siècle. C'est moitié plus chaud que ce qui était envisagé jusqu'à présent.
Durant l'été, ce sera encore pire, puisque les périodes estivales en 2100 seront en moyenne 5 degrés au-dessus des températures du début du XXe siècle, toujours dans un scénario d'émissions modérées de gaz à effet de serre. Ce dernier est une hypothèse optimiste, puisqu'elle est intermédiaire entre la réduction drastique des émissions, très peu probable, et l'augmentation continue des émissions sur la trajectoire actuelle, sans mesure forte de limitation.
Une méthodologie plus fine
Ils n'incarnent pas le pire scénario possible, mais ces deux chiffres de + 3,8 et + 5 degrés sont déjà synonymes d'un bouleversement écologique majeur condamnant des écosystèmes entiers, rayant de la carte de France des millions d'espèces d'animaux et de végétaux. L'eau manquera cruellement dans toutes les régions. Outre la menace qui pèsera aussi sur la santé humaine, la transformation radicale de l'agriculture rendra impossible la préservation des terroirs français, des vins de Bourgogne aux fromages d'alpages.
Ces résultats ont été obtenus en appliquant au territoire métropolitain une méthodologie développée par la même équipe française et utilisée à l'échelle planétaire par le Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (Giec) dans son sixième rapport, le plus récent. Cette manière de calculer n'avait jusqu'à présent jamais été exploitée pour des projections à l'échelle d'un seul pays, et les projections pour la France étaient calquées sur celles faites à l'échelle du continent ou de grandes régions.
Un réchauffement de 1,66 degré déjà atteint
«L'innovation principale est l'utilisation de données climatiques observées pour contraindre les modèles», explique le CNRS sur son site. «À partir d'un éventail de simulations climatiques réalisées grâce aux modèles utilisés par le Giec, les chercheurs identifient celles qui sont en accord avec les mesures de température récoltées depuis plus d'un siècle. Ainsi, les chercheurs peuvent identifier les projections les plus robustes sur l'avenir du climat, et réduire les incertitudes», poursuit le CNRS.
La France métropolitaine est un excellent territoire pour tester cette méthodologie à l'échelle d'un seul pays, car les mesures météorologiques y sont consignées de manière fiable depuis 1899. D'ailleurs, ces données ont permis de calculer précisément le réchauffement climatique déjà atteint en métropole, qui s'élève à 1,66 degré, soit légèrement au-dessus de la moyenne mondiale (1,6 degré) pour les terres émergées.
L'effet surprenant des aérosols jusqu'aux années 1980
Une autre découverte de l'étude est l'effet majeur sur le climat français des aérosols, ces particules en suspension dans l'atmosphère et souvent issues de la pollution. «On observe que, jusque dans les années 1980, l'effet des aérosols a masqué le réchauffement climatique, au point qu'il n'apparaît quasiment pas dans les instruments», explique Julien Boé, de l'unité Climat, Environnement, Couplages et Incertitudes, l'un des auteurs de l'étude cité par le CNRS.
En clair, la pollution a eu un effet positif en limitant le réchauffement climatique, jusqu'à ce que des réglementations plus strictes limitent les émissions de polluants, moment à partir duquel les températures se sont véritablement emballées.
Les scientifiques français espèrent que d'autres chercheurs modéliseront le climat de leur pays grâce aux outils qu'ils ont développés. «Le code à la base de ces travaux est à la disposition de tout le monde. Il permettra à d'autres équipes ou d'autres services météorologiques de refaire ces calculs facilement pour leur pays ou leur région», détaille l'auteur principal de l'étude, Aurélien Ribes, du CNRM.