Énergie: accord des 27 en vue de mesures pour «contenir les prix»
Par AlAhed avec AFP
Le président du Conseil européen confirme cet «accord pour travailler à des mesures afin de contenir les prix de l’énergie pour les ménages et les entreprises».
Les dirigeants de l'Union européenne sont tombés d'accord dans la nuit de jeudi à vendredi sur une «feuille de route» visant à mettre en place, dans les prochaines semaines, des mesures destinées à endiguer la flambée des prix de l'énergie. L’opération militaire russe en Ukraine et les sanctions imposées à la Russie ont provoqué un choc sur les prix du pétrole, du gaz et de l'électricité. Mais, depuis février, l'Europe réagit avec lenteur, affaiblie par les intérêts divergents des États membres.
Selon le président français Emmanuel Macron, les mécanismes envisagés pourraient être mis en œuvre «fin octobre, début novembre». Il a estimé que les dirigeants avaient «envoyé de manière très claire aux marchés un signal de (leur) détermination et de (leur) unité».
Selon les conclusions diffusées à l'issue de la rencontre, les chefs d'État et de gouvernement demandent à la Commission de leur soumettre «de façon urgente» des «décisions concrètes» sur un ensemble de mesures, dont des interventions pour dompter la volatilité des cours du gaz.
Les 27 se sont mis d'accord pour favoriser les achats en commun de gaz à l'échelle de l'UE, avec l'idée qu'ils restent «volontaires» mais couvrent au moins un niveau-cible «obligatoire» de 15 % des objectifs de remplissage des stocks de l'UE pour l'hiver 2023. Ils ont également appelé à «accélérer ses négociations» avec des pays producteurs «fiables», comme la Norvège et les États-Unis, pour «tirer avantage du poids économique» agrégé de l'UE plutôt que de se faire concurrence sur le marché mondial au risque d'alimenter la fièvre des prix.
Outre une mesure d'encadrement du prix de gros dans les transactions de gaz naturel, les dirigeants demandent par ailleurs un projet précis de mécanisme «temporaire» pour plafonner les prix du gaz utilisé pour produire de l'électricité un dispositif déjà mis en place en Espagne et au Portugal, et dont la France réclamait l'extension à l'ensemble de l'UE. Mais, dans une concession faite à l'Allemagne, ce mécanisme devra être assorti de garde-fous pour « éviter toute consommation accrue de gaz ». Il devra aussi éviter que l'UE ne subventionne de l'électricité qui serait in fine exportée vers des pays voisins (Norvège, Royaume-Uni, Suisse…).
Macron et Scholz jouent l'apaisement
Interrogé sur le couple franco-allemand, moteur de la coopération européenne qui semble en panne, Emmanuel Macron a affirmé que son tête-à-tête avec le chancelier allemand avait permis de «clarifier beaucoup de choses». Quelques heures plus tôt, il avait estimé que Berlin jouait une partition solitaire, semblant rejeter sur les Allemands la responsabilité des difficultés européennes. « Je pense que ce n'est pas bon ni pour l'Allemagne ni pour l'Europe qu'elle s'isole (…). Notre rôle est de tout faire pour qu'il y ait une unité européenne et que l'Allemagne en fasse partie», avait-il indiqué. «Il est très clair que l'Allemagne a toujours agi de façon très solidaire», a répliqué Olaf Scholz.
Le chancelier avait été accusé d'égoïsme quand il avait annoncé fin septembre un plan de soutien à 200 milliards d'euros pour l'économie allemande, sans se concerter avec ses partenaires. C'est sans concertation avec Berlin que Paris a annoncé jeudi un projet d'infrastructure après des années de blocage : la France, l'Espagne et le Portugal ont annoncé un accord pour remplacer le projet de gazoduc MidCat par un pipeline sous-marin entre Barcelone et Marseille, destiné à acheminer du gaz puis de l'hydrogène vert.
Lancé initialement en 2003, ce projet MidCat (pour Midi-Catalogne) était défendu par Lisbonne, Madrid et Berlin mais se heurtait à l'opposition de Paris. Il visait à relier les réseaux gaziers français et espagnol via un pipeline de 190 km allant de Hostalric, au nord de Barcelone, à Barbaira, à l'est de Carcassonne, par les Pyrénées. En milieu de nuit, à l'issue d'une douzaine d'heures de négociations entre les 27, Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont joué l'apaisement, ce dernier évoquant en particulier une relation «intense et fructueuse». Les deux hommes doivent se retrouver mercredi à Paris.