Bangladesh: deux leaders rohingyas abattus dans un camp de réfugiés
Par AlAhed avec AFP
Deux dirigeants de la communauté des réfugiés rohingyas ont été abattus dans un camp du Bangladesh qui accueille près d'un million de personnes appartenant à cette minorité musulmane ayant fui la Birmanie, indique la police ce mercredi 10 août.
Au moins huit assaillants, probablement des Rohingyas, ont abattu Syed Hossain, 40 ans, et Abu Taleb, 35 ans, deux responsables de la communauté rohingya, dans le camp numéro 15 vers minuit, a déclaré Kamran Hossain, porte-parole de la police. «Tous deux ont été transportés d'urgence à l'hôpital où ils ont été déclarés morts», a-t-il précisé, ajoutant que la police s'était lancée à la recherche des assaillants et que la sécurité avait été renforcée dans les camps. Environ 750.000 Rohingyas ont fui les exactions de l'armée en Birmanie et cherché asile en 2017 au Bangladesh voisin, où se trouvaient déjà plus de 100.000 réfugiés, victimes de précédentes violences.
La police n'a pas nommé de suspects, mais des sources rohingyas ont déclaré à l'AFP que l'insurrection de l'Arakan Rohingya Solidarity Army (ARSA), qui opère à la fois dans l'État de Rakhine (ouest de la Birmanie) et dans les camps du Bangladesh, était à l'origine de ces meurtres. L'ARSA est derrière au moins cinq meurtres commis ces trois derniers mois, dont ceux de trois hauts dirigeants rohingyas, ont affirmé deux sources rohingyas, s'exprimant sous couvert d'anonymat de crainte de représailles. En juin, la police a inculpé 29 Rohingyas, dont plusieurs cadres de l'ARSA, pour le meurtre de Mohib Ullah, un chef rohingya et militant pacifiste, en septembre dernier.
Mohib Ullah, fondateur de l'Arakan Rohingya Society for Peace and Human Rights (ARSPH), un groupe de défense des droits de la communauté, qui avait été reçu à la Maison-Blanche, avait été abattu devant son bureau. Sa famille avait aussitôt imputé son meurtre aux forces de l'ARSA qui a fermement nié toute implication. L'ARSA a aussi été accusée d'avoir tué six étudiants et enseignants dans un séminaire islamique contrôlé par un groupe rival. Le mois dernier, la police a déclaré avoir arrêté plus de 800 Rohingyas soupçonnés d'avoir des liens avec l'ARSA.
Selon des dirigeants communautaires, la police leur a demandé de la prévenir de toute présence signalée de cadres de l'ARSA dans les camps. Les Rohingyas survivent, entassés dans des camps insalubres, et refusent de retourner en Birmanie, à majorité bouddhiste, tant qu'ils n'auront pas obtenu des droits de citoyenneté. En mars, les États-Unis ont pour la première fois reconnu que des Rohingyas avaient été victimes d'un «génocide» perpétré par l'armée birmane.