Selon Amnesty, l’armée ukrainienne a mis en danger les civils en opérant depuis écoles et hôpitaux
Par AlAhed avec sites web
L'ONG Amnesty International affirme que les forces de Kiev se sont servies d'infrastructures civiles telles que des écoles ou des hôpitaux comme postes de tir ou comme bases, en faisant des cibles et violant ainsi le droit humanitaire international.
Dans une enquête rendue publique le 4 août, la branche britannique d'Amnesty International a indiqué que l'armée ukrainienne avait mis en danger les civils en établissant des bases et en déployant des armes dans des zones résidentielles, y compris dans des écoles et des hôpitaux. Ce faisant, les forces de Kiev ont, selon l'ONG, «violé le droit humanitaire international», exposant les civils présents à proximité à des frappes russes. D'avril à juin, les enquêteurs d'Amnesty se sont rendus dans les régions de Kharkiv et de Nikolaïev, ainsi que dans le Donbass, ont inspecté les sites frappés et ont recueilli des témoignages de civils. Au terme de leurs investigations, complétées par une analyse de données satellite, ils ont établi que les forces ukrainiennes ont effectué des tirs depuis des zones résidentielles, ou employé celles-ci comme bases, dans 19 villes et villages.
Amnesty International évoque un «échec» de Kiev à protéger les populations civiles
«La plupart des zones résidentielles où les soldats se trouvaient étaient à des kilomètres des lignes de front et des alternatives viables étaient disponibles», précise l'ONG. Déplorant que les forces ukrainiennes n'aient pas incité les civils à évacuer les bâtiments voisins, elle évoque un «échec» à prendre des mesures de protection adéquates des populations civiles. Parmi les témoignages recueillis par les enquêteurs, certains habitants se sont étonnés de la tactique poursuivie par l'armée ukrainienne : en se servant d'entrepôts agricoles ou d'immeubles résidentiels pour établir des postes de combat ou des bases logistiques, elle les a exposés à des tirs russes. «Nous n'avons pas notre mot à dire sur ce que fait l'armée, mais nous en payons le prix», a ainsi déclaré l'un des témoins dont l'habitation a été endommagée après une frappe visant des troupes ukrainiennes stationnées à proximité. Parmi les points saillants de l'enquête, l'ONG précise aussi avoir trouvé des traces d'une activité ou d'une présence militaire dans 22 des 29 écoles inspectées.
La secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, a insisté sur le fait que les hôpitaux ne devaient jamais être utilisés à des fins militaires et que les écoles ou habitations ne devraient l'être «qu'en dernier ressort, quand il n'existe pas d'alternatives viables». Par conséquent, elle appelle le gouvernement ukrainien à «s'assurer qu'il localise ses forces loin des zones peuplées ou qu'il évacue les civils des zones dans lesquelles l'armée opère». L'ONG précise en outre avoir contacté le ministère ukrainien de la Défense, qui n'a pas réagi à l'enquête. Les révélations d'Amnesty International font écho aux accusations portées à plusieurs reprises par Moscou, reprochant aux forces ukrainiennes, et en particulier aux bataillons ultranationalistes, d'utiliser les civils comme boucliers humains. Le Kremlin avait ainsi affirmé, dès la mi-mars, que les forces ukrainiennes aménageaient des postes de tir et déployaient des équipements militaires lourds dans les zones résidentielles, ce qui augmentait les risques de voir les pertes civiles se multiplier au cours des affrontements.
Cependant, si elle condamne le choix des forces de Kiev de se servir de zones résidentielles et d'infrastructures civiles, Amnesty International impute à l'armée russe, au cours des derniers mois, des frappes «aveugles» au moyen d'armes explosives à large zone d'impact, des frappes que les tactiques de l'armée ukrainienne «ne justifient en aucun cas», selon l'ONG. De manière générale, celle-ci rappelle que les protagonistes doivent tout mettre en œuvre pour limiter les préjudices causés aux civils à l'occasion des affrontements, et que tout attaque sur des cibles civiles constitue un «crime de guerre». Depuis le début de son offensive militaire le 24 février, Moscou affirme ne cibler que des infrastructures militaires, tandis que Kiev accuse régulièrement l'armée russe d'être coupable d'exactions envers les civils. En avril, la porte-parole du Haut-commissariat aux droits de l'homme de l'ONU avait également accusé l'armée russe d'avoir mené des bombardements pouvant «relever des crimes de guerre».