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Macron reçoit le prince héritier saoudien, qui poursuit sa «réhabilitation» après l’affaire Khashoggi

Macron reçoit le prince héritier saoudien, qui poursuit sa «réhabilitation» après l’affaire Khashoggi
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Par AlAhed avec AFP

C'est sa première visite en Europe depuis l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi et elle passe par la France. Mohammed Ben Salman dîne jeudi 28 juillet avec Emmanuel Macron, suscitant la colère des défenseurs des droits de l'Homme.

Cette rencontre signe un peu plus la «réhabilitation» du prince héritier saoudien, moins de deux semaines après la visite du président américain Joe Biden en Arabie saoudite, qui a définitivement consacré le retour de «MBS» sur la scène internationale, dans un contexte de guerre en Ukraine et de flambée des prix de l'énergie.

Mohammed Ben Salman, qui avait débuté sa mini-tournée européenne en Grèce, était attendu mercredi après-midi à l'aéroport parisien d'Orly, où le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire devait l'accueillir, annonçait une source gouvernementale.

Son arrivée n'avait toutefois pas été confirmée jeudi matin.

En déplacement en Afrique, dont il reviendra jeudi après-midi, Emmanuel Macron recevra MBS quelques heures plus tard pour un «dîner de travail», prévu à 20h30 à l'Élysée, a indiqué la présidence française dans un communiqué.

Dirigeant de facto du royaume, Mohammed Ben Salman avait été ostracisé par les pays occidentaux, après le meurtre en 2018 du journaliste saoudien critique Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul.

«MBS n'est autre qu'un tueur»

«Macron avait déjà fait le plus gros du travail de réhabilitation en visitant lui-même MBS» à Riyad en décembre dernier, observe Quentin de Pimodan, expert du royaume wahhabite à l'Institut de recherche pour les études européennes et américaines, interrogé par l'AFP.

Et d'affirmer: «Macron a commencé et Biden a achevé la réhabilitation, avec Johnson entretemps», le futur ex-premier ministre britannique s'étant également rendu à Riyad en mars dernier.

Les services de renseignement américains avaient pointé la responsabilité de Mohammed Ben Salman dans l'assassinat de Jamal Khashoggi, envenimant les relations entre Riyad et Washington.

Si le «fist bump», salut poing contre poing, échangé entre les deux hommes à Jeddah lors de la visite de Joe Biden a scellé le retour du président américain sur sa promesse de campagne de traiter le royaume en «paria», le premier déplacement de MBS au sein de l'Union européenne passe mal chez les défenseurs des droits de l'Homme.

«La visite de MBS en France et de Joe Biden en Arabie saoudite ne changent rien au fait que MBS n'est autre qu'un tueur», a déploré auprès de l'AFP Agnès Callamard, qui avait mené une enquête sur l'assassinat de Jamal Khashoggi lorsqu'elle était rapporteuse spéciale de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires.

Et la directrice pour la France de Human Rights Watch, Bénédicte Jeannerod, a taclé sur Twitter «MBS peut apparemment compter sur Emmanuel Macron pour le réhabiliter sur la scène internationale malgré le meurtre atroce du journaliste Jamal Khashoggi, la répression impitoyable des autorités saoudiennes contre toute critique, crimes de guerre au Yémen».

Son retour en grâce auprès de chefs d'État occidentaux est «d'autant plus choquant que nombre d'entre eux ont exprimé à l'époque leur dégoût (pour le meurtre) et leur engagement à ne pas ramener MBS dans la communauté internationale», a-t-elle ajouté, dénonçant «deux poids, deux mesures».

Car moins de quatre ans après l'affaire Khashoggi, l'opération militaire russe en Ukraine le 24 février dernier a provoqué un affolement des prix de l'énergie.

Les pays occidentaux cherchent depuis lors à convaincre l'Arabie saoudite, le premier exportateur de brut, d'ouvrir les vannes afin de soulager les marchés et limiter l'inflation.

Mais Riyad résiste aux pressions de ses alliés, invoquant ses engagements vis-à-vis de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP+), l'alliance pétrolière qu'il codirige avec Moscou.

En mai, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faiçal ben Farhan al-Saoud, avait déclaré que le royaume avait fait ce qu'il pouvait pour le marché pétrolier.

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