Libye: 13 morts dont un enfant dans des combats meurtriers entre milices à Tripoli
Par AlAhed avec AFP
Treize personnes, dont un enfant, sont mortes et 30 ont été blessées dans des affrontements meurtriers entre milices libyennes dans la capitale Tripoli, qui ont éclaté dans la nuit de jeudi à vendredi 22 juillet et ont repris à la mi-journée après une brève accalmie.
Les combats ont repris vendredi avec des échanges de tirs nourris dans l'est de la ville, près du campus de l'université de Tripoli et du Centre Médical de Tripoli (TMC), où de nombreuses personnes ont cherché refuge pendant la nuit pour échapper aux violences, selon les médias libyens et des journalistes de l'AFP.
Engager une médiation
Semant la panique dans les rues et jardins très fréquentés pendant les nuits d'été caniculaires, les combats ont éclaté peu après minuit jeudi, veille du week-end (vendredi-samedi) en Libye, entre deux groupes armés influents de l'ouest de la Libye: la «Force al-Radaa» (dissuasion) et la «Brigade des Révolutionnaires de Tripoli».
Les affrontements de la nuit ont fait «13 morts, dont trois civils parmi lesquels un enfant de 11 ans, et 30 blessés», selon le Service des ambulances et de secours à Tripoli, cité par la chaîne de télévision Libya al-Ahrar.
Une autre brigade appelée «444» est intervenue vendredi matin pour engager une médiation, en positionnant ses véhicules armés dans une zone tampon sur le rond-point de Fornaj (est de Tripoli), avant d'être elle-même ciblée par d'intenses tirs nourris, a constaté un photographe de l'AFP.
Les précédents affrontements entre milices dataient du 10 juin, et s'étaient soldés par la mort d'un milicien, mais cela faisait des années qu'il n'y avait pas eu de victimes civiles dans la capitale.
Selon Oussama Ali, porte-parole du Service des ambulances et secours, une soixantaine d'étudiants, bloqués dans des dortoirs universitaires, à cause des affrontements, ont été évacués par des ambulances vers le TMC.
Des images et vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des dizaines de véhicules, portières ouvertes en plein milieu des rues, abandonnés par leurs conducteurs pour se mettre à l'abri des tirs.
«Terrifiés»
«Nous avons passé la nuit dans le sous-sol, nos enfants sont encore terrifiés», a indiqué à l'AFP Mokhtar al-Mahmoudi, un père de famille habitant le quartier de Fornaj.
De nombreuses salles de fêtes se trouvent dans le secteur des affrontements.
Des centaines de femmes, qui assistaient à des mariages, se sont retrouvées piégées au milieu des combats, incapables de rentrer chez elles.
Les ambulanciers leur sont venus en aide en les évacuant vers le TMC et des zones sûres.
«Si l'ambulance n'était pas venue nous sortir de la salle, je ne sais pas ce qui nous serait arrivé à mes sœurs et moi», a raconté à l'AFP Mayssa Ben Issa, qui assistait au mariage d'une cousine jeudi soir.
Malek al-Badri, 27 ans, a utilisé son navigateur GPS pour éviter les grandes avenues et emprunter des ruelles pour aller chercher sa mère.
«Sans Google Maps, je me serais perdu et Dieu sait où j'allais me retrouver en pleine nuit», dit-il.
Pour le jeune homme, «Tripoli ne retrouvera pas la paix en présence de ces groupes armés».
Vols déroutés
Les vols des compagnies Libyan Airlines en provenance du Caire et al-Alamia (Global Air) de Benghazi, qui devaient atterrir à l'aéroport de Mitiga, non loin de la zone des affrontements, ont été déroutés sur Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli.
Vendredi, la direction de l'aéroport de Mitiga, le seul qui dessert la capitale et situé à quelques kilomètres de la zone de combats, a suspendu le trafic aérien jusqu'à nouvel ordre.
Ces affrontements sont symptomatiques du chaos auquel la Libye est en proie depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 et dont elle ne parvient pas à s'extirper.
La situation sécuritaire dans le pays nord-africain demeure très précaire, avec des tensions récurrentes entre groupes armés dans l'Ouest.
Deux gouvernements se disputent depuis mars le pouvoir: celui de Tripoli qui a été mis sur orbite début 2021 sous l'égide de l'ONU pour mener la transition jusqu'à des élections, et un gouvernement formé en mars et soutenu par le Parlement, qui a élu provisoirement domicile à Syrte, faute de pouvoir prendre ses fonctions dans la capitale.