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Assaut contre le Capitole : la commission parlementaire retrace les 187 minutes d’inaction délibérée de Trump

Assaut contre le Capitole : la commission parlementaire retrace les 187 minutes d’inaction délibérée de Trump
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Par AFP

Pendant trois heures, Donald Trump a regardé les événements à la télévision. 187 minutes exactement pendant lesquelles le président américain a laissé la foule de ses partisans prendre d'assaut le Capitole le 6 janvier 2021, sans rien dire, ni rien faire pour les en empêcher. Entre son retour à la Maison-Blanche à 13h10 après son discours incendiaire prononcé ce jour-là sur la place de l'Ellipse et l'allocution télévisée où il demande de mauvaise grâce à ses partisans de quitter le Capitole diffusée à 4h17, le président est resté assis dans la salle à manger de la Maison-Blanche, regardant en direct sur Fox News l'assaut contre le Congrès, à l'autre bout de l'avenue de Pennsylvanie.

«Plus important que ce que Trump a fait pendant ce temps-là, est ce qu'il n'a pas fait», a souligné Elaine Luria, représentante de Virginie, pendant la huitième audition publique de la Commission du 6 janvier. «Il n'a pas appelé pour donner des ordres, il n'a pas appelé pour envoyer de l'aide ; il n'a pas appelé qui que ce soit dans l'armée, les forces de l'ordre fédérales ou les autorités de Washington, DC. Personne».

Prochaine audition en septembre

Diffusée jeudi 21 juillet à l'heure de grande écoute, cette audition était la dernière d'une série de huit, commencée en juin dernier, avant leur reprise annoncée en septembre prochain. La Commission, spécialement créée pour enquêter sur les évènements du 6 janvier, avait consacré ce dernier volet aux heures de l'assaut de la foule contre le Congrès.

De nouveaux témoins, mais aussi des vidéos, des photos et des enregistrements audio inédits ont fait revivre cette journée fatidique. La cérémonie de proclamation des résultats de l'élection présidentielle interrompue par l'émeute qui fait irruption dans le Capitole, le vice-président Mike Pence contraint par ses gardes du corps de se cacher dans un garage souterrain, les sénateurs et les représentants s'enfuyant en courant ou se barricadant dans leurs bureaux pendant que les émeutiers se répandent dans l'édifice.

Fidèle à sa méthode, la Commission s'est appuyée sur des témoins ayant vécu les évènements depuis l'intérieur de la Maison-Blanche ou du Capitole. Comme lors des auditions précédentes, leurs déclarations étaient d'autant plus accablantes qu'elles émanaient non pas d'opposants politiques ou de démocrates anti-trumpistes, mais de républicains, fidèles du président, restés à ses côtés jusqu'à la fin de son mandat, début janvier 2021. Les deux témoins présents hier, Matthew Pottinger, ancien conseiller adjoint à la Sécurité nationale de Trump, et Sarah Matthews, adjointe à la porte-parole de la Maison-Blanche, avaient tous deux démissionné le soir même de l'émeute, effarés et accablés par le comportement du président et l'assaut inédit lancé contre le processus démocratique.

Un autre témoin très attendu, Pat Cippolone, le conseiller juridique de Trump, est aussi apparu dans des séquences vidéo. Il a notamment confirmé que tout l'entourage du président l'avait pressé d'agir et de rappeler les manifestants, et ce dès 14 heures. «J'ai été très clair sur le fait qu'il fallait une réponse immédiate et énergique, une déclaration publique pour que les gens quittent le Capitole», a-t-il témoigné, sans toutefois révéler le contenu de ses conversations avec Trump ce jour-là.

Aucune réaction de Trump

Plusieurs témoins ont confirmé que Trump n'avait pas passé au cours de l'après-midi un seul appel aux responsables civils ou militaires, en charge du maintien de l'ordre ou de la sécurité nationale pendant l'attaque du Capitole. «Pour moi, son refus d'agir et de rappeler la foule ce jour-là et son refus de condamner la violence étaient indéfendables», a déclaré Sarah Matthews.

Le chef d'état-major interarmées, le général Mark Milley, a aussi déclaré à la Commission d'enquête qu'il avait été étonné de ne pas avoir eu d'appel du président, laissant entendre que son inaction équivalait à une abdication de ses fonctions. «Vous êtes le commandant en chef. Vous avez un assaut en cours sur le Capitole des États-Unis d'Amérique et vous ne faites rien ! Pas d'appel ! Rien ! Zéro !», a-t-il déclaré dans une déposition inédite par vidéo. Le comité ne s'est pas non plus privé de diffuser des déclarations des principaux responsables républicains à l'époque des évènements. Mitch McConnell, l'ancien chef de la majorité républicaine au Sénat, qui déclare que «Trump est totalement responsable» de l'émeute, ou Kevin McCarthy, le chef de la minorité républicaine à la Chambre, qui appelle paniqué le président pour lui demander de l'aide, et auquel Trump répond que les manifestants ont sans doute bien raison, avant que les deux hommes n'échangent des invectives.

Des images ont aussi montré le sénateur républicain du Missouri Josh Hawley offrir, le poing brandi symboliquement, son soutien aux émeutiers, avant de déguerpir à toute vitesse dans les couloirs du Capitole quelques heures plus tard.

Ont aussi été diffusés des enregistrements des appels radios des gardes du corps de Mike Pence, préoccupés par la sécurité du vice-président, mais aussi pour leurs propres vies, rappelant le danger auquel il a échappé de peu. «Nous devons partir maintenant. Si nous perdons encore du temps, nous risquons de ne plus pouvoir !», a dit l'agent à la radio, alors que les émeutiers avaient atteint un corridor voisin.

Le Secret Service est par ailleurs mis en cause depuis quelques jours pour avoir effacé tous les messages échangés pendant la journée du 6 janvier sous un fumeux prétexte informatique.

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