Erdogan menace de nouveau de bloquer l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN
Par AlAhed avec agences
Le président turc a de nouveau menacé de bloquer l'adhésion des deux pays nordiques à l'OTAN, exigeant d'eux de «prendre leur part» dans la lutte contre les mouvements kurdes jugés terroristes par Ankara.
S'adressant à la presse en clôture du sommet de l'Alliance atlantique, à Madrid, ce 30 juin, le chef d'Etat turc Recep Tayyip Erdogan a sommé la Suède et la Finlande de «prendre leur part» dans la lutte contre le terrorisme sous peine d'enterrer le mémorandum signé deux jours plus tôt. Celui-ci prévoit que la Turquie lève son veto à l'adhésion des deux pays nordiques à l'OTAN, en échange de leur coopération concernant les membres de mouvements kurdes classés comme terroristes par Ankara.
Depuis mi-mai, Ankara bloque le processus d'élargissement aux deux pays en les accusant de protéger des combattants kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de protection du peuple (YPG). Mais le soir du 28 juin, les gouvernements turcs, suédois et finlandais ont signé un mémorandum d'accord ouvrant l'accès des deux nations nordiques à l'Alliance atlantique. Le 30 juin, le président turc s'est exprimé pour la première fois depuis cette signature surprise. Et il a posé ses conditions. «S'ils remplissent leur devoir, nous soumettrons [le mémorandum] au parlement» en vue de son adoption. «S'ils ne le font pas, il est hors de question pour nous de l'envoyer au parlement», a-t-il prévenu. Recep Tayyip Erdogan a évoqué une «promesse faite par la Suède» concernant l'extradition de «73 terroristes». «Ils les renverront, ils l'ont promis. Cela figure dans des documents écrits. Ils tiendront leur promesse», a-t-il ajouté sans plus de détail.
La Suède souligne l'indépendance de sa justice
Stockholm a réagi le soir du 30 juin en rappelant que ses décisions en matière d'extradition étaient soumises à une justice «indépendante». «En Suède, la loi suédoise s'applique avec des tribunaux indépendants», a affirmé le ministre de la Justice Morgan Johansson dans une déclaration écrite transmise à l'AFP. «Des personnes non-suédoises peuvent être extradées à la demande d'autres pays, mais seulement si c'est compatible avec la loi suédoise et la Convention européenne sur les extraditions», a-t-il insisté.
Recep Tayyip Erdogan n'a pas donné de précisions sur les 73 personnes visées, mais Ankara réclame depuis plusieurs années l'extradition de militants kurdes ou proches du mouvement guléniste exilés en Suède. Le chef de l'Etat turc a également appelé la Finlande et la Suède à «compléter leurs lois» concernant la présence sur leur sol de membres du PKK et des YPG, qui opèrent aux frontières de la Turquie dans le nord de l'Irak et de la Syrie. «Ce qui importe, c'est que les promesses données à la Turquie soient tenues», a-t-il insisté.