Éthiopie: Les enquêteurs de l’ONU autorisés à se rendre à Addis-Abeba
Par AFP
Les enquêteurs de l'ONU sur les violations des droits de l'homme en Éthiopie ont indiqué jeudi 30 juin avoir reçu le feu vert du gouvernement pour se rendre à Addis-Abeba et espèrent obtenir un accès plus large au pays.
Cette nouvelle commission internationale d'experts sur l'Éthiopie a été mise en place le 17 décembre par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU pour une période d'un an, renouvelable si nécessaire. Sa présidente, l'avocate kényane Kaari Betty Murungi, a présenté jeudi un premier compte rendu technique de la mise en place de la mission, mais a d'ores et déjà indiqué que la commission «est alarmée» par le fait que les violations des droits de l'homme, du droit international humanitaire et des droits des réfugiés «semblent être perpétrées en toute impunité, même aujourd'hui, par diverses parties au conflit en Éthiopie».
Des atrocités commises à l'encontre des civils
«La Commission insiste sur la responsabilité du gouvernement éthiopien de mettre fin à ces violations sur son territoire et de traduire les responsables en justice», a-t-elle indiqué, devant le Conseil des droits de l'homme. «Nous sommes extrêmement alarmés par les atrocités qui continuent d'être commises à l'encontre des civils, notamment les événements signalés dans la région d'Oromia. Toute violence à l'encontre des civils, alimentée par des discours de haine et d'incitation à la violence ethnique et sexiste, est un indicateur d'alerte précoce et un prélude à de nouveaux crimes atroces», a-t-elle averti.
Depuis son déclenchement en novembre 2020, le conflit au Tigré (nord de l'Éthiopie) et qui s'est ensuite propagé aux régions voisines de l'Amhara et de l'Afar, a été marqué par de nombreuses exactions dans chaque camp. Les combats ont cessé depuis mars, à la faveur d'une trêve «humanitaire» décidée fin mars par Addis-Abeba et acceptée par le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF). En novembre dernier, un rapport rédigé conjointement par les services de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Michelle Bachelet, et la Commission éthiopienne des droits de l'homme a cumulé les preuves de possibles crimes de guerre et de crimes contre l'humanité dans ce conflit.
La commission de l'ONU a pu rencontrer en mai le ministre éthiopien de la Justice et des hauts fonctionnaires du gouvernement à Genève, a indiqué Mme Kaari Betty Murungi. «Le gouvernement éthiopien a répondu positivement à notre demande de visite d'Addis-Abeba, afin de poursuivre le dialogue de mai ''en vue de convenir des modalités de coopération avec la commission''», a-t-elle indiqué, en disant espérer que ces consultations permettront aux enquêteurs d'accéder aux lieux où se sont produites les violations des droits de l'homme ainsi qu'aux survivants, aux victimes et aux témoins.