Royaume-Uni : Boris Johnson sauve son poste en remportant un vote de défiance
Par AlAhed avec sites web
Au lendemain de son jubilé, celle qui a déjà connu quatorze premiers ministres aurait pu s'en voir offrir un quinzième. Mais la reine Elizabeth II continuera à recevoir Boris Johnson toutes les semaines, du moins pour le moment. BoJo a survécu lundi soir à un vote de défiance déclenché au sein de son parti. Après des mois d'escarmouches et d'atermoiements, les députés conservateurs avaient finalement actionné l'arme nucléaire pour faire tomber un leader empêtré depuis des mois dans le «Partygate».
Il fallait 180 «rebelles», soit plus de la moitié des 359 parlementaires tories, pour faire tomber Johnson. Ce dernier a réussi à sauver sa peau, avec 211 votes en sa faveur et 148 contre. Il a jugé le résultat «convaincant et décisif», permettant à son gouvernement de «passer à autre chose et se concentrer sur les choses qui comptent vraiment».
Le vote avait été déclenché lundi matin, quand le président du comité 1922 du Parti conservateur, Graham Brady, avait annoncé que le seuil fatidique des 54 lettres de députés - soit 15% du groupe parlementaire - demandant le départ du dirigeant avait été atteint. Boris Johnson en avait été personnellement informé dimanche après-midi, juste avant la grande parade finale du Jubilé.
Toute la journée, le clan Johnson avait battu le rappel des troupes. Et les annonces de membres du gouvernement le soutenant s'étaient succédé, y compris de la part de ministres à qui l'on prêtait encore récemment l'ambition de le remplacer, comme le Chancelier de l'Échiquier Rishi Sunak ou la patronne du Foreign Office Liz Truss.
Dans le même temps, les «rebelles» avaient donné de la voix et des personnalités importantes comme l'ancien ministre des Affaires étrangères Jeremy Hunt - possible prétendant à la succession - avaient annoncé leur intention de voter contre le premier ministre. Le «tsar anti-corruption» de Johnson, John Penrose, avait de son côté démissionné et dit son intention de voter la défiance, estimant que le premier ministre avait violé le sacro-saint «Code ministériel».
Une cote d'impopularité
Selon le Times, un «memo» a circulé parmi les députés conservateurs durant la pause du Jubilé, qualifiant Johnson de «Corbyn conservateur», une allusion au leader travailliste qui avait été un boulet électoral pour son camp. Il liste treize raisons de se débarrasser de BoJo, pointant sa cote d'impopularité rendant impossible toute victoire aux élections de 2024 et rappelant que le premier ministre a été hué à l'entrée de la messe du Jubilé à la cathédrale St Paul. Selon un dernier sondage YouGov, 40% des conservateurs voudraient que Johnson soit destitué.
Pour inverser la tendance, le premier ministre s'est exprimé devant sa majorité dans l'après-midi, lui promettant notamment des baisses d'impôts et un nouveau plan pour la croissance. Dans une lettre adressée à tous ses députés, il a cherché à les rallier en faisant valoir que ce vote offrait «une occasion en or de laisser (le scandale) derrière nous». «Si nous pouvons nous montrer unis dans les jours à venir, alors nous pourrons gagner de nouveau et regagner la confiance des 14 millions d'électeurs qui ont voté pour nous» a-t-il écrit, mettant en avant son aura de «machine à gagner» les scrutins.