Tunisie: le président Saïed officialise la date du 25 juillet pour son référendum
Par AlAhed avec AFP
Le président tunisien Kaïs Saïed a officialisé la date du 25 juillet pour la tenue d'un référendum sur une constitution amendée, censée marquer l'avènement d'une «nouvelle République», malgré les critiques dénonçant un processus bâclé, susceptible d'instaurer une autocratie.
La date du 25 juillet 2022, que Kaïs Saïed avait unilatéralement fixée en décembre, a été officialisée dans un décret présidentiel «portant convocation des électeurs pour un référendum sur un projet de nouvelle Constitution de la République tunisienne», publié mercredi 25 mai dans le Journal officiel.
Après des mois de blocage politique, le président tunisien, élu démocratiquement fin 2019, s'est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021 en limogeant le Premier ministre et en suspendant le Parlement dominé par le parti d'inspiration islamiste Ennahda, sa bête noire, avant de le dissoudre fin mars.
«Dialogue national» excluant les partis
Dans une feuille de route censée sortir le pays de la crise politique, dévoilée en décembre, Kaïs Saïed avait annoncé un référendum sur des amendements constitutionnels le 25 juillet 2022, avant des législatives le 17 décembre.
Une consultation populaire en ligne organisée entre janvier et mars, et très largement boudée, a plébiscité l'instauration d'un régime présidentiel que Kaïs Saïed appelle de ses vœux, à la place du système hybride actuel, source de conflits récurrents entre les branches exécutive et législative.
Le président a nommé vendredi un juriste proche de lui, Sadok Belaïd, à la tête d'une commission chargée d'élaborer la nouvelle constitution à travers un «dialogue national», dont les partis politiques ont été exclus.
Conviée à ce dialogue, la puissante centrale syndicale tunisienne UGTT, acteur incontournable de la scène politique tunisienne, refuse d'y participer.
Pour l'UGTT, le dialogue dans le format proposé par Kaïs Saïed vise à «cautionner des conclusions décidées unilatéralement à l'avance et [à] les faire passer par la force comme des faits accomplis».
Dans la même édition du Journal officiel, Kaïs Saïed a publié un second décret stipulant que le texte de la nouvelle constitution qu'il préconise serait publié «au plus tard le 30 juin», avant d'être soumis à référendum.
Par ces décisions, il fait fi des critiques de ses opposants qui l'accusent de chercher à rétablir une autocratie dans le pays qui fut en 2011 le berceau du «Printemps arabe» en renversant la dictature de Zine El Abidine Ben Ali.