Sri Lanka : le chef de la Défense exclut tout coup d’État militaire
Par AFP
Le plus haut responsable de la Défense du Sri Lanka a exclu mercredi 11 mai un coup d'État militaire, malgré l'impasse politique dans laquelle se trouve le pays et le déploiement de milliers de soldats pour maintenir l'ordre après deux jours d'affrontements meurtriers.
Un couvre-feu est en vigueur dans tout le pays et les troupes patrouillent les rues avec pour instruction de tirer à vue sur toute personne attaquant des biens ou commettant des actes de violence. Des véhicules blindés transportant des soldats circulent dans les rues de la capitale Colombo et ont fait naître des craintes de coup d'État imminent, partagées sur les réseaux sociaux.
«Lorsqu'il y a une situation dangereuse dans le pays, les pouvoirs sont donnés aux militaires pour la régler», a déclaré à la presse mercredi Kamal Gunaratne, le secrétaire du ministère de la Défense du Sri Lanka. «Ne pensez jamais que nous essayons de prendre le pouvoir. Les militaires n'ont pas de telles intentions», a-t-il affirmé. Le président Gotabaya Rajapaksa, resté en fonction, jouit de pouvoirs étendus et du commandement des forces de sécurité. «La violence est provoquée (par les autorités) afin d'établir un régime militaire», avait dénoncé un peu plus tôt le chef de l'opposition Sajith Premadasa sur Twitter, et réclamé que «l'État de droit» soit «maintenu par la constitution et non par les ARMES».
Démission de l'ex-premier ministre
Kamal Gunaratne, l'un des principaux commandants vainqueurs en 2009 des rebelles séparatistes, les Tigres tamouls, a expliqué avoir demandé aux militaires de venir en renfort de la police en raison de la «dangerosité de la situation». La population de l'île est excédée par des mois de graves pénuries de nourriture, de carburant, de médicaments et de coupures d'électricité. Des manifestations pacifiques réclament depuis des semaines la démission du président Gotabaya Rajapaksa.
Lundi, des partisans du gouvernement, acheminés de province dans la capitale Colombo et galvanisés par son frère, le premier ministre démissionnaire Mahinda Rajapaksa, ont mis le feu aux poudres en attaquant les manifestants. Kamal Gunaratne a précisé que l'ex-premier ministre, exfiltré mardi par l'armée de sa résidence officielle assiégée, avait été emmené sur une base navale de Trincomalee (nord-est), où il se trouvait encore mercredi. «Nous assurerons sa sécurité aussi longtemps qu'il le souhaite», a-t-il affirmé. «Mais j'ai bon espoir qu'il pourra quitter la base de Trincomalee dans quelques jours».
Le président Rajapaksa est confiné dans sa résidence officielle étroitement gardée tandis que des milliers de personnes manifestent devant son bureau en bord de mer depuis le 9 avril exigeant sa démission.